Chapitre 019

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Elisabeth


10h


Il a essayé de poser ses salles pattes sur moi. . .

- Elisabeth tu m'écoutes ?

Je tourne légèrement ma tête vers ma meilleure amie qui ne faisait que, depuis des heures, me raconter comment elle était excitée à l'idée de me montrer la robe qu'elle avait fini de coudre. Celle du grand styliste célèbre là, Roberto Capucci.

Mais dire que je l'écoutais, serait mentir.

- Oui je t'écoute. Dis-je vaguement. Donc tu as reproduis cette robe qui était un modèle unique ?

- Bon, elle n'est pas. . .si parfaite que ça. Grimace-t-elle en tordillant ses doigts. Mais oui, j'ai terminé.

- Je peux la voir ? Allez, dit oui s'il te plaiiiiiit.

- Non.

- Mais pourquoi euille ?

- Parce que tu la verras le jour de mon anniversaire, c'est dans deux semaines.

Ah, j'avais oublié !

Je suis vraiment une mauvaise amie.

- Donc. . .je vais attendre pendant deux semaines pour voir cette robe ?

- Oui.

- Ekie, pourquoi ?

- Parce que c'est toi qui la portera.

- HEIN ?! Q-QUOI ?!!!!!???!

Tellement j'ai crié que je me demandais bien si les voisins ne m'avaient pas entendu.

Je me lève et fais les cent pas dans sa chambre, sous son regard pétillant d'excitation. Alors que je panique à mort.

- Je vais porter ta. . .ta robe ?

- Oui.

- Mais. . .mais-

- Il n'y a pas de mais.

Elle se redresse de son lit pour venir poser ses mains sur mes épaules. M'obligeant à lui faire face, alors qu'elle arborait son plus grand sourire. Essayant sûrement de me convaincre. À vrai dire, je ne savais pas trop si c'était une bonne idée ou pas.

Elle ressemble quand-même au prétentieux.

- Calme-toi Elisa. Inspire et expire.

Je m'exécute.

- Tu auras l'honneur de porter ma première création, ce n'est pas comme si je te demandais de sauter dans un précipice.

- Si je dois porter ta création à ton anniversaire, cela veut dire que je viendrai à ton anniversaire bondé de mondes ? Demande-je soudaine anxieuse.

- Oui.

- Alors tu me demandes clairement de sauter dans un précipice.

Elle me relâche et me dévisage. Regard qui voulait dire qu'elle allait bientôt me sermonner.

- Arrête Elisabeth. Je sais à quel point tu es terrifiée à l'idée de te retrouver entourée de personnes que tu ne connais pas. Et c'est d'ailleurs pourquoi les années précédentes j'acceptais que tu reste ici seule. Depuis que tu es venue vivre avec moi parce que tu fuyais Alfred, pas une seule fois tu as assisté à mes fêtes d'anniversaire.

- Je sais. . .et je suis désolée, mais-

-Non Elisa, non ! Avant je ne voulais pas te forcer parce que je me disais que peut-être tu ne t'étais pas encore remise de tes traumatismes. Mais je crois que près de six ans après ça va non ?

- Je suis. . .j'ai. . .j'ai peur. Souffle-je en fermant mes yeux.

Elle prend tendrement mon visage entre ses mains, et commence à me caresser les joues. De ces yeux si affectueux et compréhensif. Et qu'est-ce que j'aurais aimé encore avoir ma mère avec moi pour qu'elle me rassure comme Gabi le faisait si bien.

- Tu n'as pas à avoir peur, je suis là et je serai avec toi lors de la soirée.

Elle me dirige vers son lit, où nous nous essayons.

J'évitais alors son regard, je ne voulais pas qu'elle lise la détresse dans mes yeux. Je ne voulais pas qu'elle voit à quel point je pouvais me sentir faible, à quel point la terreur avait envahi mes yeux. Ce sentiment atroce que je ressentais à chaque fois que je devais me retrouver enfermé avec des tas de personnes, détruisait ma vie.


À cause de ça, je préférais milles fois rester seule plutôt que de pointer mon nez dehors. Et je crois qu'aujourd'hui, c'est cette habitude-là qui a gâché une vie sociale que je n'ai jamais eu.

Elle enroule doucement sa main droite autour de mes épaules, et ramène ma tête sous son menton. Cette façon qu'elle a de toucher, de caresser délicatement mes cheveux, m'apaise. En même temps que ça me rend si vulnérable. Et je ne voulais pas me sentir vulnérable, mais forte.

- Tu sais, avancer c'est aussi laisser ses peurs derrière soi. Si nous vivions tous dans le passé, qui ferait notre futur ?

Elle prend une grande inspiration et se détache de moi. Elle enfouie son regard bleu perçant au plus profond de moi. Et je sais qu'elle veut mon bien, mais il faudrait bien plus de six ans pour que je puisse totalement reconstruire ma vie.

- Ce que tu as vécu avec Alfred, je ne le souhaite à personne. Mais ce n'est pas la fin du monde. Passe à autre chose, tourne la page et écrit un nouveau chapitre de ta vie. Donc pour commencer, tu feras un premier pas en venant avec moi à ma fête d'anniversaire. Et si pour toi c'est te jetter dans le précipice, mieux vaut se jetter dans un précipice et continuer à vivre, plutôt que de ne faire aucun pas et mourir à petit feu.

- On dirait ma mère. Dis-je en souriant.

- Considère-moi comme ta mère s'il le faut !

Au fond de moi, je savais que cette petite discussion m'avait aidé. Du moins, à remettre de l'ordre dans ma tête. Après tout, avait-elle peut-être raison ? Et s'il était enfin temps de tourner la page et de recommencer un tout nouveau chapitre ?

C'est si facile à dire qu'à faire.

- Alors. . .où aura lieu la fête ?

- Dans la maison d'Armando.

C'est une blague ou quoi ?

Encore celui-là, merde !

Quand j'essaye de pas être le plus proche possible de ce monstre, les dieux se chargent toujours de faire le contraire.

C'est pas croyable.

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