Surpris, Círdan tourna son attention sur l'homme. Vu son accoutrement – une vieille combinaison spatiale fonctionnelle, mais dépassée, parsemée ci et là de fournitures militaires, un gros fusil plasma en bandoulière – il s'agissait d'un naute, qui devait croiser seul. À ses pieds se trouvait un bio-chien, un animal de compagnie cloné adjoint d'un port terminal, que Círdan compara aux eyslyns, aux sluaghs ou aux fynasyn qui servaient de personnel dans les cours ældiennes.
Gamin, songea-t-il en regardant le vieil homme. Alors que je suis certainement – et de loin – plus âgé que lui.
— Doni Montolio, se présenta l'homme en lui tendant sa main. Cap'taine du Berserker.
Hochant la tête, Círdan tendit sa main à son tour.
— Louis Wu, se présenta-t-il. Capitaine de l'Astartès.
Ravie, Angraema fit de même, plaçant sa main à côté de celle de Círdan.
— Angraema Rilynurden, se présenta-t-elle. Je ne sais pas encore bien piloter.
Círdan faillit se cacher le visage dans sa main, mais heureusement, le vieux Montolio était dur d'oreille et n'avait rien entendu. En outre, il n'était même pas certain qu'il identifie ce nom comme étant ældien : quel humain parlait leur langue de nos jours, à part Baran ?
— Bon, laquelle je dois serrer en premier ? s'amusa Montolio en voyant les deux mains tendues devant lui. Celle de la dame, ou la vôtre, Louis ?
Círdan se rappela à temps que, chez les humains, les mâles dominaient et qu'on leur donnait toujours la préséance pour tout. C'était absurde, mais réel.
— La mienne, évidemment, répondit-il. Mon épouse n'est que ma subordonnée.
Círdan fut étonné de la lueur de surprise qui s'alluma dans l'œil d'aigle du vieux naute. Il lui serra tout de même la main, mais l'écrabouilla dans la sienne.
Une démonstration de force entre mâles, comme chez les orcs, comprit Círdan. Je vois.
Il avait lu quelque part que ce genre de rituel était extrêmement important chez les humains, surtout en présence d'une femelle.
— Alors, Louis, l'entreprit Montolio. Qu'est-ce qui fait dire à un jeune naute comme toi que cette république va droit au mur ?
Círdan se trouva fort embarrassé pour répondre. Comment lui expliquer que, étant âgé de plusieurs siècles et ayant vu d'innombrables guerres, et surtout ayant accès par ses rêveries à la mémoire antédiluvienne de son peuple depuis la création, il trouvait un petit air de déjà-vu à la phase civilisationnelle que vivaient les humains en ce moment ? Heureusement, Angraema s'immisça dans la conversation, et cette fois, elle sut ce qu'il fallait dire.
— Nous avons été attaqués par des terroristes de la secte des Desséchés avant de venir ici, en sortant du portail d'Arkonna. Ces attaques sont anormalement nombreuses ces derniers temps : ce n'est pas le signe imminent de la fin du monde, ça ?
Montolio les regarda avec un intérêt renouvelé.
— Vous naviguez par les tunnels de la Trame ? demanda-t-il.
Círdan hocha la tête.
— Oui. Autant que faire se peut.
— C'est risqué, comme mode de navigation, observa le vieux capitaine. Il y a eu beaucoup d'incidents sur le réseau de la luge, ces derniers temps. Avec un vaisseau, peu de nautes s'y frottent, et seulement parmi les plus expérimentés... C'est fort, pour un pilote aussi jeune !
— Nous ne sommes pas si jeunes que ça, se hâta de préciser Círdan. Ceci est un corps provisoire que je me suis acheté pour remplacer l'original, détruit il y a quelques années, justement.
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LA CHAIR ET LE METAL T2 (Ne m'oublie pas)
Ciencia Ficción"Lle naa vanimë. Tu es mienne." Pour lui, je suis sa chose : une captive, une esclave. Qu'il traite mieux que les autres, qui a le droit à certains égards. Qu'il subjugue avec ce pouvoir d'attraction incroyable propre aux ældiens, qui fait perdre la...