Chp 8 - Rika : le seigneur des épées (1)

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Un gentil piaillement me réveilla. Entrouvrant les yeux, j'aperçus un joli petit tétrapode, au plumage chatoyant, reflétant plus de couleurs qu'un champ holographique. Émerveillée, je le regardais évoluer devant moi, se rapprochant de plus en plus. Au moment où il allait se poser sur ma tête, une main leste et impitoyable le saisit et le broya.

— Lathelennil ! soufflai-je en m'efforçant de ne pas réveiller mes enfants, pour ne pas qu'ils assistent à cette scène inutilement cruelle.

Le susnommé se débarrassa du volatile agonisant, qu'il jeta au sol, dix mètres plus bas.

— En ældarin, on appelait cette créature une baobhan sith, ou perfie chanteuse : c'est un oiseau qui se nourrit des globes oculaires de créatures vivantes, préférentiellement des faux-singes qu'il charme par ses chants, avant de leur crever les yeux. Sans mon intervention...

— Merci, maugréai-je de mauvaise grâce en me renfonçant dans la couverture de peau.

Le fond de l'air était frais de bon matin, sur Nuniel.

Lathelennil se pencha sur moi, le sourire large.

— J'espère que tu as bien dormi, ma douce.

Je marmonnai une vague réponse. J'avais en effet dormi comme une morte.

Lathelennil se recoucha à mes côtés, reposant son bras sur mon corps, sous la couverture de son shynawil. Il m'attira à lui et cala son menton sur ma tête. Visiblement, nous avions dormi comme ça.

— Pas la peine d'en faire trop, bougonnai-je en sentant ses longs doigts caresser mon ventre.

— Détrompe-toi, ma belle. Les petits ont besoin de sentir l'amour de leurs parents pour bien se développer.

— L'amour de leurs parents... Tu n'es pas leur père !

Je le sentis sourire.

— Oh, je serais probablement le père d'un ou deux, ou d'une moitié d'un ou deux...

Je me retournai.

— Quoi ! Mais tu avais dit...

— Ne t'énerve pas, ma beauté, ma douce poupée humaine, susurra-t-il, mielleux. Rappelle-toi ce que je t'ai dit. Des ondes positives... Si tu t'énerves... Les petits risquent de s'énerver aussi, et de se battre, comme un nid d'araignées qui s'entre-dévore !

Je chassai un frisson, dégoûtée par l'image. Un nid d'araignées dans le ventre... Lathelennil avait le don des images choc.

Il profita de mon indécision – je ne savais vraiment pas comment me comporter, avec lui – pour me caresser la poitrine et se presser contre moi en poussant des soupirs passionnés. La veille, j'avais dû le laisser faire également, alors que je m'étais juré que je ne le laisserais pas me toucher. Dans l'idéal, j'avais prévu de faire les choses de façon mécanique, tous les deux habillés et de préférence assis, ou se tournant le dos : le prestataire insère son outil dans l'orifice adéquat, le récipiendaire – moi – reçoit le colis, et referme la boîte. Fin de l'échange. Mais Lathelennil avait d'autres plans. Il prétendait être incapable de m'inséminer si je ne le « stimulait » pas. J'avais donc été obligée de le laisser me caresser partout, me murmurer mille mots doux à l'oreille, fort peu appropriés, et même, de m'embrasser. Il avait fait durer l'opération, soutenant savoir exactement ce dont les embryons manquaient. Je n'en savais fichtrement rien, et j'étais donc obligé de me fier à lui, sur ce coup-là. Ensuite, une fois son affaire finie, Lathelennil s'était couché à côté de moi. Il avait voulu me prendre dans ses bras. J'avais refusé, bien sûr : mais, une fois de plus victime de ses ruses, je m'étais réveillée contre lui.

LA CHAIR ET LE METAL T2 (Ne m'oublie pas)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant