Mais mon beau-père – et tout l'équipage, par extension – prenait un malin plaisir à se mêler de notre vie sexuelle, à Ren et moi. Dès le lendemain, alors que nous étions tous réunis à la table de l'Elbereth, Śimrod lança le sujet. En attendant d'aller récupérer son cair, il logeait dans le nôtre. Il se trouvait donc avec nous à table.
— Alors ? demanda-t-il en me regardant avec insistance. Vous vous êtes bien retrouvés ?
Les babillements de Caëlurín, qui jouait avec sa nourriture, furent les seuls à perturber le silence qui était soudain tombé sur la tablée. Elbereth, qui exceptionnellement était venue manger avec nous, accompagnée de Dea, se leva en sifflotant.
— Oui, finit par répondre Ren, à qui j'avais jeté un regard rapide. Nous sommes tous satisfaits de la façon dont ont tourné les choses. Hier soir, après le banquet, j'ai extrait tout le monde des argonath, et...
— Je parlais de toi et ta femelle, précisa Śimrod. Est-ce que vous avez réussi à vous accoupler ?
Je ne m'étais toujours pas habituée à sa manière abrupte et directe de dire les choses. Parfois, il faisait montre d'un peu de subtilité, mais cela restait rare.
Après une petite seconde d'hésitation, Ren s'adressa à son père en khari. Ce dernier répliqua dans la même langue, les sourcils froncés, en me désignant d'un mouvement de tête brutal et impérieux.
La conversation entre les deux s'envenima assez rapidement. Finalement, Ren, excédé, se leva et quitta la tablée.
Je me retrouvai seule avec Isolda, les enfants, et Śimrod.
— Śimrod, demandai-je, pourrais-je te parler seule à seul ?
— Bien sûr, Rika, répondit-il avec largesse, redressant le buste et occupant l'espace d'un air menaçant, qui démentait ses propos.
Je le regardai attentivement. Śimrod, sous ses abords aimables et les efforts évidents qu'il faisait pour arrondir les angles, avait tout du mâle dominant, habitué à s'imposer et à se faire respecter. C'était dans son ADN.
Isolda se leva et emmena les enfants dans leur chambre. Dea et Elbereth n'étant plus là, je me retrouvai seule avec mon beau-père.
— Cela fait longtemps que je souhaitais parler seule avec toi, Śimrod, lui dis-je. Je pense que le moment est venu.
— Moi aussi, répondit-il avec un sourire large, qui dévoilait ses longues canines.
— Tout d'abord, je voudrais te remercier... Pour l'aide que tu apportes au bon fonctionnement de notre couple, à Ren et à moi.
— Mon fils est assez débutant à ces jeux-là, acquiesça-t-il en croisant les bras sur son torse. Je suis même étonné qu'il ait réussi à te faire une portée !
— Nous avons fait à notre rythme. Ren a voulu être sûr de mes sentiments, et moi, de pouvoir lui faire confiance.
Je le vis froncer les sourcils.
— Lui faire confiance ? Parce que tu doutais de son intégrité ?
À mon tour, je croisai les bras sur ma poitrine, étroitement.
— Comme toute humaine normalement constituée, j'avais peur de Ren, au début. J'avais peur qu'il me maltraite, me fasse mal, me dévore, même.
Śimrod éclata d'un rire féroce. Mon cortex reptilien, résidu de millions d'années d'âpre lutte pour la survie au milieu de créatures carnassières et gigantesques, me fit bondir en arrière. Cela ne parut pas attendrir l'ældien en face de moi.
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LA CHAIR ET LE METAL T2 (Ne m'oublie pas)
Ciencia Ficción"Lle naa vanimë. Tu es mienne." Pour lui, je suis sa chose : une captive, une esclave. Qu'il traite mieux que les autres, qui a le droit à certains égards. Qu'il subjugue avec ce pouvoir d'attraction incroyable propre aux ældiens, qui fait perdre la...