Chp 9 - Tamyan : les défis d'un ard-æl (2)

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Plus tard, calée dans mes bras, elle revient à l'attaque.

— Comment as-tu su, pour le couscous ?

— Laisse-moi mes petits secrets.

— Tu en as déjà trop, Tamyan, dit-elle en posant sa main sur mon torse. Je ne savais même pas que tu avais été autre chose que prince...

Je suis du regard le trajet de ses doigts sur ma peau. Elle évite la griffure qu'elle m'a infligée, mais, timidement, se met à caresser mon téton. Je ferme les yeux brièvement, sentant le désir me heurter à nouveau, plus violent qu'une bourrasque.

— Après avoir fait condamner mon père à mort, Fornost-Aran m'a banni de la Cour. J'étais un jeune hënnel, à l'époque, au début de l'adolescence. Normalement, il aurait dû me tuer, car un fils venge toujours son père. Mais ma mère a menacé de se tuer s'il ne me laissait pas la vie sauve. Alors, en contrepartie, il m'a jeté dans les arènes. C'est comme ça que je suis devenu gladiateur... et que j'ai rencontré Rizhen.

Faël reste pensive un moment.

— Rizhen... il était avec toi ?

— Oui. On autorise les hënnil à combattre en équipe, pour pallier le désavantage que leur confère le manque d'expérience et de force.

— C'est affreux... forcer des enfants à combattre dans l'arène !

— J'étais fier de le faire, et Rizhen aussi. Les arènes apportent prestige et gloire. Elles donnent beaucoup d'expérience à un combattant, aussi. C'est grâce à elle que je sais que je peux avoir le dessus sur tous mes cousins, quels qu'ils soient... à condition de les affronter à un contre un.

— Mais quand même... tu n'étais pas désespéré ? Ton père était mort, et ton oncle, après l'avoir tué, te force à risquer ta vie dans des combats cruels...

Je la rapproche contre moi et colle un baiser dans son cou.

— Ah, tu aimes me torturer, hein, Faël ? Ma tigresse des neiges.

— Non, je... je suis sincère, Tamyan. Je ne disais pas ça pour te faire mal.

— Vraiment ?

Elle secoue la tête.

— Tu peux y aller, pourtant, dis-je en enfouissant à nouveau ma tête dans son cou. Tu veux me griffer, hmm ? Te gêne pas.

Faël se laisse embrasser, et m'entoure de ses bras alors que je mordille sa gorge. Quand je sens ses doigts sur la pointe de mes oreilles, je me sens partir.

— C'est ça, grogné-je, pris par le désir. Tire-les-moi.

Elle le fait mollement, sans grande conviction. Je réplique en enfonçant mes canines dans sa gorge. Elle gémit, et les tire plus fort, alors que j'aspire son sang à longues lampées. Il est légèrement épicé, parfumé au ras el hanout, cette épice que m'a donné la mère de Haroun.

Voilà. Avec ça, je peux t'assurer que ton plat aura le vrai goût !

Le plat ancestral du peuple de Faël. Une tradition très ancienne, qui remonte sûrement à Ælba... en tout cas, j'aime la saveur que ça lui donne. Je sens une pointe de cerise du diable et de cannelle, deux épices que j'aime particulièrement, et qui faisaient partie de celles que brûlaient les adannath quand ils nous invoquaient, dans l'ancien temps.

C'est normal que tu viennes me demander ça. Ce n'est que justice qu'on vous rende ce plat. Ma grand-mère, et sa grand-mère avant elle, disait que c'était l'un des vôtres qui l'avait donné à Solomon !

Des gens bien, ces Massazief.

Faël se ramollit déjà dans mes bras. Sa main s'engouffre en bas de mon ventre, et se referme sur la pointe de mon skryll. J'ai déjà eu des humaines avant elle, mais jamais une qui m'empoignait comme ça, comme le ferait une elleth en chaleur, impatiente d'être pénétrée. Ma peau me démange, tant j'ai envie de sentir ses dents dans ma chair.

— Faël... grogné-je alors qu'elle guide mon membre à l'entrée de sa petite fente, ouverte pour moi. Mords-moi.

— Quoi ?

Je m'enfonce en elle. Elle râle, plante ses doigts dans mes épaules.

— Je veux que tu me mordes.

— Mais je n'ai pas de canines assez pointues, Tamyan... parvient-elle à articuler entre deux halètements.

Je prends ses cuisses et les replie sur elle, de façon à la pénétrer plus profondément. Son cri me donne une décharge d'adrénaline.

— On s'en fout, soufflé-je dans son oreille. Essaie.

Faël pose sa petite bouche chaude dans le creux de mon épaule. Rien que la sensation de sa langue sur ma peau me fait éjaculer une première fois. Je sens ses chairs internes se détendre, alors que le luith fait son effet. Elle gémit à peine quand je m'enfonce encore plus loin.

— Allez Faël... plante tes dents. Marque-moi.

Elle essaie, d'abord timidement.

— Plus fort, l'encouragé-je en lui donnant un coup de reins.

Son col est ouvert. Si j'avais mes fièvres, ce serait le bon moment pour la féconder. Mais je ne les ai pas, et ce sera comme ça tant que Cyann sera petit et vulnérable. C'est ainsi, dans notre lignée. Les unions sont exclusives.

Le nombre de femelles qui m'en ont voulu pour ça, sur Ymmaril... Quand, alors que j'étais enchainé sur la table de saillie, elles s'échinaient en vain à me prendre ma graine de vie, l'extraire de mon ventre en me pressant comme un fruit de Lomë. Voilà encore un souvenir que je ne peux pas confier à Faël : la « récompense » réservée aux gladiateurs survivants. Rizhen, avec ses cheveux blonds, avait du succès, mais moi, avec mon sang Niśven, j'en avais encore plus.

Je suis presque entièrement en elle, maintenant. Et ça lui fait mal, bien sûr. Le corps des femelles adannath n'est pas fait pour accommoder un mâle ældien. N'étant pas soumis aux fièvres, je produis moins de luith, et Faël ressent entièrement l'étirement que mon organe inflige à ses chairs, l'emplissage de son petit sac de velours. Et chacun de mes va et vient lascifs lui arrache un cri, alors que les épines à la base de ma verge frottent ses parois sensibles. Chez nos femelles, cela stimule l'ovulation. Chez les humaines, lorsque le mâle n'est pas en rut, c'est une torture.

Je ressens sa douleur, et elle est exquise. Mais ce n'est toujours pas assez. Je n'approche pas de cet état de communion extatique que je devrais ressentir.

— Fais-moi mal, Faël. Mords moi très fort. N'hésite pas.

Je la pilonne une peu plus énergiquement et cette fois... elle plante ses dents dans mon muscle.

L'extase secoue mon centre nerveux. Je vois mille fleurs exploser dans mon cerveau, et cette fois, je l'inonde de luith. Fébrile, Faël agrippe mes reins, mes fesses, me force à la prendre plus fort.

— Oui ma belle, murmuré-je en suçotant son cou. C'est ça.

Je sens que je saigne. Et Faël s'abreuve de mon fluide vital. Goulûment.

La douleur est vicieuse, et la fatigue réelle, mais je suis galvanisé. Faël m'a marqué. Elle m'a revendiqué comme son mâle. Dès demain, en ramenant leur plat aux Massazief, je vais pouvoir parader devant Haroun, et lui montrer cette vilaine morsure à la base de mon cou. Il verra tout de suite que ce sont des dents humaines, et il comprendra. Il réalisera que la lutte est inégale, que Faël est mienne, et que je suis sien. Que toutes les meilleurs cuisines adannathi du monde n'y pourront rien. Faël a mis une première marque sur moi, enfin. La prochaine étape, c'est qu'elle en accepte une permanente de ma part, me donne la sienne, puis qu'elle me prouve et m'avoue ses sentiments.

LA CHAIR ET LE METAL T2 (Ne m'oublie pas)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant