Punition Divine

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7h sonne, les doux rayons du soleil traversent la petite fenêtre de la chambre et viennent caresser la peau pâle du jeune endormi. Il ouvrit délicatement ses yeux bridés et les posa sur sa table basse où son réveil lui intimait l'ordre de se lever. Il laissa échapper un léger grognement avant d'assommer ce dernier pour qu'il se taise. Il se redressa en étirant ses bras, bascula ses jambes en dehors de son lit et fourra ses pieds dans de confortables chaussons. Il laissa échapper un bâillement avant de se mettre debout et de traîner son corps encore léthargique jusqu'à la cuisine.

Il ouvrit les fenêtres, laissant entrer l'air frais du matin dans la petite pièce jaune, récupéra deux bols dans le placard, un paquet de céréales et une boîte en fer. Il déposa le tout sur la table et commença à remplir la machine à café. Le bruit grinçant de l'objet termina de réveiller le jeune homme qui ne put retenir une grimace de frustration. Il finit ses préparatifs en sortant quelques fruits et une bouteille de lait du frigo. Il s'installa face à son bol et commença à peler une orange, avant de tremper un de ces cartières dans le liquide noir et de le porter à ses lèvres. Il croqua un morceau et posa son regard pensif sur la place vide devant lui. Après quelques secondes, il fronça les sourcils, essuya ses mains et sortit de la cuisine.

Il toqua sur la porte d'une des chambres, sans obtenir de réponse. Il entra et posa son regard de plus en plus inquiet sur le lit vide. Pris de panique, il commença à fouiller les lieux, regardant entre les peluches, dans le placard, sous le lit, mais rien. Il fouilla le reste de la demeure sans plus de résultats. Terrifié, il sortit en courant de son appartement et toqua aux portes de ses voisins sans trouver aucune réponse.

Après moult tentatives, il finit par rentrer et se précipita dans sa chambre. Il attrapa une petite boîte dissimulée sous son lit et en sortit un magnifique violon noir, gravé de fleurs argentées. Il posa l'instrument sur son épaule, prit une grande inspiration et commença à jouer. Un souffle glacial commença à se lever autour du jeune homme dont les iris noirs prenaient doucement une teinte bleutée.

Autour de lui, la chambre disparut pour laisser place à ce qui semblait être un souvenir. Il se trouvait désormais dans un entrepôt, entouré d'une centaine d'hommes armés. Derrière lui, un jeune garçon, d'à peine dix ans, aux yeux blancs terrifiés. Une larme perla sur la joue de notre héros lorsqu'il vit la peur dans le regard de son enfant.

Son lui passé se saisit alors de son instrument et se mit à jouer. Les notes douces et mélancoliques du violon se firent de plus en plus graves et fortes. Note après note, les hommes disparaissaient, comme si leur existence était effacée de la réalité et note après note le violoniste se changeait en pierre. Et lorsque la dernière fut jouée, il n'était plus qu'une statue qui se fissurait dangereusement sous le regard triste de l'enfant.

Le jeune homme arrêta de jouer et le souvenir s'estompa. Il tomba à genoux et prit son visage entre ses mains, réalisant ce qu'il lui arrivait. Il pleura de longues minutes, serrant une des peluches contre son cœur.

Lorsque sa peine fut en partie évacuée, il traîna sa carcasse jusqu'à la salle de bain et passa son visage sous l'eau froide. Une fois ses idées remisent en place, il posa ses yeux sur son reflet. Sa peau était pâle, limite grise. Pour autant, il n'était jamais paru aussi en forme. Il caressa sa joue et la fixa dans le miroir avec stupeur, comme s'il manquait quelque chose. Il regarda le reste de son corps et constata qu'il était parfait, sans défaut, sans cicatrice, sans fissure.

