Coûte que coûte

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Le caporal, pour aucune raison apparente, se leva de sa chaise pour se revêtir de son équipement tridimensionnel. Je fronçais les yeux en le questionnant silencieusement, il n'eut comme seule réaction un regard sombre porté vers la porte principale du bâtiment. C'était comme si son instinct s'était éveillé à une sensation, un pressentiment.

« Vous savez caporal...

— Il y a quelque chose de pas net. Il n'y a plus aucun bruit autour de nous.

— Il y en avait déjà pas beaucoup je crois. Il me fit un signe de la main, me faisant comprendre que je devais me taire.

— Il y a un truc qui cloche. Bordel de merde ! On va la finir notre conversation Jäger, même si je dois le faire pendant une apocalypse. T'as ton équipement ? »

Je lui fis les gros yeux en gigotant mes mains dans le vide pour lui montrer que je ne portais rien. C'était évident, ça se voyait ! En attendant, je n'avais toujours pas eu la réponse concernant la raison de notre présence en ce lieu insalubre mais peu importe, je parlais depuis plusieurs minutes avec le caporal et j'eus le sentiment d'accrocher à un sentiment que j'avais ressenti lors de la fête pour le couronnement d'Historia, c'était plaisant mine de rien.

Intrigué par le comportement du caporal, lentement je le suivis vers la sortie. Quand soudain, dans le silence le plus pesant, j'entendis un bruit sourd parvenir à quelques millimètres de mon oreille. Sur le moment, je ne compris pas ce qui était en train de se passer, peut-être que quelqu'un venait de faire tomber une charge très lourde sur une surface dure... ? Ou alors, Hange testait de nouvelles armes ? Quoiqu'il en soit je-

« Eren ? Heey là ! Eren on t'a- »

Je voulus riposter, lui dire que ce n'était pas grave, que tout était sous contrôle.

Ça ne l'était pas.

Un à un, fibre par fibre, mes muscles s'affaiblirent, je tombai sous l''effet de mon propre poids.

Une substance visqueuse coula sur mon front, je voulus la toucher pour en connaître sa provenance mais l'atrophie de mes muscles me l'en empêchait.

« Eren, j'te jure que si tu crèves maintenant, je te fais la peau. Gamin de merde... »

J'eus le temps de seulement cligner des yeux que je sentis mon corps se séparer du sol. Livaï me transporta dans un genre de garde-manger, dans une pièce ressemblant à une arrière cuisine.

Ah...

J'ai compris maintenant...

Le bruit, la sensation visqueuse, l'odeur...

L'on venait de me tirer en plein dans la tête. L'objectif du tireur n'était pas de me tuer, car de toute manière il ne serait pas arrivé à ses fins avec cette méthode primitive. La balle avait pour but de me paralyser, de me mettre hors circuit. Pourquoi ?

Même Reiner et Bertholt ne se seraient pas engagés dans une tactique pareille, ils jugeraient celle-ci comme trop risible, faiblarde et non assumée. Alors qui ? Qui venait de me tirer dessus ? :

« ... Vous là, vous matez quoi ? Vous croyez pas avoir autre chose à branler à cette heure les guignols ? J'suis votre caporal, vous avez plutôt intérêt à m'écouter et dégager d'là.

— Vous fâchez pas patron ! On cherche seulement Eren, Erwin nous a dit de le ramener à lui !Il veut lui parler.

— Erwin vous dîtes hein ? Ne vous foutez pas de moi et allez mentir à un autre pigeon. Dégagez d'là.

— Mais on vous le promet ! Erwin doit voir Eren !

— Et moi plus vos tronches, maintenant dégagez. Je ne le répéterai pas. Eren n'est pas ici de toute manière, vous avez vu le bâtiment non ? Qu'est-ce qu'il irait foutre ici ?

— Sans vous manquer de respect caporal... Vous aussi, qu'est-ce que vous avez à faire dans ce bâtiment à l'abandon ? »

Étant terré dans ce garde-manger miteux, je ne pus que me concentrer sur la voix des interlocuteurs de Livaï. Cela dit, l'un à raison sur un détail, qu'est-ce que Livaï cherchait ici ? Bon sang qu'elle me hantait cette question ! :

« J'vous en pose des questions moi ? Cassez vous. »

... Livaï était sans arrêt sur la défensive, quelque soit la forme de la question, la réponse au sujet restait pareil. Il comptait ne pas avouer ses réelles attentions et dans ce genre de situation, je m'accorderai à dire que c'était le bon choix à faire. Qui étaient ces gens ? Et quand est-ce que j'allais pouvoir rebouger ?!

Sans que je m'y attende, les cloches d'alarme retentirent dans la ville, résonnant au plus fort dans tout Sina.

« C-caporal ! On vous demande d'urgence dans le palais ! C'est Ymir ! Quelqu'un est venu la sortir de sa cellule ! »

... Là, maintenant, tout de suite, en ce moment, c'était présentement la merde.

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Ce que nous avons ignoré.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant