Chapitre 106

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Il a fronçé les sourcils après que j’ai haussé le ton. Et son expression faciale à changer. Il est passé de l’inquiétude à une colère silencieuse. Silencieuse parce que je voyais bien qu’il ne voulait pas péter les plombs et qu’il se retenait beaucoup. Et depuis un certain temps déjà, il se retenait énormément pour moi. Mais cette preuve, je m’en foutais pas mal. Parce qu’une fois la vérité étant sortie, je voulais entendre la suite. Pour savoir à qui j’avais vraiment à faire.

Il s’est poussé et a dévalé ces marches sans se retourner. Il est allé se placé près du portail noir, m’attendant visiblement. Puis, il sortit son portable de sa poche et composa un numéro. Et les minutes qui suivirent, il parlait au téléphone avec je ne sais qui. Mais pas le temps de me demander avec qui, parce que je voulais savoir ce qu’était que toute cette mascarade.

Donc je fis mine que ses paroles ne m’avaient pas atteint en le regardant droit dans les yeux. Alors qu’au plus profond de mon être, quelque chose s’était brisée. Pour la deuxième fois.

— Ton père t’a vendu, je t’ai achété et maintenant tu passes entre les mains d’un autre acheteur. On dirait que toute ta vie se resume à être une marchandise qui se balade de boutique en boutique.

— Au moins comme ça je suis débarrassée de toi.

— Encore heureux ! Et tu veux savoir une chose ? Tu peux être sûre d'un truc, c’est que si j’étais mort ce jour-là, crois-moi quand je te dis que je serais revenu pour hanter tes nuits. Tu peux vivre dans ce pays de merde autant de temps que tu veux, mais un jour tu souffriras. Parce que tu n’es pas comme eux, tu n’as rien en commun avec eux et tu ne les ressembles pas. Et quand ce jour arrivera, je serais le premier à rire.

Ngonda… (Jeune fille)

Mon père.

Alfred est directement retourné dans sa maison en m’offrant un clin d’œil, pour laisser sa place à mon géniteur. Boitant légèrement, il vint se mettre en face de moi, les doigts croisés derrière son dos et le regard aussi dur que de la pierre. Et je ne sais pas si c’est bien ou pas, mais j’avais cette envie atroce de le serrer dans mes bras. Je ne l’avais pas revu depuis des années et la seule chose que je voulais était de le prendre dans mes bras. Oui, il m’a torturé et m’a humilié, moi sa seule fille. Mais malgré tout ce qu’il a bien pû me faire endurer, je ne pouvais pas totalement le détester. Je pensais que je le haissais, mais en le voyant aujourd’hui, je me suis rendue compte que je lui gardais toujours une petite place dans mon cœur. Car qu’il pleuve ou qu’il neige, il reste mon père. Celui grâce à qui j’ai vu le monde de mes yeux, celui qui a fait en sorte que je puisse apprendre quelque chose.

Mais voir ce rejet dans ses yeux, me mit la puce à l’oreille. Il ne pensait pas comme moi. Lui, il me détestait réellement et de tous ses entrailles. Et je ne voulais pas l’admettre, mais je sais qu’il m’a rénié depuis bien longtemps. Beaucoup trop longtemps pour que j’ai mal pour le restant de ma vie. L’impression de ne pas se sentir aimé par son seul parent, vous connaissez ?

— Je ne pensais plus jamais te revoir. Dit-il d’une voix déjà toute raillée. Tu es partie et tu as abandonné ton époux, tu m’as abandonné moi, ton père... Après la morte de ta mère, je me suis dis que je devais te marier au plus vite pour que tu ne finisses pas ta vie seule. Mais que tu l’as construise aux côtés d’un homme, pour que tu puisses fonder ta propre famille.

Il prit une respiration.

— Mais au lieu de ça, tu as préféré me decevoir comme tu le fais d’habitude. Tu es exactement comme ta mère, tu es têtue, égoïste et méprisante. Tu ne respectes personne et préfère prendre des décisions stupides sans penser aux consèquences. Qu’est-ce qui t’es passé par la tête en t’enfuyant comme une voleuse ? Hein ? Tu pensais pouvoir nous impressionner en faisant ta crise de gamine pourrie gâtée ?

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