Círdan aida Lathelennil à réparer son cair. J'assistai, impuissante, aux réparations, me tordant les mains de désespoir pour mon compagnon. Syandel, qui était parti en reconnaissance avec son vaisseau, m'apprit que ni lui ni la guilde du Shynawil Silencieux n'avait pas retrouvé sa trace.
— L'Aonaran va et vient à sa guise, me dit Syandel avec philosophie. S'il est parti, c'est qu'il avait une mission importante à mener.
Je baissai les yeux, mortifiée. Ren était parti le soir de notre discussion sur nos origines. J'étais peut-être allée trop loin.
Il m'a peut-être quittée. Définitivement.
Après tout ce qu'on avait vécu...
Lathelennil, qui avait suivi la conversation en retrait, se rapprocha de moi.
— Tu devrais rentrer à Ymmaril avec moi, statua-t-il, les bras croisés.
— « Rentrer » ? Ce n'est pas chez moi, là-bas, Lathé. Et ça ne le sera jamais !
— Tu ne peux pas rester seule. Où aller ? Dis-le moi. Je te suivrai, t'y escorterai. Je suis à ton service, ne l'oublie pas.
Un prince d'Ombre à mon service... Je devais me sentir flattée, probablement.
Mais Lathé avait raison. Je n'avais nulle part où aller. Ren avait disparu, l'Elbereth aussi. Ma maison, mon foyer. Encore une fois, la situation était un rappel poignant de la précarité de ma situation. En suivant cet ældien et en acceptant de le suivre sur son vaisseau, je m'étais exposée à n'être qu'une errante, une naute sans réel domicile.
— D'accord, murmurai-je à Lathelennil. On retourne là-bas... mais promets-moi qu'on ne fera rien à mes enfants !
Il posa la main sur son cœur, et, à ma grande surprise, posa un genou à terre.
— Tu as ma parole d'honneur. Celle du troisième prince de Dorśa. N'oublie pas non plus que mon frère Uriel te tenait en haute estime. Il n'y a rien que tu craignes de nous, à Ymmaril. Et ceux qui essaieraient de te faire du mal s'exposeraient à ma colère.
Retourner dans cette Cour glaciale, cette nuit éternelle...
Je n'avais pas d'autre choix.
*
Maintenant que j'étais passée du côté des maîtres – les esclaves et autres serviteurs rampaient à mes pieds, littéralement, reconnaissant l'odeur de Lathelennil sur moi – la Cité Noire me semblait d'une beauté envoûtante, exsudant une vénéneuse fascination. Ses immenses tours aux pointes agressives, son ciel de nuit éternel, ces murs de quartz violets et les lueurs féériques qui flottaient dans cette brume bleue. Lathelennil possédait son propre étage dans la tour d'Uriel. Ce dernier, qui se prélassait avec Mana dans quelques palais en-dehors de la Cité Noire, ne me reçut pas. Nous étions donc tous les deux seuls au domaine, avec l'immense cohorte de serviteurs d'Uriel qui m'obéissaient au doigt et à l'œil.
Dès son retour, Lathelennil dut aller présenter ses respects à Fornost-Aran. C'était la coutume, en Dorśa, dès qu'un prince de sang revenait d'expédition. En réalité, cela faisait des années que Lathelennil n'avait plus mis les pieds à Ymmaril officiellement... il avait fait quelques incursions éclair chez son frère – c'était ainsi que nous nous étions rencontrés d'ailleurs -, et son frère aîné venait de l'apprendre.
Lathelennil revint d'humeur assez taciturne. Je ne pus même pas lui parler : un sluagh m'informa que Fornost-Aran l'avait « puni » pour sa longue absence et son déficit de prises de guerre, et qu'il avait besoin de récupérer. Je le laissai partir se reposer sans le harceler, malgré mon impatience de parler de mes plans pour chercher Ren. Puis, n'y tenant plus, j'allais le retrouver dans ses appartements, m'y introduisant au nez et à la barbe des fynasyn et autres sluaghs qui rôdaient dans les couloirs d'un air mauvais.
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LA CHAIR ET LE METAL T2 (Ne m'oublie pas)
Science Fiction"Lle naa vanimë. Tu es mienne." Pour lui, je suis sa chose : une captive, une esclave. Qu'il traite mieux que les autres, qui a le droit à certains égards. Qu'il subjugue avec ce pouvoir d'attraction incroyable propre aux ældiens, qui fait perdre la...