Hommages

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 Après avoir passé les batteries de tests d'Hange Zoë, les soldats présents durant l'expédition et ceux qui souhaitaient rendre hommage du fait d'une relation familière ou seulement par signe de respect envers les défunts, furent conviés à la grande salle de référence de la caserne pour les hommages.

Je rentrais dans la salle, le silence régnait en maître mais je ne vis personne pleurer. Les visages exprimaient de la tristesse, du regret, de la miséricorde mais aucun ne se laissait montrer vulnérable au plus naturel.

Je pris place aux côtés de Sasha et Mikasa, en face, le caporal-chef, qui me fit signe de reboutonner le haut de ma chemise. Ce malaise aurait pu s'arrêter là mais il fallut que les astres fassent en sorte que le général Pixis ainsi que Zacharias observent la scène de leurs regards moqueurs.

Entra enfin dans la pièce le major Erwin, celui-ci arborait un costume sombre, tenait entre le creux de la main des lettres de condoléances. Certains trouvaient cela hypocrite que les généraux puissent se permettre de parler au nom des familles, quand pour une poignée des défunts furent utilisés en dépouilles pour alléger le poids de la charrette. Ces corps oubliés sur le champ de bataille restait un acte immoral dans le cœur des survivants. Livaï, de son habituelle expression neutre et las, prit la parole et par son tact et son autorité, expliqua sans pincette les exigences à remplir et les choix inhumains que nous aurons à exécuter pour la survie de chacun :

« Nous étions destinés à être du bétail pour ces monstres, ramasser les corps n'aurait servi à rien à cet instant. Ils sont morts désormais, nous non.

— Eren, tu disais ? » Interrogea Sasha en jetant un coup d'œil dans sa besace. À coup sur elle avait encore fouillé dans les réserves des généraux, cette fois-ci je n'y pourrai rien si elle perd malencontreusement la vie.

Plus j'observais les figures autoritaires devant nous, plus je me disais que camper le poste de major n'avait rien de plaisant. Ce que je compris sans difficulté, c'est qu'on attend de la personne au pouvoir des choix justifiés, audacieux et arrangeant pour chacun. Cette personne devait faire en sorte de répondre à tous, et non pas par plaisir de commander, parce qu'on le lui exigeait. De la basse populace aux plus hautes strates. J'étais à parier que le caporal-chef Livaï et le major Mike Zacharias tenaient en horreur ce principe de responsabilités. Oh, je ne défendais pas totalement l'état major, ni la population, qui celle-ci râlait quotidiennement aux retours de l'armée. Les citoyens se plaignaient de nos défaites tout en crachant sur les impôts élevés qu'ils payaient pour entre autre, nos expéditions.

Notre roi ne vouait aucun intérêt pour nous autres, il n'avait pas la prudence des gens du commun tels que nous. Un jour, une révolte éclatera, personne n'aime être traité aussi crûment, car la misère ne s'est pas traduite par l'unique perte du mur Maria et de ses districts. La misère ne connaissait aucune limite, elle persistait à travers les murs, dans les sous-terrains, partout.

La seconde partie de la réunion débuta, celle ou Erwin rappelait la raison principale de notre poste au sein de ce régiment : trouver l'identité du tian Féminin. Pour le coup, Erwin était de ceux qui ne perdaient pas le nord, il gardait très souvent une suite logique dans ses discours, cela forçait le respect :

« Major Smith ?

— Oui Dorian ?

— Pouvons-nous faire soumettre certaines de nos doléances au roi, bien entendu, vous pourrez avoir un droit de regard avant qu'elles ne soient envoyées. Les soldats sont épuisés de travailler dans de tels conditions.

— Et que voulez-vous changer ? Les caisses de la couronne sont déjà vidées de nos dépenses concernant nos équipements tridimensionnels. Grommela Hange Zoë.

— En tant que citoyens de l'armée, vous tenez ce droit. Toutefois, je ne vous promets pas que la couronne réponde à vos requêtes, ne posez pas tous vos espoirs sur les hautes strates. Ils doivent subvenir aux besoins fondamentaux d'une population brisée, croyez-moi, ce n'est pas une masse à faire.

— On préfère tenter. Qui ne tente rien n'a rien major.

— Je l'entends Dorian. »

...

Notre nouvelle stratégie fût établie : principalement grâce aux récentes observations de mon camarade Armin, qui merci, mettait à profit son intellect pour nous conseiller des tactiques à prendre pour le prochain plan d'attaque. Erwin le remercia pour cela puis vint à changer de sujet, il annonça la liste des responsables convoqués à la capitale royale, contre toute attente, mon nom apparût dans cette fichue liste :

« Eren ? Comment ça Eren ? Réprima le caporal-chef en inspirant pour contenir son énervement.

— La liste est formelle Livaï, nous n'avons pas autorité à contredire cela.

— Pourquoi ils auraient besoin de lui ? Ils ont oublié qu'ils nous l'avaient confié de leur propre chef ? Si on l'amène là-bas, il sera bon qu'à la dissection. Gamin, tu n'iras pas à la capitale, Erwin, il n'a rien à faire là-bas. Le domaine politique n'est pas le sien et crois-moi, il s'encombre de bien assez d'tourments comme ça. Je n'osais répondre aux paroles du caporal-chef, il n'avait pas l'air de vouloir changer de position. Était-ce une forme de protection ? Avec le merdier que j'engendrais depuis mon affectation, cette soudaine preuve d'intérêt pour moi me parût si soudaine, carrément inattendue.

— Le caporal a raison, laissons le jeunot tranquille, il n'a pas sa place à la capitale à défendre des intérêts qui ne sont pas les siens. La couronne lui demandera des choses qu'il ne souhaitera pas faire, car trop avide de pouvoir, elle en oublie ses principales priorités. Ajouta avec discernement le général Dot Pixis. D'un regard en biais, Mikasa et moi nous regardâmes et ne comprîmes pas les propos des généraux. Étaient-ils tous contre la couronne ?

...

Vint la fin de la réunion, je soufflai à l'idée de retourner dans cette cellule poisseuse, franchement mon dos en prend pour son grade et la lumière du soleil ne passe jamais. Je vais mourir de dépression à ce rythme :

« Eren ?

— Oui caporal-chef ? Il posa une main sur mon épaule.

— Quoiqu'il arrive, tu es désormais un soldat du Bataillon d'Exploration. D'accord ?

— Oui, je le sais.

— Je ne te dis pas cela pour que tu me répondes bêtement, je veux que toi aussi quand tu prononces ces mots, tu y crois autant que nous. Les généraux croient en ton implication, ne les déçois pas. Compris ?

— Je- Oui, c'est totalement ingéré, caporal-chef.

— Bien. Sur ce, tu sais où aller. Il relâcha son emprise sur mon épaule, avança de quelques pas avant de se retourner, au fond Eren Jäger, tu mérites à être connu.

— C'est un compliment ?

— J'en sais rien, à toi de voir. Ne perds pas la face et restes concentré sur ce que tu veux défendre, n'oublies jamais. »

Il partit en me gratifiant d'un faible geste de la main.  


* Chapitre réécrit 

Ce que nous avons ignoré.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant