Nous avions relativement peu de temps pour nous préparer : le banquet était annoncé dans moins d'un cycle. Ren alla m'acheter une robe superbe, à longues manches, en soie et en gaze bleu pastel, avec un shynawil de velours assorti. Il m'offrit également un collier en pierre de lune et une fine chaîne d'argent en mithrine qui se portait sur le front comme un diadème. C'était des vêtements et des bijoux simples, pour les critères ældiens, mais à mes yeux, ils étaient magnifiques. Lorsque je fus habillée, mes enfants me complimentèrent à grand renfort d'exclamations.
— Tu es magnifique, commenta Ren en me voyant. Digne de la galerie de cristal où Edegil recevra les représentants des clans nobles.
— Arrête, souris-je, embarrassée. Par rapport à une ældienne... Et puis regarde, j'ai toujours ce tatouage d'esclave.
Ren passa ses longs doigts sur ma joue.
— Qui t'a fait ça ? demanda-t-il, le ton minéral.
— Uriel Niśven, avouai-je. Quand j'ai été élevée au rang de Grand Intendant. J'avais même un fouet... Et Lathé m'a offert des bijoux de tétons.
Maintenant que j'étais enfin en sécurité, dans les bras de Ren, je réalisai à quel point je m'étais sentie humiliée. Je décidai de ne pas lui parler des autres « présents » que Lathelennil m'avait fait. Je sentais bien que la tension commençait à monter entre les deux : inutile de jeter de l'huile sur le feu.
Je restai un petit moment dans ses bras, serrée contre son torse à écouter son cœur battre, avant de me séparer de lui.
— Et toi ? Qu'est-ce que tu vas porter comme vêtements ?
— Je me suis racheté une nouvelle tunique, me répondit-il en me montrant un vêtement simple de couleur neutre. Normalement, la règle est de porter les couleurs de la Cour où on est reçu. Notre salle de banquet est la salle nommée « Sable », alors c'est la couleur que je dois porter.
Je trouvais cela bien triste. Visiblement, seuls les monarques avaient le loisir de porter leur propre couleur.
— Comment te serais-tu habillé, si on t'avait dit de porter la couleur de ta Cour d'origine ? lui demandai-je par curiosité.
— En lune-argent. C'est la couleur d'Hiver.
— Pourquoi pas en noir ? Ta mère est Niśven.
Ren émit un rire bref.
— Jamais les Niśven n'accepteraient. Ma mère a perdu nom et titre le jour où elle a quitté Dorśa pour suivre Śimrod.
Je hochai la tête, pensive.
— Et Śimrod ?
— Je suppose qu'il porterait du lune-argent aussi. Nous sommes citoyens d'Hiver, tous les deux. Avec Mana et nos petites.
Et donc, Mana est bien votre reine, pensais-je en me rappelant qu'elle était, elle, invitée à représenter son Royaume dans la Galerie de Cristal. Et moi, reine de rien, même pas ældienne, j'y étais conviée aussi, par piston, sur les caprices d'un prince d'Ombre.
C'est injuste, songeai-je. Après tout ce qu'ils ont fait pour ces ældiens...
Même Arda et Eren avaient été mises à l'écart, alors qu'elles étaient autant les filles de leur mère et les petites-filles d'Amarië que leur sœur. Mais Erenwë était devenue filidh, et, en dépit de leur façon cavalière de s'inviter dans les Cours, il était évident que les bardes errants n'étaient jamais conviés à s'asseoir à la table des monarques.
Je regardai Ren, et son père qui venait de revenir. Ses cheveux avaient été démêlés, et il portait une nouvelle tunique, de la même couleur que celle de son fils. Il était resplendissant. Avec lui venait Isolda, qui portait également une robe toute simple couleur sable, ainsi que nos enfants : elle avait été conviée au banquet en tant que nourrice humaine pour les petits.
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LA CHAIR ET LE METAL T2 (Ne m'oublie pas)
Ciencia Ficción"Lle naa vanimë. Tu es mienne." Pour lui, je suis sa chose : une captive, une esclave. Qu'il traite mieux que les autres, qui a le droit à certains égards. Qu'il subjugue avec ce pouvoir d'attraction incroyable propre aux ældiens, qui fait perdre la...