Je ne veux pas ouvrir les yeux

2 1 0
                                    

Je ne veux pas ouvrir les yeux. Allongée sur le sol humide et poisseux, cachée sous un amas de chair en putréfaction, je joue les morts pour ne pas attirer l'attention. La douce symphonie du matin est remplacée par la cacophonie des canons et des baïonnettes. Je sens la poussière du champ de bataille inonder mes narines et envahit mes poumons. Vais-je survivre jusqu'à la nuit ?

Des voix résonnent autour de moi. Des cris de rage, chantant la mort et le sang, clamant haut et fort leur liberté retrouvée. Je n'arrive plus à garder les yeux fermés, maudite curiosité. Je redresse légèrement la tête et pose mon regard de jade sur le tableau qui se dresse devant moi. Une foule en colère marche sur les corps encore chauds de leur frère et de leur adversaire. Brandissant des sabres et des fusils tels des griffes acérées. Près à éliminer tous ceux qui se trouvaient malencontreusement devant eux. Leur visage tressaille de rage et de mépris. Ce ne sont plus des hommes, ce ne sont même pas des bêtes, juste des démons assoiffés de sang.

À leur tête, une femme, armée et dénudée. Dans un amble mouvement du bras, elle somme ses compagnons de la suivre dans ce combat. De tous, s'est-elle que je perçois le plus distinctement. C'est comme si la fumée n'avait pas d'emprise sur elle, comme si les coupes du canon ne peuvent pas tacher sa peau immaculée, comme si les corps qu'elle piétine n'existe pas, comme si aucune des horreurs qui se jouent devant elle ne peut crisper son beau visage serein. Elle est l'incarnation de l'humanité, totalement déshumanisée.

À ses pieds, un homme, ou plutôt une forme, l'implore et la prie. Comme s'il eut s'agit d'une déesse. Derrière une dizaine d'hommes. L'un d'eux, un noble à la toilette tachée de suie, regard l'horizon avec détermination. Arme en main, je le sens prêt à tirer à la moindre occasion.

Je referme rapidement mes yeux. Mon cœur bat beaucoup trop vite, mes tempes fulminent, j'ai l'impression que mon crâne va se briser. Je remplis mes poumons de cet air toxique et pousse un long et silencieux soupir pour calmer mes palpitations. Lorsque le calme est à nouveau mien, je repose mon regard sur le tableau.

Un ouvrier suit désormais les pas du noble. Sabre en main, il gémelle sur son allié qui semble guère lui prêter attention. Vexé dans son honneur et porté par l'euphorie de rage de ses camarades, il réduisit la taille de son camarade d'une tête. Cet acte barbare m'arracha un cri d'effroi. Mon cœur s'emballe à nouveau et je ferme les yeux de toutes mes forces. Je suis mort, je dois faire le mort. S'ils n'ont aucun remords à tuer les leurs alors qu'adviendra-t-il de moi ?

Un temps infini défile. Le calme ne revient pas. J'ai mal partout. La fumée lacère mes poumons, mon cœur est inarrêtable et mon corps commence à être pris de spasmes incontrôlables. J'ai peur, j'ai tellement peur. Il faut que je m'assure qu'il ne n'est pas vu.

Pris d'un élan de folie, je balaie mes yeux sur la foule qui me fait face. C'est là que nos regards se croisent. Au côté de la leader, un enfant, d'une dizaine d'années, s'époumone en brandissant deux revolvers.

Il m'a vue, il s'approche, il pointe ses armes sur moi. Les larmes perlées sur mes joues noircissent, ma gorge se serre et les mots n'arrivent pas à franchir la barrière de mes lèvres. Je ne peux que supplier du regard cette jeunesse innocente.

Mais je n'ai plus d'espoir. Dans son regard il n'y avait plus rien d'humain. Je ferme les yeux pour la dernière fois et prie. Prie pour mon âme, prie pour celle de cette enfant, prie pour mon pays. Une détonation retentit, une vive douleur transperce mon crâne et puis plus rien. J'ai pris ma place sur le tableau.

Note d'auteur :

Coucou tout le monde,

Merci d'avoir lu se petite texte, j'espère qu'il vous aura plus.

Cette semaine j'ai voulu faire un test. N'étant pas des masse inspiré j'ai décidé de prendre un tableau qui represente la révolution et de le décrire de sorte a raconté une histoire. Je trouvais l'exercice intéressent et amusant.

Vous me direz ce que vous en avez pensé.

Le tableau choisit est « La Liberté guidant le peuple ».

Bref, des bisous à tous.

Jack

un Chapitre une HistoireOù les histoires vivent. Découvrez maintenant