Chapitre 032

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Elisabeth



Un psychopathe, voilà ce qu'il est.
Un putain de psychopathe !

Pourquoi ne veut-il pas me lâcher ? Pourquoi partout où je vais, il faut que je le croise ? Qu'ai-je donc fais au Bon Dieu pour mériter une plaie pareille ? Non la blague !

D'abord, il me vire de chez lui, ensuite il me sauve d'un possible viol et pour couronner le tout, il a osé me toucher il y'a quelques minutes.

Ses mains sur moi m'avaient pétrifié. Je ne voulais pas qu'il me touche. Je ne voulais plus jamais qu'aucun homme ne me touche. Sentir ses lèvres contre ma peau m'avait plus procuré du dégoût qu'autre chose. Et à présent, comme mon ombre, il me suit partout où je vais. Un vrai psychopathe quoi !

Décidée à m'en aller et à le laisser planter là comme je sais si bien le faire, sa voie me fige sur place. Ou plutôt, sa question :

- Et si on allait faire un tour ?

Je me retourne lentement vers lui, en arquant un sourcil.

Avais-je bien entendu ?

Le monstre me proposait d'aller faire un tour après m'avoir humilié il y'a quoi, genre quinze minutes ?

Je laisse ma robe retomber et croise les bras, dans l'attente d'une suite. Suite qui ne vînt pas car, il semblait plutôt attendre une réponse de ma part à moi.

- Tu me proposes. . .une balade ? Demandai-je au bord de la rigolade.

- Oui.

- Où ça ? Sur ton beau cheval blanc ?

- Non, sur mon petit bijou.

Puis il se dirige vers ce que je jauge être une moto ?

UNE MOTO ?

Putain, il ne manquait plus que ça. Non mais, ai-je la tête de quelque qui aime ce genre de truc ? C'est pour mourir plus vite que prévu ? Sûrement pas. Hey, moi j'aime ma vie hein merde.

Il grimpe à bord de sa moto en souriant comme un enfant. C'était bizarre de le voir sourire à vrai dire, à part ces sourires froids qu'il affiche en longueur de temps. Rarement même, car son visage est toujours fermé, comme une tombe.

Il roule à bord de son petit bijou noir et vient se garer devant moi. Je reste là, à regarder la folie qui se joue devant mes yeux. Et s'il pense vraiment que je vais grimper sur cet engin dangereux, il se fourre le doigt dans l'œil. Dans les deux yeux même !

- Monte.

- Jamais.

- Allez monte, ne me fait pas me répéter deux fois. Dépêche. Ordonne-t-il.

En plus monsieur me donne des ordres ?

Non mais je rêve !

- Jamais de la vie, je monte sur ce truc. Dis-je en pointant la moto.

- Kentil et non truc.

- Appel ça comme tu veux, mais je ne changerais pas d'avis.

- Dépêche.

- Mais-

- Je t'ai demandé de te dépêcher. Dit-il sur un ton ferme.

Je n'avais aucune envie de faire une balade avec monsieur le monstre. Et surtout pas après ce qui venait de se passer il y'a quelques minutes.

Il a vraiment donné un surnom à sa moto ?

Mais d'un autre côté, j'osais me dire qu'il regrettait peut-être son geste et qu'il voulait juste se racheter en me proposant cette virée. Bien qu'il mettait carrément impossible de penser qu'un homme comme lui puisse avoir des regrets. À vrai dire, il ressemblait plus à une personne dénuée d'émotions. Il ne souriait jamais, à part ses sourires menaçants ou narquois, il avait toujours le visage fermé et une expression dure. Et je me demandais bien s'il était le même avec Gabi et le reste de sa famille.

Après quelques minutes d'hésitation, je me décide enfin intérieurement de céder à cette proposition complètement stupide.

Je ne voulais en aucun cas le contrarier, et surtout pas après cette fois où son visage avait totalement changé, et ses traits s'étaient faits plus sévères. Cette fois-là, lors de mon possible viol.

- Pousse.

Un sourire triomphant orna son visage.

- Tu veux que je t'aide à monter ?

- Toi qui veux m'aider ? La blague du siècle !

- Je veux dire. . .à cause de tes talons.

- Non, je peux me débrouiller seule. Grazie.

C'est vrai que, marcher avec ces escarpins ne me facilite pas du tout la tâche pour grimper sur ce bidule. Mais je ne vais certainement pas accepter son aide. Le monstre étant déjà installé, j'arrive derrière lui et l'arrête les épaules pour pouvoir monter sur son petit bijou ou plutôt sur Kintil.

Non mais qui donne encore des surnoms à ses objets de nos jours ?

Le monstre Rivera apparemment.

Je soutiens fermement ses épaules, et je crois ressentir que son corps s'est crispé. Mais c'est sûrement mon imagination. Sûrement.

Et une fois installée derrière ce dos musclé, le monstre fît déjà ronronner les moteurs de cette moto d'un noir inquiétant.

- Accroche-toi à moi. M'ordonne-t-il.

- Mais il n'y a pas de casque ou. . .ou quelque chose du genre ?

- Non ma belle, on va faire une virée avec le vent dans les yeux. Maintenant tu t'accroches à moi si tu ne veux pas tomber.

- Ça t'arrive de temps en temps de ne pas donner d'ordres ?

- Impossible. Allez, accroche-toi et cesse de parler, tu me fais mal aux oreilles.

Un peu hésitante et tremblante, je fîs ce qu'il me demandait de faire. J'enroule lentement mes deux bras autour de sa taille, et là encore, je sentis son corps se crisper. Ce n'était donc pas mon imagination, monsieur était tendu.

Lol.

Et à peine eus-je encerclé sa taille de mes mains que le monstre démarra en vitesse vers le grand portail. Ce qui me fît le serrer assez fort sinon je risquais de tomber au sol. Nous traversâmes le grand portail, et il accéléra alors sur la route déserte.

Pitié que je ne regrette pas cette décision.

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