Chapitre 020

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Je lève les yeux au ciel et Gabi se met à rire. Détendant un peu l'atmosphère.

— Tu ne peux pas le faire ailleurs ?

— Même si je le faisais à Londres, il serait toujours là. C'est mon grand frère.

— Comme tu veux.

Pourquoi la vie est-elle aussi injuste avec moi ?

— Mais tu es bien sûre de toi que tu veux que ce soit moi qui porte ta première grande tenue ? Pas les vêtements que tu me confectionne chaque jour là. . .

— Mais oui ! Qui d'autre alors si ce n'est pas ma meilleure amie ?

— Ta sœur mannequin ?

Pendant un moment, elle me sonda en silence de ses yeux océans. Et voyant que j'étais plus que sérieuse, elle se mit à rire comme une tarée. Et un peu trop fort à mon goût. Sur le coup, je pince ses lèvres pour qu'elle cesse de rigoler, parce que j'en ais plus que marre que les voisins se plaignent toujours autant de la façon dont les rires fusent dans notre suite. Et dans cette position, ses yeux s'arrondissent et ensemble, on éclaté définitivement de rire comme des folles.

— Ce n'est pas parce que Rosalina est mannequin qu'elle doit forcement porter toutes les tenues du monde ! Mais toi ?

— Moi quoi ?

— Tu n'as pas quelque chose à me dire ?

Je secoue la tête en « non ».

— Tu es sûre ?

— Oui, qu'est-ce que tu voudrais que je te dise ?

— Que tu t'es inscrite à un concours d'écriture par exemple ?

Je me tape le front en soupirant.

Mais oui le concours !

Comment avais-je pu oublier de lui en parler ? J'ai vraiment la tête en l'air. Les temps-ci j'ai vraiment la tête ailleurs. Je me perds un peu trop dans mes pensées au point où j'oublie l'essentiel.

— Ahhh ! J'avais oublié de t'en parlerrrrrrr. Mais comment tu as appris pour le concours ?

— J'ai vu une affiche publicitaire dans ta chambre et j'ai déduis le reste. Et comme je sais à quel point tu aimes écrire, c'était plus qu'évident non ?

— Désolée de ne pas te l'avoir dis plutôt. Mais j'avais la tête ailleurs.

Qu'est-ce que je disais ?

— Ça va, pas de problème.

— Tu es la meilleure ! Je peux te poser une question ?

— Oui ?

— Pourquoi tu n'es pas allée voir ta famille aujourd'hui ? Fin, comme chaque jour. . .

— Aujourd'hui il n'y a pas de réunions de famille hyper chiante.

— Donc tu vas rester avec moi toute la journée ?

— Exactement.

— YES ! M'écriai-je heureuse. Mais avant ça, je dois aller de l'autre côté de la ville récupérer ma commande. C'est un plat culturel de mon pays.

— Où ça ?

— Au CMR's Restaurant. J'ai trouvé ce resto sur Maps. La nourriture de mon pays me manque trop.

— Ok. . .Dit-elle soudaine inquiète. Mais tu ne connais pas la ville Elisabeth, qui va t'accompagner ? Je peux si tu veux-

— Non, non, j'ai déjà appelé un taxi. Il va m'accompagner puis me ramener ici saine et sauve.

— D'accord. . .mais soit prudente.

— Promis.

Après lui avoir fais une petite bise sur le front, je prends mon sac à main et mon portable. Retrouvant le taxi devant le hall.
























🔪🔪🔪













Le trajet en taxi fût aussi long que la phrase « je détèste ma vie parce que je suis faible mais me fait passer pour une forte pour ne pas montrer aux gens à quel point je suis vulnérable. »

Oui j'abuse, mais c'est la vérité.

Sur la carte, le restaurant avait l'air si proche, alors qu'en trajet c'est la fatigue assurée. C'est carrément la galère. Je suis là à regarder tous ces bâtiments défiler devant mes yeux et blablabla.

Et dire qu'il fallait souffrir pour se faire plaisir.

Je souffle enfin de satisfaction en voyant que le taxi se gare devant l'entrée. Je descends en lui répétant encore une centième fois de ne pas me laisser ici toute seule et de m'attendre.

En m'avançant devant la porte du resto', je me stoppe net devant celle-ci. Un large sourire se dessine sur mes lèvres quand les odeurs de la nourriture remonte jusqu'à mes narines. Putain, dire que ça faisait des années que je n'avais pas mangé un seul plat de chez nous. À part peut-être les spaguettis, mais ça c'était leur plat traditionnel aux italiens. Pas pour nous. Ma culture, mes origines, les villes de chez moi comme Yaoundé ou Douala, tout me manquait affreusement.

Dieu seul sait à quel point j'aurai tout donné pour retourner d'où je viens, mais malheureusement des personnes feront toujours en sorte que je préfèrerai rester ici. Je fuyais littéralement mon passé et mes tourments. Comme la simple lâche que je suis en réalité. Oui, une lâche.

Plantée devant cette porte fumante, j'observe les écritures qui sont écrites en néon au-dessus de la porte d'entrée : Bienvenue au Cameroun.

Rien que ce petit accueil me fait encore montrer mes dents cachées au plus profond de ma bouche. L'excitation envahit mes entrailles à un haut point que je crus que j'allais m'évanouir. Lorsque je pousse cette porte pour entrer dans le resto', une forte odeur d'Okok frappe mes narines. Me faisant fermer un moment les yeux, rêvant de le manger avec saveur.

Ressaisie-toi Elisabeth !

Je regarde autour de moi, et ma joie triple encore lorsque je vois quelques personnes de couloir de peau noire.
Au moins un endroit dans lequel je ne pouvais pas me sentir exclue. À vrai dire, ce n'est pas que je me sentais exclue quand j'étais entourée que de blancs, mais ce qui me gênait le plus, c'était ces personnes là qui ne cessait de me dévisager comme si j'étais un spécimen rare. Comme si j'étais la seule personne noire au monde. Et ça me mettait franchement mal à l'aise.

Je marche jusqu'au comptoir en rendant leurs sourires aux personnes présentes. Au moins l'accueil est chaleureuse ici. Je souris au serveur noir qui me sourit aussi. Avec son polo rouge sur lequel est marqué CMR's Restaurant et sa casquette rouge, il semble content de son boulot.

— Que puis-je faire pour mademoiselle ?

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