Coloris - le renouveau

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Le soleil déclinait sur la cour du château pendant que les derniers invités s'engouffraient dans la grande salle de bal. Vêtus de leurs plus beaux apparats, ils dansaient et festoyaient gaiement. C'était un véritable arc-en-ciel de couleurs, entre les tenues multicolores et la coiffure colorée, on ne savait plus où donner de la tête. Dans le royaume de Coloris la carnation était une part importante de la personnalité du citoyen. Chacun naissait avec les cheveux blancs et en grandissant sa couleur évoluait et avec elle un pouvoir bien spécifique : lévitation, destruction, réparation...

La plus commune était le blond avec son don d'amélioration. C'était également la plus polyvalente : selon les individus elle améliorerait la vitesse, la force ou l'intelligence. Mais dans cette soirée vous ne trouverez point de blondinets, carnation trop banale pour être exposée. La grande majorité des invités étaient coiffés de voiles et autres chapeaux colorés.

Seules les couleurs puissantes telles que le rouge et le rose étaient exposées. Ou celles bien plus rares que tout le monde admirait comme le bleu et le violet. Dans cette soirée, une seule demoiselle attirait toute l'attention, une roturière aux cheveux bleutées qui avait rejoint la cour il y a peu grâce à ses facultés.

C'était sa première réception mondaine et elle n'était pas des plus à l'aise. Elle qui n'avait connu que la misère se retrouvait du jour au lendemain projetée dans la cour royale. Il lui avait suffi d'un exploit pour taper dans l'œil du prince héritier. Une simple materialisation d'épée pour stopper un conflit. Ce qui ne plaisait pas à tout le monde. Notamment à la fiancée du prince qui la dévisageait depuis son arrivée. Un regard méprisant et empli de haine que la demoiselle avait du mal à ignorer tant il était oppressant.

Beaucoup de rumeurs circulaient sur une potentielle liaison entre elle et le prince, au grand d'âme de la jeune femme. Certes il était beau et elle n'était pas insensible à ses charmes, mais elle n'avait pas cédé à la tentation. Elle se refusait d'être la maîtresse du roi. S'il voulait son cœur il devrait rompre ses fiançailles.

Calisia replaça une mèche derrière son oreille et détourna les yeux, intimidée. Son cœur accelera lorsque la fiancée et sa cour s'approchèrent d'elle. Lyndra, c'était son nom, héritière légitime du trône que le prince convoitait. Il n'avait pas d'autre choix que de l'épouser s'il voulait être reconnu par le peuple, du moins c'est ce qu'il prétendait.

Elle était incroyablement belle, ça robe de velours rouge était parsemée de diamants et ses yeux d'un noir profond scrutaient l'âme de la jeune femme. Calisia ne put s'empêcher de jeter un œil à sa coiffure. Un long voile noir et rouge dissimulait une haute coiffe pointue. Elle cacha sa déception, en ville personne ne cachait ses cheveux, mais ici tout n'était que faux-semblants et dissimulation.

Elle déglutit et plongea son regard dans celui de la princesse. Les deux femmes restèrent de longues minutes à se toiser en silence, provoquant différents murmures dans l'assistance. Finalement Lyndra attrapa un verre de vin qu'elle porta à ses lèvres. Après une gorgée, elle en renversa le contenu sur la robe blanche de sa rivale.

- Oups quelle maladresse, ricana-t-elle sous les rires de sa cour.

Calisia resta un instant immobile avant de quitter la salle sous les rires et les moqueries. Lyndra admira ses courtisans s'esclaffer avec fierté, mais son sourire disparut lorsqu'elle croisa le regard réprobateur de son fiancé. Elle serra les dents et détourna les yeux. Elle n'avait pas à rougir, ce n'était pas sa faute si elle était jalouse. Elle prit une grande inspiration et releva la tête avec dignité. Qu'importaient ces rumeurs, très bientôt il serait à elle et cette roturière ne lui ferait plus d'ombre.

Le grand jour était arrivé, toute la noblesse était réunie pour fêter l'événement. Le prince, vêtu de sa plus belle armure, se tenait droit face au trône qu'il convoitait. Dans la foule, Calisia observait le futur souverain avec tristesse. Elle aurait tant aimé être celle qui s'installerait à ses côtés.

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