A l'aube de l'Histoire

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La pénombre de la pièce laissait entrevoir la silhouette élancée d'Eren, sa croissance m'impressionnait, il y a quelques mois de ça, sa tête ressemblait à celle des enfants insupportables du quartier sud, de ceux que tu aurais envie de foutre dans une charrette loin des murs et de voir à quel point ils survivraient, possédant comme seule arme leur instinct le plus primaire. Malheureusement, les gosses de la surface ne m'inspiraient aucune confiance, je n'y pouvais rien... Eren se détachait de cette image mentale qui me hantait de ces petits merdeux, ça me rassurait :

« Bon, je suis à toi, craches le morceau tch, pour un peu que ça ait l'air percutant. Oï ! Réveille toi ! »

Le type s'était endormi sur le bord du lit, manquant de tomber comme une poupée de chiffon, qu'il tombe, ça remettrait sans doute bon nombre de ses idées en place.

Dire que c'était ce gars là que j'aidais à devenir meilleur de jour en jour, que les cieux me prennent en pitié pour cette ultime épreuve et que ma retraite me soit donnée avec miséricorde :

« Jäger on s'bouge oh ! Éclaires moi, est-ce que je dois flipper de te voir roupiller partout ? Tu te sens bien ?

— Ce n'est rien... La soirée est longue.Ses yeux révélaient une légère rougeur au niveau de ses iris, les marques de fatigue se cumulaient sur sa peau et malgré cela, il persistait à faire croire à tout le monde qu'il maintenait le cap.

— Eren ? Tu veux voir Hitch ou tu te réveilles ? Tu me fais flipper là. Je ne déconne pas là, ouvres les yeux par tous les cieux.

— C'est seulement... Non c'est que j'ai- Oh punaise j'vais vomir ! Il courut vers ma cuvette et sans attendre, le bruit du dégoût vint à abîmer mes oreilles. Il dégobillait tout son repas.

— Je rêve ! Eren !

— Q-Quoi ? Me répondit-il nauséeux. Je te signale que c'est toi qui m'as demandé de te faire part quand de nouvelles visions m'apparaissaient, j'y peux rien capo... D'ailleurs heu, il me semble avoir découvert la tête d'un nouveau titan... Partiellement...

— Tout cela deviendra subitement intéressant quand t'arrêteras de gerber dans mes chiottes. Jäger t'en mets à côté là !

— Je t'y verrais bien toi à- »

Encore ? Putain j'hallucinais ! Comment pouvait-on se soûler à ce point là ? Il était où le plaisir dans tout ça ? Tous ces bruits immondes qui sortaient de sa gorge, bordel je pouvais le tuer pour ça :

« Tu sais à quoi il ressemblait ? Le titan. »

Dans un mouvement de dégoût je pris délicatement ma serviette qui était posée sur le tabouret à sa gauche, connaissant ce malpropre, il serait capable de s'essuyer le front avec au lieu de nettoyer ce qui était vraiment souillé. De toute manière, ne pouvant rien faire de plus qu'attendre qu'il se vide, je priais pour que ce crétin évacue sans boucher quoique ce soit. Je fis volte-face vers la pièce de vie, zieutant l'étagère des thés pour repérer un remède qui pouvait l'éviter de gerber toute la sainte nuit :

« O-Okay.... Je vais déjà bien mieux Livaï, je vais mieux. Affirma-t-il en souriant peu fier de lui.

— Une minute mon gars, tu crois quoi là ? Tu comptes laisser mes toilettes dans cet état ? Si elles ne sont pas nettoyées dans cinq secondes j'utiliserai tes cheveux pour les récurer. Crois moi que là tu te trouveras charmant. J'menace jamais dans le vide alors bouge toi.

— Mais c'est toi a enlevé la- roh purée tu rigoles zéro ! »

Sous la menace claire et présente, l'espoir de l'humanité se démenait avec acharnement pour rattraper son désastre, au fond j'y trouvais un malin plaisir de le voir autant mal à l'aise quand il faisait des conneries de ce genre. Naturellement, ses étourderies continuaient à faire de lui un mec humain toujours enclin à faire de son mieux. Les premières semaines où nous avions appris à travailler ensemble, ce gosse me rappelait sans cesse l'immaturité constante qui le hantait, jamais il ne prenait de décision congruente.

Ce que nous avons ignoré.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant