Chp 18 - Isolda : pour toi je ne peux rien, mais je sauverai tes enfants (2)

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Effectivement, Isolda sut immédiatement qu'elle n'aurait jamais dû avoir vu une telle splendeur. La Cour de Mebd n'était pas un vaisseau, c'était un château de contes de fées, qui volait dans la nuit sidérale. Toutes ces lumières, ces immenses colonnes, ses sculptures... et surtout, les morceaux entiers de nature qu'il contenait. Ici, c'était une gigantesque cascade qui chantait devant une arche d'or filigrané, avant de s'écouler en de longs entrelacs translucides dans de vertes prairies boisées. Là, des arbres immenses, entremêlés de ponts aériens et de portes ouvragées, aux branches desquels pendaient mille lumières. Le pont était une immense travée qui surplombait un nombre conséquent de merveilles, petites courettes, bâtiments qui semblaient avoir été conçus uniquement pour le plaisir des yeux, allées de marbre blanc bordées de fleurs délicates et odorantes... et, dans ce décor de rêve, des ylfes, par centaines, par milliers, dans leurs shynawils chatoyants, qui les regardaient de leurs yeux miroitants, leur longues chevelures éclatantes de couleurs. C'était si beau qu'Isolda en eut mal à la tête, d'autant plus que l'air était saturé de parfums suaves et sucrés, et de petites musiques éthérées qui semblaient venir de partout à la fois.

— Reste près de moi, lui murmura Śimrod en agrippant sa main, comme on le ferait d'un petit enfant.

Isolda la prit sans réfléchir. Sa main, forte et immense, recouvrait complètement la sienne. Elle était si chaude... Lorsque la jeune femme releva la tête vers lui, Śimrod lui rendit son regard. Mais lorsque Ren se tourna vers son père, il la relâcha. Isolda se retrouva suspendue à une simple griffe, qui faisait déjà la taille de son petit doigt.

— Je me souviens quand ils ont chargé ce vaisseau, grogna Ren. Je suis heureux de voir qu'il a tenu tout ce temps.

— Peut-être que d'autres Cours ont survécu aux mâchoires du temps, lui répondit Śimrod.

— Dorśa, c'est sûr, répondit froidement Ren.

— Ne portes pas un jugement trop sévère sur eux. Ils font comme ils peuvent.

Ren garda un silence éloquent. Mais visiblement, il ne voulait pas contredire son père.

Un ylfe vêtu d'une longue robe de soie, fermée par une ceinture en or massif, vint les rejoindre, accompagné de trois guerriers en armure. Il s'entretint en ældarin avec les deux ældiens, puis les invita à le suivre. Isolda leur emboîta le pas, mais Simrod l'arrêta.

— Non, tu n'es pas conviée à rencontrer le roi. Tu dois nous attendre ici, avec Caëlurín. Tiens, dit-il en lui remettant une bague. Montre ça à l'artisan si une marchandise te plaît. N'abuse pas trop quand même... Ah, et n'hésite pas à manger ce que tu veux. Edegil nous invite.

Ren jeta un regard à son père par-dessus son épaule.

— Ce qui ne veut pas dire qu'on peut s'empiffrer à l'œil...

— Bien sûr que si, grogna Śimrod en réponse. Tu le sais autant que moi... On se retrouve tout à l'heure, ici, sur le pont.

Isolda les regarder s'éloigner sur la grande travée, qui rejoignait un ensemble d'arbres et de pavillons plus conséquent que les autres. Cela devait être le palais du roi... Elle descendit un escalier sur le côté et se perdit dans un ensemble de courettes, de petites places agrémentées de fontaines. Il y avait peu d'ylfes et ils ne faisaient pas attention à elle. Soudain, une créature encapuchonnée s'approcha, un plateau doré surmonté d'une montagne de fruits à la main.

— Un rafraichissement, Votre Grâce ? proposa-t-il d'un air obséquieux.

Isolda baissa les yeux sur les fruits. Des pommes d'un rouge violent, des grappes de raisin... Depuis combien de temps n'avait-elle pas vu de fruits aussi beaux ?

LA CHAIR ET LE METAL T2 (Ne m'oublie pas)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant