Cour de Lumière, jardins du palais royal, Tyr-as-lynn
Année de la Catastrophe
Les yeux ambrés de la jeune humaine étaient brillants, comme remplis d'une myriade de diamants. Même si je peux comprendre la fascination que ces fragiles et farouches créatures exercent sur mes congénères, je n'ai jamais été attiré par les humaines. Ni par aucune autre femelle, quelle que soit son espèce. De toute façon, si je l'avais été, qu'est-ce que cela aurait changé pour moi, à qui on a retiré les prérogatives de mâle depuis longtemps déjà ?
— Votre aide ? dit-elle de sa voix forte et grave. Vous avez déjà fait tellement de mal. Je n'attends rien de vous, Ardaxe d'Urdaban.
Certes. On me prête de telles intentions... et je dois avouer que je n'ai pas toujours été généreux et juste, en ce qui concerne Simrod. La jalousie peut atteindre le plus pur des cœurs. Et comme le mien ne l'a jamais été...
Cependant, il fallait bien reconnaître que cette esclave était belle. Avec ses immenses yeux couleur miel, mais surtout cette chute de reins à damner un eunuque (ah ah !) et cette croupe ferme que Śimrod devait adorer pétrir pendant l'acte... Connaissant mon ami comme je le connaissais, j'étais sûr qu'il octroyait à ce fabuleux fessier l'attention qu'il méritait. Et puis entre nous, porter une petite estocade à cette péronnelle de Sneaśda était trop tentant pour que je passe mon chemin. Aider sa rivale, celle dont elle avait signé l'arrêt de mort...
Non. Il n'y a pas que ça. Tu le lui dois. Tu le leur dois à tous les deux.
Mon rire joyeux déstabilisa la jeune femme. Elle me regarda, suppliante, mais dans ses yeux, je pus voir la lueur de défiance qui avait fait succomber le terrible maître d'armes de Sneaśda.
— Je comprends que tu ne me fasses pas confiance. Tel que tu me vois, avec ma peau noire, mon crâne rasé et mon visage balafré, je reste un ædhel, ces êtres que tu considères comme tes ennemis. Mais ce n'est pas moi qui vous ai dénoncé à la reine, tu dois me croire.
La jeune femme mordit ses lèvres asséchées par la détention. Je sentis qu'elle hésitait.
— Vous êtes le fondateur et le meneur de l'Aleanseelith. On dit qu'en cas de véritable problème, lorsque tout parait vain et sans issue, c'est à vous qu'il faut s'adresser. Que vous veniez toujours en aide aux démunis et vous targuez d'embrasser les causes les plus désespérées. Que vous entrez et sortez d'Ælda à votre guise, sans l'aval ni même la connaissance de la reine... Mais Śimrod m'a parlé de vous. Il m'a dit que vous étiez son frère juré... et je sais ce que vous avez fait pour nous séparer.
— Tu dis des choses bien dangereuses, la prévins-je. Surtout en tant qu'aslith, et femelle m'ayant expulsé du khangg de mon amant favori !
Je désignai son collier. Même sans y poser mon sigil, je pouvais sentir qu'il était saisi par un puissant dwol. Tenter d'y toucher aurait tué cette fille sur le champ, et moi avec, probablement.
— Je n'ai jamais été aslith, répondit-elle froidement. Ce n'était qu'une couverture, pour accomplir la mission qu'Ælfbeorth m'avait donnée, tuer la reine et détruire les portails, mettre fin au joug que vous faites peser sur nous.
— Mais ta rencontre avec Śimrod à tout changé. Et maintenant, lui aussi veut arrêter. Deux guerriers ennemis ayant décidé de raccrocher les armes...
Elle ne disait plus rien. Cette humaine savait qui Śimrod avait été pour moi. Elle savait mieux que quiconque ce que j'avais perdu à cause d'elle. Oui, il aurait été satisfaisant de la voir exécutée, elle et ses petits. Même la peine de Śimrod aurait été appréciable.
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LA CHAIR ET LE METAL T2 (Ne m'oublie pas)
Science Fiction"Lle naa vanimë. Tu es mienne." Pour lui, je suis sa chose : une captive, une esclave. Qu'il traite mieux que les autres, qui a le droit à certains égards. Qu'il subjugue avec ce pouvoir d'attraction incroyable propre aux ældiens, qui fait perdre la...