Armando
Début juin
10h
Je me trouve, encore une nouvelle fois, dans la salle de réunion avec les membres de ma famille. Sauf Gabriella qui est encore en route, et Rosalina qui a prévenu à l'avance qu'elle ne serait pas là car elle avait un shooting photo très tôt ce matin.
Mon père est assis derrière son bureau, les doigts entrelacés sur la table, en réfléchissant. Ma mère elle, est assise sur le canapé près de la fenêtre, le regard dans le vide. Et quant à mon frère Raphaël, monsieur pianote tranquillement sur son portable, ne nous prêtant aucune attention.
Et dire que c'est cet abruti le préféré de notre père.
— Excusez-moi pour le retard per favore. Dit Gabriella qui vient de faire son entrée dans la pièce. Je devais aider une amie à faire un truc.
Une amie tu dis.
— Assieds-toi, tu tombes à pic ! L'invite Raphaël en tapotant la place près de lui.
Elle y prit place en le remerciant d'un sourire complice. Et comme tout le monde est là, nous n'attendions qu'une seule chose : que mon père daigne enfin ouvrir sa bouche pour nous annoncer une putain de bonne nouvelle. Au moins la première depuis des jours.
Il prit le temps de nous regarder tour à tour. Comme un putain d'analyste. D'abord moi, puis Raphaël et enfin Gabriella. Et mon père a ce don-là de faire durer le suspense. C'est justement ce qui m'énerve le plus chez lui.
— Le problème a été géré. Annonçe-t-il d'un ton neutre.
— Daniello n'a pas parlé ? Demande Gabriella.
— Non.
— Et comment t'es-tu débrouillé pour régler cette affaire ? Questionne-je.
— Eh bien. . . Mon bras droit a fait appel à l'avocat de la famille, Matías, et il s'est occupé de tout.
— Tu m'étonneras toujours. . . Dit Raph sans détourner ses yeux de son portable.
— Tu ne veux vraiment pas nous donner plus de détails ?
— À quoi vous serviront ces détails ? À rien. Sur ce, la réunion est terminée.
Il se lève de sa chaise et sort de la pièce comme un fantôme. Sans nous regarder, sans une quelconque explication. Sans rien.
Si ce n'était que pour nous dire que le problème avait été réglé, il aurait pu nous téléphoner et nous l'annoncer. Convoquer cette réunion était plus une perte de temps qu'autre chose. Une vraie perte de temps. Au lieu de nous déplacer et de faire en sorte qu'on se tape des heures de route pour venir dans sa propriété. Tout ça pour rien. Pour qu'on ait même pas une toute petite explication. Non mais quelle perte de temps sérieux !
Ma mère sort elle aussi de la pièce. Ainsi que Raphaël toujours collé à son portable.
Et je me demandais bien pourquoi il avait toujours son portable entre ses mains. Ce qu'il pouvait bien manigancer et avec qui il pouvait bien parler. Parce que ce petit manège durait déjà depuis un certain bout de temps. Louche et suspect, c'est ce qu'il est devenu. Et tout ça je le saurais à un moment ou à un autre. Je saurais ce qu'il fiche et ce qui lui prend autant son temps.
Avant que Gabriella ne me laisse à son tour seul dans la pièce, j'attrape son poignet pour l'arrêter. Un moment elle plisse les yeux en étant perplexe, mais au fur et à mesure elle reprenait son calme.
— On doit parler.
— De quoi ?
— De la petite insolente qui te sert de colocataire et d'amie.
Elle émit un rire. Se tordant même. Pourtant je ne voyais pas ce qui était drôle dans mes propos. Je ne voyais absolument pas ce qui faisait rire dans le fait que je veuille parler de sa supposée amie.
Et quand elle vit que la situation ne m'amusait pas tant que ça, et que mon visage était sévère, elle arrêta de rire. Car à vrai dire, je n'avais aucune envie de rire ou de montrer mes dents parfaites.
— Oh. . .tu es sérieux ?
— J'ai la tête de quelqu'un qui ne semble pas être sérieux ?
— Oh, désolée. Mais pourquoi veux-tu qu'on parle d'elle ? Et comment sais-tu que c'est ma coloc ?
— Pour répondre à ta première question, c'est parce que je l'ai trouvé chez moi, se faisant passer pour une cuisinière. Et en ce qui concerne ta deuxième question, c'est trop long à expliquer.
— Essaie toujours. Plaisante-t-elle.
— Gabriella stop ! Mais putain qu'est-ce qu'elle foutait chez moi ? Elle prétendait trouver du travail et la seule baraque où elle avait préféré bosser était chez moi ?
Elle lève les mains, l'air non coupable.
— Si tu veux me demander si c'est moi qui lui ais donné ton adresse, laisse-moi te dire que ce n'est pas le cas.
— Je sais que ce n'est pas toi, sinon je t'aurais tué depuis.
— Dit le tueur à gages, oh j'ai peur... Rit-elle.
— L'heure n'est plus à la rigolade Gabriella ! Dis-je sérieux. Tu imagines si elle était montée au 3ième étage ? Et que. . .et que. . .tu imagines les conséquences que cela aurait pu avoir ?
— Je n'y avais pas pensé. . .
— Eh bas tu devrais réfléchir le plus souvent !
— Non mais c'est de ma faute si elle a débarqué chez toi ? Je ne savais même pas qu'elle avait perdu son ancien boulot. Et tu crois vraiment que je l'aurai laissé venir chez toi alors que même le livreur de pizza n'a pas le droit de franchir ton portail ?
— Je dis simplement que tu devrais tenir ton amie à sa place. Et qu'elle n'aille pas fouiner là où ça lui ait interdit.
— Je crois que tu deviens paranoïa Armando.
— J'espère vraiment que c'est ça. Sinon je n'hésiterai pas une seule seconde à la plomber ton amie.
Puis je sors de la pièce. Et ensuite de la demeure. Je me dirige en étant déterminé vers ma moto garée à l'entrée. Je grimpe et enfile mon casque.
Bizarrement aujourd'hui, non seulement j'avais décidé de m'habiller léger, un pantalon cargo noir, un tee-shirt blanc et une veste en cuir noire, mais en plus j'avais choisi de conduire ma moto plutôt qu'une énième voiture de sport. Parce que je voulais sentir le vent dans mes cheveux. Je voulais me sentir libre, sans être compressé par mes proches et tous ces devoirs de famille absurdes.
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DARK SIDE
RomanceElle ? Maltraitée à son adolescence, elle avait été marquée à vie. Aujourd'hui, elle fuyait son passé qui ne cessait de la suivre comme son ombre, pour se reconstruire un avenir loin de sa prison. Elisabeth Nguidjol. Lui ? Tueur à gages au cœur auss...