Il retourna dans sa chambre, se saisit de son violon et se remit à jouer plus énergiquement, fixant la commode face à lui. Après quelques notes, ses yeux devinrent blancs et son regard sur le monde changea. Ce qui l'entourait n'était plus que des lignes et des notes de musique, comme si le monde s'était changé en partition. La commande était désormais une suite de notes agencées plus ou moins de mélodieusement. Avec son instrument, il commença à jouer des notes inédites de sorte à modifier la partition du réel. La mélodie brouillonne de la commode devint alors une suite harmonieuse. Et lorsqu'il retira l'archer des cordes, le meuble bas de gamme était devenu une magnifique coiffeuse en bois sculpté. Le jeune homme caressa à nouveau sa joue et constata que rien n'avait changé, son corps n'avait subi aucuns sévices malgré son geste.

Un rire nerveux et incontrôlé s'échappa de sa gorge alors que les larmes lui montaient aux yeux. Il recommença son concerto et modifiant toutes les partitions qui se trouvaient devant lui. Ajoutant des notes, en supprimant d'autres, jusqu'à ce que ce monde prenant une tout autre forme. Celle d'une prison, une prison sans fenêtre, ni barreau, juste une grande pièce noire et vide. La véritable partition de ce monde.

Il serra son archer avec force avant de se remettre à jouer. Cette fois-ci, la musique était plus douce, plus harmonieuse, plus personnelle. Les notes créèrent un corps de chair et de sang, le corps d'une femme au regard envoûtant. Il laissa tomber son instrument et serra la demoiselle dans ses bras en pleurant à chaudes larmes. Des larmes qu'il semblait retenir depuis des années. Mais l'entité resta immobile, telle une poupée sans vie, ce qui accentua encore plus la solitude du jeune homme.

Il finit par la lâcher et la regarda dans les yeux avec amour et tristesse. Il embrassa le front de la poupée de chaire, avant de reprendre son violon. Cette fois-ci, il se mit à jouer, juste pour jouer, sans remodeler la réalité ni utiliser ses pouvoirs, se contentant d'exprimer sa peine et ses regrets au travers de son art.

Durant des jours, il resta ainsi à jouer pour cette femme qu'il aimait, sans être touché par la faim ou le sommeil. Se remémorant ses souvenirs passés, ses choix, ses désirs, ses rêves, sa famille, ses amours, sa vie. Finalement, un sourire se dessina sur ses lèvres. Malgré sa jeunesse, il en avait fait des choses et il n'avait pas à rougir de sa vie. Même si côté cœur cela a toujours été une tragédie, il avait réalisé ses rêves et avait su devenir un bon père.

À cette pensée, il s'arrêta de jouer. Son fils, qu'était-il devenu ? Il s'était sacrifié pour le sauver, pour qu'il n'ait plus jamais peur, mais avait-il réussi ? Est-ce que son acte avait été suffisant ?

Face à toutes ces questions, son cœur s'emballa et il posa son regard sur le ciel, un regard triste, mais remplit d'espoir. Comme une complainte silencieuse. Après quelques minutes, son instrument se mit à scintiller. Intrigué, il s'en saisit et commença à jouer les notes qui s'illuminaient devant lui.

Le corps de la femme qu'il aime se transforma alors en un écran sur lequel il pouvait voir son enfant. Ce dernier avait été recueilli par une très bonne amie à lui, qui l'élevait désormais comme son second fils. Il avait l'air heureux. Un sourire tendre naquit sur les lèvres du jeune homme qui s'installa sur le sol froid de la prison. Observant pour l'éternité la vie de son enfant dans ce monde qu'il avait quitté.

Note d'auteur :

Et voilà ! Depuis le temps que je voulais écrire sur ce personnage !

Bon, c'est un peu abstrait et très mystérieux, mais c'est voulu, je compte bien écrire ce qui lui est arrivé pour en arriver là dans un futur texte de concours, le jour ou le thème s'y prêtera.

Donc je laisse libre cours à vos interprétations et théorie et espère que le texte reste compréhensible malgré tout.

Je ne dirais qu'une seule chose, le nom du héros est June. Donc si un jour vous voyez à nouveau ce nom apparaître dans une de mes histoires, sachez que ce sera le même personnage.

Bien ! J'espère que ça vous aura plu et a très vite pour un prochain texte !

Des bisous à tous

Jack

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