Chp 3 - Tamyan : elle me rend fou (2)

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Étudier les coutumes adannath pour séduire Faël : voilà l'idée brillante de Rizhen. C'est inhabituel, mais Faël est inhabituelle.

— Où vas-tu, ard-æl ? me demande Tymyr en me voyant traverser le jardin.

— Au village adannath, lui réponds-je en tirant la capuche de mon shynawil sur ma tête.

— Je viens avec toi !

— Non. Reste là t'occuper de Cyann.

Je décide de passer par la forêt, pour être moins visible. La maison est isolée, mais il a parfois des humains sur la route. Et le soleil tape fort. Arrivé en haut de la colline, je suis obligé de reprendre la route. Il fait chaud, et je finis par passer l'un des pans de mon shynawil sur mon épaule pour dégager mon dos. Malheureusement, ça me rend visible dans le paysage. Une de ces grosses moissonneuses-batteuses qu'utilisent les fermiers s'arrête à ma hauteur.

— Je vous emmène quelque part, légionnaire ? m'interpelle un gros homme au crâne rasé, un symbole militaire gravé sur son bras.

Un ancien soldat humain...

— Ça ira, réponds-je, avant d'ajouter un « merci » du bout des lèvres.

— J'insiste. Même si on est démobilisé, la légion reste une famille !

Je comprends que refuser son aide attirerait une attention malvenue sur moi. Je suis obligé de monter.

Le type se présente.

— Artus Moreland. J'ai servi dans l'Infanterie Mobile. Et vous ?

— Tamyan Niśven. Première Légion.

Ce n'est même pas un mensonge.

— Oh ! Les Archanges Célestes ?

Je retiens un sifflement agacé. Les adannath ont vraiment appelé l'une de leurs armées ainsi ?

Heureusement, sa question était purement rhétorique. Il en a d'autres en réserve.

— Pourquoi avez-vous été démobilisés ? demande-t-il. Avec ce qu'il se passe en ce moment, j'imagine qu'ils vont rappeler toutes les légions.

« Ce qui se passe en ce moment »... Je suis à deux doigts de lui demander quoi, exactement. Mais mieux vaut ne pas amener la conversation sur ce terrain glissant. J'obtiendrai ces informations plus tard. Pour l'instant, ce qui compte, c'est d'en dire le strict minimum.

— Notre commandant voulait fonder une famille, réponds-je distraitement.

C'était avant ma naissance, bien sûr. Mais j'ai les souvenirs épars de mon incarnation précédente, celle où je n'étais qu'une machine seulement bonne à exécuter les ordres de Mannu et chanter sa gloire dans les quatre coins de l'univers. Et je me souviens de ma première femelle, la toute première fois où je me suis accouplé. On ne pouvait pas revenir en arrière, après ça.

Le village est en vue.

— Je comprends. C'est pareil pour moi ! Je me suis marié à la fin de mon contrat. Vous avez des enfants ?

— Un fils.

— Ah, les fils ! J'en ai six.

Je lui jette un regard oblique, sous ma capuche. Six... ces humains se reproduisent comme des animaux.

Au moment de descendre, l'humain se tourne vers moi.

— Ma ferme se trouve derrière la colline. Venez nous voir à l'occasion, avec votre épouse ! Ma femme sera ravie d'avoir de la visite. Mais ne trainez pas trop dans ces bois, là où je vous ai pris. Il parait qu'il y a des bêtes sauvages dans cette forêt. J'ai moi-même perdu trois vaches, la semaine dernière... On m'avait assuré qu'il n'y avait pas de prédateurs, sur cette planète, mais visiblement, c'est faux. Ces fauves font un véritable carnage. On pense organiser une battue bientôt. Si vous voulez vous joindre à nous, d'ailleurs...

LA CHAIR ET LE METAL T2 (Ne m'oublie pas)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant