En m'éveillant le lendemain matin dans les bras de Lathelennil – entre lesquels j'avais passé, en plus, un très bon moment : il était inutile que je me mente encore – je pris la décision de tout dire à Ren dès que je le reverrai. Je me devais de lui dire la vérité. Surtout qu'un des rejetons de la portée, ou plusieurs, risquaient d'être bicolores, ou de présenter d'évidentes caractéristiques Niśven. Ren était lui aussi – il faut le rappeler – à moitié Niśven, alors un petit aux yeux d'encre liquide et à la robe de nuit pouvait passer. Angraema, par exemple, était née ainsi, à l'image de ses oncles aux cheveux de jais, au visage aigu et au regard d'aigle. Mais un petit bicolore... Il ne fallait pas que je prenne mon compagnon pour un idiot. Lui mentir là-dessus aurait été un manque de respect.
Le lendemain, j'allais avec Lathelennil aider Círdan à réparer l'astronef des troubadours. Pour ma part, c'était surtout pour apprendre : si je savais retaper un vaisseau, j'étais incapable de faire quoi que ce soit avec la technologie ældienne. En voyant Círdan travailler, je me rendis compte que ce serait toujours le cas. Les yeux fermés, ses mains parcourant les organes internes fossilisés du cair sans le toucher, il faisait repousser, par le biais des configurations, des pans entiers de parois en os cristallisé de wyrm. Mais après une journée à opérer de cette manière, lorsque l'étrange lumière fantôme qui baignait cette planète baissa, il nous annonça, couvert de sueur, qu'il ne pouvait rien faire de plus.
— Ce cair est mort, nous dit-il. Il n'y a rien que je puisse faire pour le ramener à la vie : je ne suis pas assez puissant. Edegil le pourrait peut-être... Mais je ne suis pas Edegil.
Lathelennil le regarda d'un air concerné.
— Bon. Quelles options il nous reste ?
— Attendre les éventuels secours de la part du Shynawil Muet... Ou tenter de passer le portail, malgré les obstacles.
— Je suis d'avis de tenter cette option, répliqua Lathelennil avec fougue.
Círdan posa ses beaux yeux couleur de feu sur lui.
— Il faut en parler à Syandel. C'est lui qui prendra la décision.
Lathelennil regarda partir Círdan en maugréant.
— En parler à Syandel... Comme si c'était Anwë en personne ! Je suis prince, moi, et fils d'un Haut-Roi qui a gouverné les 21 Royaumes. C'est à moi qu'on devrait obéir, normalement.
— Les filidhean ne reconnaissent aucune autre autorité que la leur, lui rappelai-je dans un murmure.
Une espèce de vibration traversa le vaisseau. Lathelennil se tourna vers moi.
— Ne parlons pas trop fort..., dit-il en Commun. Chez les clowns, même les cír ont des oreilles.
C'était vrai. À peine avions-nous rejoint Syandel dans la salle des commandes du cair défunt qu'il nous accueillit d'un tonitruant :
— Alors, j'entends que vous voulez tenter le portail submergé ?
Lorsque Lathelennil acquiesça, il ajouta :
— Vous vous doutez bien que c'est un défi que même le grand Anwë lui-même ne voudrait pas relever ?
Lathelennil planta ses yeux noirs dans les siens.
— Anwë, je ne sais pas, mais un prince de Dorśa, oui, mille fois oui.
Syandel le regarda, le sourire jusqu'aux oreilles.
— J'imagine donc que tu as quelque plan, quelque stratégie, prince ?
— J'en ai un, oui, répondit Lathelennil à voix basse, le regardant par en dessous.
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LA CHAIR ET LE METAL T2 (Ne m'oublie pas)
Ficção Científica"Lle naa vanimë. Tu es mienne." Pour lui, je suis sa chose : une captive, une esclave. Qu'il traite mieux que les autres, qui a le droit à certains égards. Qu'il subjugue avec ce pouvoir d'attraction incroyable propre aux ældiens, qui fait perdre la...