Chapitre 055

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Pendant trois mois j'avais appris à la connaître. Non, j'avais mené des enquêtes sur elle et je savais parfaitement pour qui elle travaillait.

Pour le SWAT.

Mais je voulais qu'elle me le dise de sa propre bouche. Je voulais l'entendre de sa propre bouche et la regarder droit dans les yeux. Mais à chaque fois, elle se taisait. Elle se taisait en pensant sûrement qu'on allait venir la chercher. Alors qu'elle n'avait pas de famille. Ses parents étaient morts dans un accident de voiture et elle n'avait pas de famille. Ni d'amis. Mais ça, elle ignorait que je le savais.

-Dis-moi pour qui tu bosses et je te libère, petite.

-À l'heure actuelle, tu es sûrement recherché par la police.

-Ta naïveté me surprendra toujours autant.

Je me redressai et pris cette même chaise où j'étais assis il y'a quelques minutes. Je la tirai jusqu'en face d'elle et pris place. Je posai mes coudes sur mes genoux et entrai mon regard bleu au plus profond d'elle.

-Tu crois vraiment qu'on va venir te sauver ?

Elle ne répondit pas et continua de me regarder avec ces mêmes yeux vides.

-Tu as été déclarée morte.

-Q-quoi ?

Elle souleva machinalement la tête en plissant le front. Un voile d'inquiétude et d'incomprehenssion avait alors remplacé ce vide dans son regard. Et à l'heure actuelle, elle me faisait vraiment pitié cette petite. Elle qui continuait à se battre et à espérer alors que personne n'était à sa recherche.

-J'ai vérifié et l'agence pour laquelle tu travailles t'a déclaré comme morte il y'a deux mois.

-Mais...mais c'est impossible. Je...je ne t'ai même pas dit pour quelle agence je bossais.

Je soufflai d'exaspération. Décidément, elle doutait de l'homme qui était en face d'elle. Et cette pensée me serra le cœur.

-Tu crois vraiment que je n'allais pas apprendre que tu travailles pour le SWAT ? Demandai-je froidement. J'ai la tête d'un débutant ? Non mais tu crois que je suis qui au juste petite ?

-Je...je...mais comment ?

-Ils ont cessé les recherches au bout d'un mois. Et pour eux, tu es morte.

-Je ne te crois pas.

-Tu veux des preuves ? Lève-toi.

-Quoi ?

-Lève ton petit cul bordel !

Elle obéit en se levant lentement. Sans me contrôler, je lui pris le poignet droit et l'entraina hors de cette pièce sombre. Elle se laissa guider par moi et nous traversâmes le couloir sombre des salles de torture. Je remontai les marches avec elle de derrière, et longeons l'allée jusqu'à l'étage. Je poussai une porte noire et Gérard, le chargé de sécurité de chez moi, se retourna vers nous.

Homme de la trentaine et aux cheveux bouclés noirs, ce père de famille était l'une des rares personnes sur lesquelles je pouvais compter.

-Gérard, affiche les rapports d'il y'a deux mois du SWAT sur le grand écran. Ordonnai-je. Tout de suite.

Il tapa quelques touches sur son clavier et une affiche apparût sur son écran. Sans lâcher la main frêle de ma petite prisonnière, je l'entrenai et la fis voir les derniers rapports de l'agence pour laquelle elle bosse.

Un formulaire avec sa carte photo apparaissait sur l'écran. Ainsi qu'une déclaration officielle de décès.

Je tournai le regard vers la femme à mes côtés et remarquai que ses yeux commencèrent à briller. Elle voulait pleurer mais elle se retenait. La voir ainsi me serra le cœur, car je ne voulais qu'elle soit triste. Non mais à quoi s'attendait-elle de la part de son agence alors qu'elle avait disparu depuis trois mois ?

Pendant ces trois mois où j'avais appris à la connaître. Pendant ces trois mois où il nous arrivait d'avoir des conversations un peu plus normales. Bien qu'elle soit toujours très distante. Alors la voir ainsi dans cet état m'étais insupportable. Parce qu'en une certaine manière, elle avait occupé une grande place dans mon cœur.

Je lui pris par la main et la fis sortir de cette salle. Je l'emmenai jusqu'à ma chambre et la fis doucement s'asseoir sur mon lit. Ses yeux verts fixaient le sol, donc je m'accroupis en face d'elle. Je soulevai son menton pour la forcer à me regarder, dans un geste tendre qui me surprit moi-même. Elle plongea son regard d'un vert profond dans mes yeux océans.

-Ils...ils croient tous que je suis morte... Souffla-t-elle en laissant échapper une larme.

De mon pouce, je l'essuyai.

-Mais tu es bien en vie... Répondis-je calmement en caressant sa joue.

-À quoi bon rester en vie si...si je n'ai personne ?

-Tu m'as moi.

-Toi ?

Elle leva brusquement et je me redressai aussi. Son regard étant passé de la tristesse à une colère noire, elle me poussa le torse pour se défouler. Donc je la laissai faire.

-Toi ? Répéta-t-elle durement. Tu n'es personne pour moi. Tu n'es qu'un criminel !

-Un criminel qui ne t'a pas encore tué. Rétorquai-je froidement.

-Et pour combien de temps ? Hein ? Pour combien de temps ?

-Aussi longtemps qu'il le faudra. Sors.

-Quoi ?

-SORS !

-Attends, attends... C'est ma chambre et non la tienne.

-Alors c'est moi qui m'en vais.

Elle passa près de moi, mais je la retins par le bras. Elle fit volte face et se libera d'un coup sec de mon emprise. Ce même regard de haine planté en moi.

-Ne me touche plus jamais.

-Et je peux savoir où tu comptes aller ? Ici c'est chez moi.

-Mais libère moi bordel ?

-Pour que tu ailles me dénoncer chez tes amis du SWAT ? Jamais !

-Mais qu'est-ce que tu veux de moi ?

-Que tu la ferme. Que tu te repose et que tu profites encore de ce petit calme. Parce que demain on dîne avec ma famille.

Elle écarquilla les yeux, stupéfaite. Comme moi d'ailleurs.

-Je ne veux pas.

-Ce n'est pas comme si c'était une question petite. C'est une obligation.

Elle se mit à rire cyniquement.

-Alors tu vas me forcer à rencontrer ta famille de mafieux ?

-Pense et dit ce que tu veux. Mais demain, je te présenterais à ma famille comme étant ma compagne.

Mais c'est quoi mon délire ?

-Mais-

-Et après trois mois à vivre ensemble, je pense que tu n'as plus ton mot à dire.

Et je sortis sans jetter un coup d'œil en arrière en prenant bien soin de refermer la porte à clé. Elle pouvait bien se mettre en colère ou je ne sais quoi, mais si je dis une chose, elle le fait. Tout simplement parce qu'elle n'a pas le choix et qu'elle est totalement à ma mercie cette petite.

Cette petite...

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