Comme tout bon troufion, les aios ne voulurent rien savoir.
— Regardez, dis-je en ældarin en agitant le sceau que m'avait donné Rydathrin. Je suis l'invitée du roi ! Menez-moi à lui, il me reconnaîtra !
Mais les aios – armés de la tête aux pieds, et en armure complète – ne tournèrent même pas leurs visages hiératiques vers moi. Formant deux lignes parallèles, ils nous encadraient étroitement, Roggbrudakh, Śimrod et Arda liés les mains dans le dos comme des criminels. Isolda portait Caëlurín, moi, Nínim et Cerin. Naradryan, qui, bien que petit, faisait quasiment notre taille, trottait devant nous.
— Est-ce que c'est la police ? souffla Nínim dans mon oreille, impressionné.
— Oui, lui répondis-je. C'est la police.
Sur ce, je tentai de nouveau de me justifier.
— Mon mari est l'As sidhe d'Æriban, leur dis-je. Il sera probablement reçu par le roi en personne. Sinon, je connais personnellement le prince Niśven. Un ami du roi, lui aussi !
Śimrod me fit les gros yeux.
— Tais-toi, murmura-t-il rapidement. Il n'y a pas de « roi » sur le Mebd : Edegil est, à la rigueur, un régent. Et on dit « ard-æl », le maître du clan. Quant aux Niśven... mieux vaut ne pas parler d'eux.
Inutile de demander pourquoi. Évidemment, j'avais gaffé.
Soudain, l'un des aios de tête tourna son visage racé d'ældien bien né dans ma direction.
— Vos maîtres ont essayé de blesser Mebd, lâcha-t-il, méprisant.
— Maître ? Je n'ai pas de maître. Un mari et un commandant de bord, oui, mais de maître, non.
— C'est cet ellon, votre mari prétendument As sidhe ?
— Non, lui, c'est mon beau-père.
— Et cette jeune elleth ?
— Ma belle-fille.
— Le hënnedel ?
— Mon fils adoptif.
— Les perædhil ?
— Mes enfants.
— L'adannathel ?
— Leur nourrice.
— L'orcneas ?
Le dernier mot de cet interrogatoire dégressif – du plus prestigieux au moins prestigieux – avait presque été craché, accompagné d'une moue des plus grimaçantes. Les orcanides n'étaient tenus en haute estime par aucun ældien, sauf, peut-être, par les dorśari, qui appréciaient leur brutalité et leur violence naturelles.
— C'est mon garde du corps ! intervint Arda, qui ouvrait la bouche pour la première fois.
— Ces ellith disent vrai, grogna Śimrod, coopératif.
Le sidhe s'arrêta, et il fit signe à sa troupe de faire de même. Sur ce seul geste, tous s'arrêtèrent, et se retournèrent pour nous faire face, d'un seul mouvement.
— Montrez-moi à nouveau ce sceau, m'ordonna le capitaine de l'escouade.
Je fouillai dans la poche de mon shynawil – celui qui était garni du panache de Ren, et que, portant au moment de la catastrophe sur Arkonna, j'avais ensuite réussi à ré-obtenir d'Uriel en récompense pour mes services – pour chercher le glyphe. Mais, au moment où je retournais les poches sans fond de ces fichus manteaux ældiens – de vrais sacs magiques ! – un autre objet en tomba, avec un bruit sourd. Un objet que j'avais oublié : le pilulier de Lathelennil.
VOUS LISEZ
LA CHAIR ET LE METAL T2 (Ne m'oublie pas)
Fiksi Ilmiah"Lle naa vanimë. Tu es mienne." Pour lui, je suis sa chose : une captive, une esclave. Qu'il traite mieux que les autres, qui a le droit à certains égards. Qu'il subjugue avec ce pouvoir d'attraction incroyable propre aux ældiens, qui fait perdre la...