Palais d'Edegil, pavillon des invités, Cour de Mebd
Je me réveille dans un lit inconnu. Avec un épouvantable mal de tête. Trop de gwidth... qu'est-ce que j'ai pu boire, la veille, au banquet d'Edegil ! Avec cette pièce interminable, il n'y avait que ça à faire. J'ai toujours détesté le théâtre, la danse. Et les bardes. Parmi eux, plus que tous les autres, ces mauvais acteurs de l'Aleanseelith. Ils n'ont même pas fait semblant de jouer...
Mais ils ont eu le jeune taráni. Ça, au moins... c'est fait. Même si Uriel avait cédé à Mana, on ne pouvait pas le laisser vivre après une telle insulte. J'avais l'intention de le tuer à la fin du banquet, juste avant de repartir... mais je n'en ai pas eu le temps : l'Aonaran m'a devancé.
Remettez ça à Uriel, a dit Syandel, et on en parle plus.
La crinière rouge du prince. C'est tout ce qui reste, après que l'Aonaran se soit déchainé sur lui. Il l'a littéralement dévoré... si j'avais des doutes sur la dangerosité de ce Silivren, je n'en ai plus aucun. Et je vais dire à Lathelennil de garder son skryll très loin de sa femelle. S'il daigne m'écouter... il n'est même pas là.
Je sors du lit, cherche quelque chose pour couvrir ma nudité. Mes cheveux sont détachés, et je suis à poil, comme si j'avais passé la nuit avec une femelle... pourtant, je n'en ai aucun souvenir. J'ouvre un placard, découvre des vêtements propres. Je les enfile, noue mes cheveux et les attache avec un cordon qui trainait là. Puis je sors de cette chambre, cherche Rizhen. Il n'était pas là, hier, au banquet. Probablement avec Elshyn, dans quelque alcôve. La Lune Rouge a commencé, et avec elle, les fièvres de la plupart des mâles. Il faut vite que je retrouve mes chasseurs avant qu'ils ne commettent un carnage sur les innocentes dames de la Cour d'Edegil. Des ældiennes ayant perdu l'habitude des mâles en rut, et qui n'ont aucune idée de ce qui les attend avec mes guerriers.
Pourtant, le palais des invités est silencieux : à peine entends-je le bruissement des oiseaux dans les arbres et l'eau de la fontaine qui coule. Et, par-dessus, le son métallique et lancinant, hypnotique et dense du clairśeach...
Silivren. Impossible de le rater, avec sa courte chevelure argentée un peu fouillis, sa peau de bronze poli. Et ce visage, reconnaissable entre tous : celui qu'on prête au Déchu, l'autre Premier à s'être opposé directement à Mannu : Ar-awn Shemehaz.
Je m'approche de lui. Assis sur le rebord de la fontaine, vêtu d'une simple tunique couleur sable, il grattouille son instrument de ses longues griffes. C'est vrai qu'il joue bien. Mieux que moi, en tout cas. Ce qui n'est sans doute pas difficile.
Il cesse de jouer, et regarde pensivement ses cordes.
— Petit, je voulais être filidh, dit-il de sa voix claire et grave. Avant même de vouloir être sidhe.
— Ne t'arrête pas. Tu joues bien.
Il relève les yeux sur moi. Ses yeux sont verts, déterminés, mais avec un je ne sais quoi de mélancolique au fond.
Ce qui est normal, si c'est vraiment lui, l'Aonaran.
— Tu sais que ça fait des lunes que j'essaie de te rencontrer ? lui dis-je avec un demi-sourire. On s'est manqué de peu à plusieurs reprises. Mon second, Elshyn, mais aussi mon oncle, Asdruvaal, et une prêtresse d'Arawn à Urdaban... tous ne cessaient de me dire qu'il fallait que je rencontre Ar-waën Elaig Silivren.
Il me regarde, l'expression vide, ni pensive ni attentive.
— Alors ? demande-t-il enfin. Qu'as-tu à me dire ?
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LA CHAIR ET LE METAL T2 (Ne m'oublie pas)
Science Fiction"Lle naa vanimë. Tu es mienne." Pour lui, je suis sa chose : une captive, une esclave. Qu'il traite mieux que les autres, qui a le droit à certains égards. Qu'il subjugue avec ce pouvoir d'attraction incroyable propre aux ældiens, qui fait perdre la...