Ce que nous avons ignoré.

Fréquentations

Ses pas faisaient grincer chaque latte du plancher, bordel depuis quand il courrait aussi vite ?! Et pourquoi il tenait ce truc pointu dans la main ? Par Sina j'vais y passer !

« Armin ! Armin mon pote, on peut parler non ?!

— Certainement pas Eren ! Qu'est-ce que c'est que toutes ces marques ?! Tu t'es battu avec qui ? Eren Grisha Jäger ! Viens ici et au pas de course !

— Mais je vais bien Armin ! Regardes ! Tentais-je d'expliquer en me déséquilibrant d'un pied pour montrer mes marques qui n'étaient – pour la plupart – que superficielles. Armin je guéris bordel de merde ! »

Putain il allait me tuer ce gosse !

« Hava t'as vu sortir de la salle d'entraînement, t'étais avec Jean c'est ça ? Quand est-ce que vous allez comprendre qu'il y a plus grave que vos concours d'égo les gars ?!

— C'est pas Jean ! Ce type n'arriverait même pas à effleurer ma peau de toute manière... Bref ! Armin poses ça, pour la dernière fois ! »

Puis arriva ce qui devait arriver : je fus bloqué dans un cul de sac, dans le dernier couloir de l'internat.

« Si Mika te voit dans cet état elle va retourner toute la ville, tu le sais ça ?

— Bah ne lui dis rien ! J'suis ton pote non ? Armin... S'teu plaît.

— Mais comment tu as fait ça Ren ? Sérieusement. Je m'inquiète. Tu sais que je peux tout entendre.

— Alors heu, ne sois pas si sur.

— Eren.

— Bordel qu'on me sauve de là... Priai-je les mains jointes vers le ciel. Bon, je me suis entraîné avec le caporal.

— Quoi ?! C'est lui qui t'as fait tout ça ?

— J'vais bien Min ! Arrête de dramatiser.

— Mais il n'a pas le droit de te violenter ! Il a oublié la sanction qui lui pendait au nez il y a quelques mois ? La semaine succédant le procès ?

— C'était un entraînement ! Visant à développer mes capacités de combat, en tant qu'humain. Je t'en pris Min ! Ne me dis pas que j'en ai pas besoin parce que c'est totalement faux. Je suis un humain avant tout, si je parviens à utiliser qu'en extrême nécessité mon titan, ce serait bénéfique pour tout le monde. Moi le premier. Livaï a raison de me provoquer comme ça.

— Livaï ? Tu l'appelles par son prénom toi ? Soupçonnait-il.

— Bah... Ouai ? J'veux dire, c'est son prénom quoi. Le capo' Livaï. Non ? T'emportes pas Armin mais... Le caporal et moi sommes, comment dire... Plus proches que nous devrions l'être. J'veux dire, nous nous tutoyons. Armin ? Armin c'est quoi cette tronche ? »

De toutes les auras que j'ai pu sentir au cours de ma vie, celle d'Armin à cet instant fût la plus terrifiante. Un si petit être comme lui, et beh !

« Eren Grisha Jäger, t'es mort. »

Pourquoi avais-je l'impression qu'une fois dans leur vie, toutes les personnes que j'ai fréquentées m'ont dit ça ?

« Eren, t'as conscience que ce type serait capable de te foutre une rouste pour son bon plaisir ? Je l'ai toujours su sadique, fais gaffe à toi.

— Mais c'est... Ton caporal quand même. Je sais bien que ce n'est pas lui qui va nous prendre dans les bras quand on déprime mais j'te jure, il mérite à être connu !  De plus, il me donne de vrais conseils pour renforcer mon corps. »

En gratifiant notre caporal, je ressentis à nouveau mentalement la force de l'impact de son dernier crochet du droit, Livaï m'avait déboîté deux molaires, encore. Armin désapprouvait ma confession, bien que je ne lui ait aucunement demandé un quelconque avis, je le trouvais gonflé de réagir ainsi pour quelque chose d'aussi personnel.

« Laisses tomber Armin, on s'en fout, je te parlerai plus de rien.

— Eren ne le prends pas comme ça, je dis jus-

— On s'en fout Armin, je m'en fous. »

L'humanité tenait sur les épaules un fardeau bien plus cataclysmique que mes malheureuses liaisons sociales. Armin ne voyait que la rationalité, ce qui paraissait probable, calculable. Tout ce que moi je réprimais pour au contraire, me laisser cet espace de liberté et d'authenticité et ce, pour tout ce qui guidait mon existence.

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