Lathelennil ayant quitté le bain depuis longtemps, c'était à mon tour de me tremper, avec mes enfants, dont la présence me permettait de me détendre. Je savais que le dorśari n'allait pas chercher à me rejoindre tant que je serais avec mes petits. Les gosses, je l'avais remarqué, le bloquait. Je pus donc me laver en paix.
J'aurais pu ensuite m'enfermer à double-tour dans ma cabine – ce que je comptais faire cette nuit – mais ce n'était pas mon style de laisser quelqu'un d'autre piloter tout seul pendant que je me faisais convoyer comme une passagère. Aussi, après avoir couché mes deux enfants épuisés par le stress des derniers évènements, j'allais rejoindre Lathelennil et Rhaenya dans la salle des commandes.
Pour la première fois, je vis le premier sans son armure de sombre seigneur de la guerre. Visiblement à court de vêtements – ou n'en possédant pas beaucoup – il portait seulement la combinaison noire moulante que mettent les ældiens sous leur armure. Je fus étonnée de le découvrir aussi mince : Uriel l'était déjà (surtout après avoir succombé à Mana), mais son jeune frère, encore plus. À côté, avec sa musculature développée de tueur galactique, Ren avait l'air d'un orcanide. Les pieds à six doigts griffus, posés nus sur la console de navigation comme l'aurait fait un adolescent humain, Lathelennil suçotait une nouvelle portion de purée de mangue, ses cheveux bicolores ramassés en queue de cheval à l'arrière du crâne. Pendant un moment, j'hésitai à m'approcher. Les ældiens n'aiment pas qu'on les découvre négligés, dépourvus des regalia qui font d'eux les seigneurs de l'espace.
Je m'assis sur un bout de banquette, sans faire de bruit. Lathelennil se gratta le bout de l'oreille – deux fois, trois fois – puis lança un petit coup d'œil derrière lui. Son regard de basalte poli tomba sur ma silhouette et accrocha le mien, avant de se détourner à nouveau.
— Ton Silivren, là..., commença-t-il de sa voix rauque. Tu dis qu'il s'est réveillé après avoir été syntonisé par les adannath, en ayant perdu et son cair et la mémoire ?
Je secouai la tête.
— Oui. Il ne se souvenait de rien de ce qui s'était passé depuis son réveil sur LVX, la planète où il est mort il y a dix mille ans.
Lathelennil se leva.
— Dix mille ans... il est presque aussi vieux que mes frères et moi ! ricana-t-il.
Je regardai Lathelennil. Il avait l'air jeune, pourtant.
— Comment faites-vous, pour vivre aussi longtemps ?
Lathelennil me fit un sourire condescendant.
— Je ne suis pas vraiment spécialiste de ce genre de choses, il aurait fallu demander à mon frère Uriel, c'est lui qui verse le plus là-dedans... C'est grâce à nos pratiques... Ça nous maintient en forme. (Il ricana, puis fit une longue pause.) Surtout, ça tient éloignée de nous le muil. Le regret. Et Arawn.
Je haussai un sourcil.
— Arawn ? Le roi de Tará ?
Un rire bref – ressemblant à un aboiement – sortit de la bouche de Lathelennil.
— Non, pas lui... C'est lui qui s'était donné ce nom. Je te parle du sældar de la destruction.
— Je croyais que... Arawn ne devait apparaître qu'à la fin du monde. Et pourquoi parles-tu de muil, de regrets ? Qu'est-ce que vous regrettez ? Le fait d'avoir tourné le dos à la lumière, et de vous nourrir de dépravations ?
— C'est cela, acquiesça Lathelennil avec un sombre sourire. De la nourriture. Et ce soir, j'ai bien envie de me nourrir avec les sensations extrêmes que je vais te procurer... et que tu vas me procurer. Est-ce que mon luith commence à faire effet ?
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LA CHAIR ET LE METAL T2 (Ne m'oublie pas)
Science Fiction"Lle naa vanimë. Tu es mienne." Pour lui, je suis sa chose : une captive, une esclave. Qu'il traite mieux que les autres, qui a le droit à certains égards. Qu'il subjugue avec ce pouvoir d'attraction incroyable propre aux ældiens, qui fait perdre la...