C'était peut-être un mirage, un coup des Desséchés, de Shemehaz ou de Kurga. Peut-être qu'en acceptant son baiser, j'allais me couvrir de bubons purulents ou me voir pousser des cornes et une langue fourchue. Mais je n'en avais cure. Depuis le moment où j'avais décidé de le suivre, j'avais consenti à la damnation. Non... Dès le premier mot que je lui avais adressé, en fait. Je n'avais vu que son sourire sensuel, à l'époque. Ses belles canines blanches, cette peau comme du bronze poli, cette aura qui me fascinait. Je ne savais même pas ce qu'était un ældien.
Ravi de faire ta connaissance, Rika, avait-il répondu à mes présentations. Tu peux m'appeler Ren.
Je crois que je suis devenu accro juste à ce moment-là. Sans même avoir vu ses yeux, cachés par sa capuche. Sans rien savoir de lui.
Comme maintenant, en fait.
Mais j'ouvris la bouche lorsque sa langue se pressa sur mes lèvres, d'une manière plus impérieuse que celle à laquelle j'étais habituée. Si le dieu de la Mort embrassait aussi bien, s'il embrassait comme Ren, je voulais bien souffrir mille tourments dans la dimension infernale de l'univers.
— C'est ce que j'aurais dû faire tout à l'heure, murmura-t-il en relevant ses yeux verts sur moi. Ne pas laisser un autre mâle s'octroyer ma femelle.
— J'attendais que tu me dises ça, Ren, gémis-je en attrapant sa nuque. Vraiment... tu méritais que je barre avec Lathelennil !
— Je sais.
De nouveau, il écrasa sa bouche sur la mienne.
— Ne me refais jamais ça, Ren, le mis-je en garde. M'abandonner comme un vieux paquet ! C'était vraiment la fois de trop.
Je me détachai de son étreinte et m'assis sur une banquette, sur laquelle il vint me rejoindre.
— J'étais obligé de le faire, dit-il en me regardant, debout dans son uniforme noir, avec ce masque sinistre à bout de bras.
Ce masque qui avait exactement les traits de son visage.
— Obligé de quoi ? De me laisser sur Jupiter avant de l'atomiser, de me laisser me faire torturer chez les plus grands spécialistes de cet art dans la galaxie, ou de me répudier en place publique, sous les yeux de nos enfants et même de ton père, que je venais à peine de rencontrer ?
Ren baissa les paupières.
— Oui... Je te présente mes excuses pour tout ça. Pour Jupiter... C'était une erreur. Je n'ai pas bien su appréhender la situation.
— Ah ça, c'est le moins qu'on puisse dire ! m'écriai-je. C'est même un grave euphémisme. Tu étais complètement dans les choux, Ren. Alors même que je t'expliquais ce qu'il en était. Si seulement tu m'avais écouté, ce jour-là... À deux, on aurait évité bien des déboires ! La mort d'Uriel, pour commencer.
Il releva ses yeux émeraude sur moi.
— Uriel ? Uriel Niśven ?
— Lui-même. C'était le nouvel amant de Mana. Il s'est fait avoir par Shemehaz.
Ren garda le silence.
— On en parlera plus tard, assénai-je. D'abord, je veux entendre tes justifications pour m'avoir répudiée, là-haut, sur le Ráith Mebd. Et ne me sors pas tes excuses habituelles, comme quoi tu dois arpenter ce chemin seul, que tu me mets en danger, que je suis victime du luith et ferais mieux de me trouver un amant humain, et toutes ces fadaises. Tout ça, il fallait y penser avant, au moment où tu as décidé de me faire une portée, avant de m'appeler « reflet de ton cœur » et de me dire que tu ne me quitterais jamais ! Quant au danger, c'est en étant séparée de toi que je le cours. Si tu savais tout ce qui m'est arrivé, encore, parce que tu as décidé de partir en me laissant me démerder sur le champ de bataille !
VOUS LISEZ
LA CHAIR ET LE METAL T2 (Ne m'oublie pas)
Science Fiction"Lle naa vanimë. Tu es mienne." Pour lui, je suis sa chose : une captive, une esclave. Qu'il traite mieux que les autres, qui a le droit à certains égards. Qu'il subjugue avec ce pouvoir d'attraction incroyable propre aux ældiens, qui fait perdre la...