Chapitre 057

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Mais je chassai rapidement toutes ces images de mon esprit et allai me brosser les dents et prendre une douche. Et des minutes après, me voici vêtue d'une longue robe évasive orange. Je portai des sandales qui étaient placées sous le lit, bien que je ne sache pas à qui cela pouvait bien appartenir, et sortis de la chambre.

Je ne connais pas bien le lieu où nous nous trouvons et vraiment, c'est très pertubant. D'autant plus qu'il y'a des tas et des tas de satanés couloirs qui je sais, me causeront aussi à ma perte. Donc, je longeai celui qui se dressa en face de moi et descendis les marches blanches. J'attaris directement dans un salon dont la couleur dominante est le blanc.

Des canapés aux armoires, tout est blanc. Et tout ce blanc est vraiment troublant parce qu'en bonne camerounaise, j'ai quelques reflexes comme par exemple d'éviter de le salir. Ou de contrôler mes moindres faits et gestes juste pour ne pas qu'on dise que je suis venue salir le blanc d'autrui ici là, hum.

Qu'est-ce que ça m'avait manqué de m'exprimer comme les gens de mon pays !

Je me dirigeai vers la porte noire en coin et la poussai. Directement je tombai nez à nez avec un Armando torse nu, faisant du café pour deux. Et voir cette partie de son corps nue me laissa de longs frissons inquietants. Donc, lorsqu'il me vit, je ne pû me retenir de toucher nerveusement mes doigts. D'abord, pourquoi étais-je ici ? Et pourquoi ne pas me laisser en Italie où je commençais déjà à me plaire ?

-Vient t'asseoir.

Je marchai anxieuse vers lui et m'assis sur un long tabouret autour du planchet.

Le regarder dans les yeux m'étais quasi impossible. Bordel mais c'était la deuxième qu'on dormait ensemble, et la première fois que c'est arrivé, je ne lui avais plus adressé la parole pendant des semaines. Mais aujourd'hui je ne voulais plus de se même scénario, sinon il allait redevenir froid. Et je ne voulais pas voir ce côté froid de lui.

Alors, je jouai nerveusement avec mes doigts pendant qu'il versait le liquide dans deux tasses. Son regard sur moi, je voulais m'envoler. Je pouvais très bien sentir qu'il me dévisageait, pas méchamment, mais étrangement. Et ce petit rictus amusé au coin de ses lèvres ne faisait qu'augmenter mon angoisse.

-Tiens.

Je pris la tasse qu'il me tendit et la bû en évitant son regard. Lui, il prit place sur le tabouret à ma gauche. Moi qui le voulais loin, voilà qu'il ne me facilitait pas la tâche ce type. Mais je continuai de boire mon café en évitant ses yeux noirs, et dans la lenteur la plus possible du monde.

-Tu vas encore recommencer ?

Je déposai ma tasse et lui accordais un regard perdu. Alors que je savais parfaitement à quoi il faisait allusion. Mais au lieu de voir de la glace dans ses yeux, je vis quelque chose comme de la...tendresse ?

Je secouai la tête en « non ».

-La dernière fois tu ne m'as pas parlé pendant deux semaines. Cette fois-ci ça sera pendant quatre j'imagine ?

Il prit une gorgée de son café sans me lâcher du regard. Et son regard ne reflette rien de malsain et j'aimerais bien comprendre pourquoi. Il semblait même être amusé de la situation. Ce qui tripla mon angoisse bordel.

-N-non... Répondis-je d'une voix mal assurée.

-Mhum...

Il déposa sa tasse et croisa ses doigts sur ses cuisses. Me regardant comme s'il cherchait à lire en moi, à me percer à jour. Il ne se gêna pas pour faire glisser ses yeux sur tout mon corps, comme un prédateur qui allait bientôt sauter sur sa proie.

Et j'ai la vive sensation que la proie c'est moi.
Merde.

Si j'avais la possibilité de choisir un pouvoir dans ce monde, je crois que j'aurai choisi celui de l'invisibilité. Juste pour pouvoir disparaître lorsque je me retrouve dans des situations d'inconfort comme celle-ci.

-Tu ne parles pas beaucoup Nguidjol...

Pourquoi mon nom dans sa bouche me faisait frissonner ? Et pourquoi j'avais cette affreuse envie qu'il me tienne par la main ? De sa main si virile et reconfortante ? Je deviens folle. Oui c'est ça, complètement folle. Au moins je parviens à soutenir son regard, comme à ma grande habitude.

-Je...n'ai rien à dire.

-Même pas après ce qui s'est passé hier soir ?

-Non.

-Tu fais souvent...ce genre de cauchemar ?

-Je n'ai pas très envie d'en parler.

-C'est pour cette raison que Gabriella a insisté pour que tu ne restes pas seule ? À cause de tes cauchemars répétés ?

Il pose beaucoup de questions. Beaucoup trop de questions qui ne le concerne pas. Et l'entendre me poser tout un interragatoire comme s'il est un policier, me donne la chaire de poule. Car je ne voulais pas de ces questions. Je ne voulais même pas qu'il soit en face de moi. Je voulais prendre le premier avion et retourner aussitôt en Italie pour continuer à vivre ma petite vie seule avec ma meilleure amie.

-Qui t'as dit que mes cauchemars sont répétés ? Et puis non.

-Je vois... Dans ce cas, prépare-toi.

-Pour ?

-La plage. Tu as oublié ?

-La plage à 10 heures du matin ? Tsaï !

-Et alors ? J'ai un truc à faire. Et plus vite je le ferai, plus vite on pourra s'en aller d'ici.

Il se leva et s'en alla s'en se retourner. Seule sa voix en provenance de l'étage, me disant de me dépêcher, me signala qu'il était temps pour moi de me bouger. Alors, je me levai à mon tour sans finir ma tasse de café, et allai moi aussi à l'étage. Dans ma chambre plus précisément.

-Et n'oublie pas de prendre un bikini ma belle !

Je sursautai en entendant le mot « bikini ».

Moi en bikini ? Sérieusement ? Avec tous mon douloureux passé représenté sur mon corps, je devais porter un bikini ? Non, je n'aurais pas ce courage là. Ce courage là de me promener en caleçon et en soutien gorge, entourée de filles toutes aussi canons les unes que les autres. Que serai-je au milieu d'elle ?

Un mauvais tableau peint de douleur ?

Non. Non. Non.

Une vague d'anxiété envahie tous mes entrailles. Me dire que toutes mes peurs pourraient être mises à nue me terrifiait grace. Et si on se moquait de noi ? Et si on me rejettait ? Moi-même je n'avais pas encore réussis à m'accepter, alors comment les autres pourraient-ils en faire autant de moi ? Et Armando ? Aura-t-il honte de moi ? Me jugera-t-il à cause de mes marques ?

Non je ne le veux pas. Je ne veux pas qu'il me juge. Je ne veux pas qu'il puisse ressentir de la pitié envers moi. Et le simple fait de me dire que je ne voulais pas qu'il me voit ainsi, renforça de plus en plus la sensation étrange qui ne cessait de prendre de l'ampleur de jour en jour dans ma poitrine. Celle-là même qui était censée causer ma perte.

Mais il fallait bien que je me décide. Il faut bien que je me décide. Je ne peux pas continuer à vivre dans le passé, mais c'est si dur de tourner la page.

Recommencer tout à zéro, loin de tout, loin de sa vie d'avant et de ses tourments. C'est si dur...Mais je dois le faire. Je veux le faire. Je peux le faire.

Non ?

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Et si on l'encourageait un peu !?

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