En se réveillant, Isolda sut tout de suite que quelque chose n'allait pas. Elle n'était plus dans les bras de Śimrod. Ce dernier, debout devant elle, faisait face à tout un contingent d'hommes armés. Et elle cligna des yeux, constatant qu'une petite lueur rouge se baladait sur son visage.
— Pas un geste, l'ylfe ! beugla une voix métallique derrière son casque noir et aveugle. Mets tes mains derrière la tête.
Śimrod s'exécuta lentement. Isolda laissa errer ses yeux sur les muscles noirs et saillants de son amant. Elle avait encore le goût de sa peau dans la bouche. Par chance, il portait son bas de combinaison, un genre de caleçon noir et moulant qui dessinait la moindre ligne de son corps athlétique, et Isolda se rendit compte que sa nudité à elle avait été couverte par le shynawil de son compagnon.
— Toi aussi ! lui ordonna l'homme armé avec un geste agressif dans sa direction.
Des soldats républicains. Que faisaient-ils là, sur ce vaisseau de croisière ?
Ils sont là pour les ældiens, comprit immédiatement Isolda. Et les humaines traitresses qui frayent avec eux.
Autrement dit, elle et Rika.
Lorsqu'ils l'entravèrent sans ménagement, elle se retrouva nue. Cela provoqua l'ire de Śimrod, qui fit un geste vers elle, comme pour la protéger.
— Ne bouge pas, on a dit !
— Mais laissez là au moins se couvrir ! rugit Śimrod en retour.
Śimrod ne parlait pas le Commun. Sa protestation ressemblait à une menace, et elle fut interprétée comme telle par ces hommes.
— Du calme, le monstre ! intervint l'un d'eux, lui envoyant une décharge paralysante avec son arme.
Mais cela ne fit que décupler la colère de Śimrod. Il se jeta sur l'homme, le désarma, et aurait sans doute fait pire si un autre n'avait pas verrouillé son tir sur Isolda.
— Si tu continues, je la descends.
Śimrod comprit le geste. Il relâcha sa proie terrorisée et se remit à genoux, les mains derrière la tête.
Isolda le regarda sans rien dire. Cet être si fier, qu'elle seule avait dompté, qui pouvait être si violent mais également se montrer si doux... avec une acuité terrible, la jeune femme réalisa que c'était sans doute la dernière fois qu'elle le voyait ainsi, torse nu, en sous-vêtements.
— Ce monstre défend sa femelle, observa celui qui avait proféré la menace avec une nuance admirative dans la voix.
Oui, il me défend, pensa-t-elle. Et je l'aurais défendu moi aussi.
Si ces hommes savaient... s'ils étaient conscients de ce que Śimrod et elle avaient fait... Isolda n'avait même pas osé le dire à Rika.
— Dire que cette fille s'est fait sauter par cette créature... quelle hérésie ! grogna l'un des hommes en les forçant à se relever. Je lui calerai bien mon canon là où je pense pour lui apprendre, à cette salope déviante...
Isolda n'ouvrit pas la bouche. Elle non plus, ne voulait pas parler avec eux. Et elle avait encore le souvenir, au fond de sa mémoire, de tout ce qu'elle avait subi sans broncher, tout ce qu'elle avait supporté, dans cette vie et l'ancienne. Lorsqu'elle avait été la proie des dorśari, et que tous ces mâles s'étaient succédé sur elle. Elle n'avait rien senti, grâce à leur luith. C'était surtout les morsures qui lui avaient fait mal. Elle l'avait raconté à Śimrod, cette nuit, dans ses bras. Il se souvenait de ce qu'elle avait vécu, dans l'autre vie. Là, elle portait un collier : ils ne pouvaient pas la mordre.
Je voudrais ne me souvenir que de cela. La façon dont Śimrod m'écoute, commente, et les plans que nous faisions – faisons – à deux. Des plans impliquant de l'infiltration, de la dissimulation et, parfois, du meurtre.
Après tout, avec Ardaxe, ils avaient été les premiers membres de l'Aleanseelith.
— C'est le SVGARD qui se chargera d'eux, déclara le chef du contingent qui les avait appréhendés. On va leur remettre ces prisonniers. Le Grand Inquisiteur est là. C'est lui qui statuera sur leur sort.
Isolda échangea un regard avec Śimrod.
L'Inquisiteur. Elle était sûre que c'était lui.
Ælfbeorth.
Si je me trouve devant lui, se résolut la jeune femme, cette fois, je le tuerais.
***
Un chapitre très court aujourd'hui après une semaine sans rien (en fait, je l'ai divisé en plusieurs parties). On arrive vers la fin et la réécrire est délicat : il faut que tout s'emboîte. Je dois avouer que cette fin me pose pas mal de problèmes : elle est dure à écrire, j'ai peur que la tension retombe comme un vieux soufflé, et il y a beaucoup de personnages. Je vais essayer de poster d'autres segments ce soir.
J'ai eu une semaine éreintante pendant laquelle j'ai à peine pu écrire et ça m'a un peu sorti de ma transe créatrice, si on peut dire. J'ai un peu perdu la foi pour ce projet mais je suis décidée à le terminer et je vais bourriner pour le boucler d'ici la fin de la semaine prochaine.
Merci pour votre intérêt !
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LA CHAIR ET LE METAL T2 (Ne m'oublie pas)
Ficção Científica"Lle naa vanimë. Tu es mienne." Pour lui, je suis sa chose : une captive, une esclave. Qu'il traite mieux que les autres, qui a le droit à certains égards. Qu'il subjugue avec ce pouvoir d'attraction incroyable propre aux ældiens, qui fait perdre la...