Encore une semaine de passée. Je ne pensais pas y arriver. Tamyan me manque tellement que je ressens son absence dans ma chair même. Les trois premiers jours, je suis restée au lit, ne me levant que pour m'occuper de Cyann, qui était trop content de m'avoir avec lui toute la journée. Son contact, le fait de l'avoir contre mon ventre, de sentir sa petite bouche sur ma poitrine, m'est devenu nécessaire. Il est tout ce qui me reste de Tamyan, dont je renifle la queue de cheveux noirs dix fois par jour. La nuit, je l'étale sur l'oreiller, et je rêve que je suis dans ses bras, avec sa chevelure comme repose-tête et ses ailes si douces comme couverture.
Le plus dur, c'est le manque de sang. De celui de Tamyan. Je ne pensais pas en être accro à ce point-là...
Mon holocom se met à clignoter. J'ai accepté que Haroun m'en laisse un, mais je ne m'en sers jamais. À présent, je vis sa sonnerie stridente comme une terrible agression.
— Je prends la communication, murmuré-je en réponse à la demande de l'IA. Coupe l'image de mon côté, par contre.
La reconstitution holographique du visage de Haroun apparait.
— Faith ? Ça va ? Tu ne viens pas travailler aujourd'hui ? Tu es encore malade ?
— Euh... je me sens encore un peu groggy, réponds-je en ramenant les mèches de mon carré en arrière. Je serai là demain. Ça ne te dérange pas ? Je suis désolée, vraiment... ça te fait beaucoup de boulot.
— Je m'inquiète, Faith. Pour le petit, aussi. Est-ce que tu es sûre que ça va ? Je peux être là dans quinze minutes.
Je jette un regard inquiet à la chambre dévastée, au salon qui n'est pas en meilleur état. Cyann a fait beaucoup de bêtises, mais tout n'est pas imputable à un petit garçon semi-ældien de quelques mois. Il y a aussi le laisser-aller de sa mère, et même, cette espèce de frénésie que j'ai eu il y a deux soirs, lorsque le manque de Tamyan s'est fait trop fort...
Comment l'expliquer à Haroun ?
J'ai commencé par aller couper du bois dehors, puis je suis revenue, et... j'ai débité la table en morceaux, comme ça.
C'est vrai que ça ne peut plus continuer comme ça. Il faut que je revienne travailler. J'emmènerai Cyann, dans son porte-bébé. De toute façon, il dort toute la journée.
— Je serai là demain, Haroun. Tu peux compter sur moi.
*
Le lendemain, au cabinet, Haroun constate, effaré, ma tête de déterrée.
— J'ai une mine si affreuse ? réussis-je à sourire en voyant son expression horrifiée.
— On dirait que tu sors de prison, Faith. Est-ce que tu as mangé, cette semaine ?
Non. Il me manquait le plus important. Son sang à lui.
— Je vais te faire un bilan sanguin, décide-t-il, soudain empressé. Remonte ta manche.
— C'est pas la peine, vraiment...
— Si. Allez.
Je me laisse faire mollement. Je ne tilte pas lorsqu'il enfonce l'aiguille dans ma veine, un peu durement : j'ai connu tellement pire, avec Tamyan. La sensation de ses crocs sur ma gorge, l'intérieur de mes cuisses, me manque tellement... Et cette langue pointue, son ronronnement, et...
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LA CHAIR ET LE METAL T2 (Ne m'oublie pas)
Science Fiction"Lle naa vanimë. Tu es mienne." Pour lui, je suis sa chose : une captive, une esclave. Qu'il traite mieux que les autres, qui a le droit à certains égards. Qu'il subjugue avec ce pouvoir d'attraction incroyable propre aux ældiens, qui fait perdre la...