Chapitre 105

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Et lorsque ses yeux croisèrent les miens, je pû y lire une animosité dans ses iris sombres. Du mépris, mais aussi de la colère. De la colère pour ce que je lui avais fais il y’a des années de cela. Et je sais qu’il se retient énormément pour ne pas me fracasser là tout de suite. Et c’est fou à quel point il avait grandi. Une barbe et un corps gras, rempli de graisse. Et à ce que je voyais, le temps ne l’avait pas épargné. Mais en même temps, il s’attendait à quoi en consommant autant d’alcool ?

Armando a comprimé mes doigts en me dirigeant vers l’intérieur de cette maison où la plus part de meubles sont en bois. Et lorsque nous longeons cette allée pour le salon, je crus que j’allais m’évanouir. Parce que la personne que je vis, me glaça le sang sur place. Et je relâchai brusquement la main d’Armando, restant planté à l’entrée de ce salon.

Parce que je ne peux plus bouger.

Rien que le fait de voir ses yeux remplis de dégoût sur moi, me crispe sur place. Et je sentis tous mon corps trembler de peur et surtout de honte. Oui, de honte pour ce que j'avais fais il t'a des années en m'échappant comme une voleuse. En fuyant comme une bandite.

Et voir ses yeux parlant plus que sa bouche me brisa le cœur une nouvelle fois.

Voir ses yeux me montrer à quel point je l’avais déçu, me brisa une nouvelle fois.

Voir ses yeux m’enterrer me brisa une nouvelle fois.

Assis sur ce canapé à motifs de panthère, les avant-coudes posés sur ses cuisses et les doigts entrelacés devant lui, la posture contrôlée et l’aura mauvaise, je savais que mon heure était venue. Et que j’allais devoir m’expliquer sur ma fuite. Du moins, que j'allais passer un interrogatoire. Parce qu’il me tue sans utiliser d’armes.

Les yeux de mon père sur moi me tuent.

— C…c’est q-quoi ce bordel ? Ar…mando ?

Il posa ses mains sur mes épaules pour m’inciter à le regarder. Parce que je ne pouvais détourner le regard de celui de mon père. De celui qui ne m’a jamais aimé. De mon géniteur.

— Tu m’as promis de garder ton calme amore, s’il te plaît tiens ta promesse.

— M…mais…

— Tout ira bien, je suis avec toi.

Il posa la paume de sa main sur le bas de mon dos et me guide jusqu’à un canapé libre en face de celui de papa. Du même motif de panthère que les autres. Alfred s’asseoit à la droite de mon père. Et maintenant, il n’y a que cette table basse en bois qui nous sépare. Cette table qui m’éloigne des deux hommes qui ont détruit ma vie.

Armando pose sa main sur ma cuisse dans un geste protecteur. Et les yeux de mon père ont regardé ce geste puis se sont replantés dans les miens. Il n’a pas parlé et je sais que s’il le fait, ce ne sera pas pour me souhaiter la bienvenue. Grand de taille et assez rond, une barbe blanche, des cheveux blancs, des lunettes carrées aux yeux, une chemise bleue marine et un pantalon de la même couleur, des babouches pour hommes ouverts et de couleur noire. Voilà comment est habillé papa. Alors qu’Alfred porte un pantalon jean noire et une chemise rouge sang.

— Nous ne comptons pas durer. Qu’elle signe les papiers du divorce et on s’en ira sans causer de problème.

— Les voici. Indique Alfred en désignant du menton un port documents posé sur la table et un stylo à côté.

Armando prend le port entre ses mains. Et ne plus sentir ses doigts sur moi, me fait subitement me sentir comme une proie sur le point de se faire attaquer par les deux hommes qui la déteste sur cette terre. Et après avoir lu les closes, il prit le stylo qu’il me tendit. Les mains tremblantes, je me saisis de ce bic et osai apportai ma signature sur cette feuille. Sans même la lire. Juste avec l’envie atroce de ne plus être attachée à ce fou furieux.

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