Les ébats bruyants de Lathelennil avec son nouveau jouet me tinrent éveillée toute la nuit. La barmaid hurla comme une zubronne qu'on égorge, et d'après ce que j'entendis, elle fut sévèrement repayée pour sa curiosité. Impossible de dire si ses cris et autres râles relevaient du plaisir ou de la douleur. Dans tous les cas, je ne levai pas le petit doigt pour la sortir du piège cruel dans lequel elle s'était sciemment fourrée. Je l'avais déjà avertie. Un proverbe de mes lointains ancêtres, cités par mon père dans ses bons jours, me flotta dans la tête pendant cette longue insomnie : à chaque action, ses conséquences.
Lathelennil resta au lit tard le lendemain. Je n'osai pas aller le réveiller, de peur de tomber sur la fille, morte ou vive. Après avoir déjeuné, servie par l'IA domestique, je me rendis à la plage avec mes enfants. Isolda et Śimrod avaient disparu depuis la veille : mieux valait, à ce sujet là encore, ne pas trop se poser de questions.
Je passai une drôle de journée. Seule. Le soir, de retour à la maison, je tombai sur Lathelennil, qui se baladait torse nu dans l'espace domestique, tous tétons percés et tatouages dehors, une coupe de poison alcoolisé à l'étrange couleur rouge entre ses longs doigts cruels. Il me gratifia d'un sourire suave en me voyant.
— Où est ton mâle ? Il n'était pas là la nuit dernière. Tu as dormi seule, observa-t-il, insidieux.
— Il s'amuse dans la jungle nekomate, murmurai-je.
Lathelennil s'appuya contre l'encadrement de la porte, et il sourit à nouveau. Le charme sirupeux dont il savait adoucir ses traits de prédateur était tout simplement effrayant.
— J'espère qu'on n'a pas fait trop de bruit, la nuit dernière, dit-il en guettant ma réaction comme une mantiflixe à l'affût du moindre gémissement de sa proie.
— Aucun, mentis-je, j'ai dormi comme une souche. Je ne savais même pas que tu étais là.
Son sombre ricanement m'apprit qu'il n'était pas dupe. Il savait que je mentais.
— Avoue que tu n'as pu dormir de la nuit. Et que tu t'es touchée en pensant à moi.
— Mais tu délires ! m'écriai-je. Je ne suis pas attirée par toi, putain. Dans quelle langue faut te le dire ?
— Je ne serais pas attiré par toi si je ne sentais pas que tu ne me voulais pas, répliqua-t-il avec un sourire féroce. Tu m'as dit que je t'intriguais... c'est sûr que tu dois grandement t'emmerder au lit, avec ce Ren. Quel pisse froid ! Mais papa est là, maintenant. Je suis venu te sauver de l'ennui intersidéral dans lequel tu te morfonds avec ce mâle chiant comme une baise sans cris.
— Papa ? grimaçai-je. Par le saint sauveur de la galaxie, Lathelennil... « Papa », mais que c'est cringe ! Où as-tu appris ça ?
Apparemment, ce que je venais de lui dire l'étonnait. J'avais enfin réussi à le troubler !
— Quoi, ça t'excite pas ? demanda-t-il en fronçant les sourcils. Pourtant, dans les holofilms...
Les holofilms. C'est donc ça.
— Je ne sais pas quels films tu regardes, Lathé – quoi que j'en ai ma petite idée – mais tu devrais arrêter. C'est de la merde. Et surtout, c'est du show. Ce ne sont pas des vraies femmes, mais des gynoïdes avec un programme pré-établi, qui jouent la comédie comme des filidhean.
Il fit la grimace, vexé de voir son savoir mis à mal. Lui qui prétendait tout savoir des femmes humaines...
— Non je t'assure, insista-t-il, c'est des vraies : je sais reconnaître une vraie femelle d'une fausse, quand même ! J'ai une grande expérience des humaines, je te rappelle : j'ai couché avec...
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LA CHAIR ET LE METAL T2 (Ne m'oublie pas)
Science Fiction"Lle naa vanimë. Tu es mienne." Pour lui, je suis sa chose : une captive, une esclave. Qu'il traite mieux que les autres, qui a le droit à certains égards. Qu'il subjugue avec ce pouvoir d'attraction incroyable propre aux ældiens, qui fait perdre la...