Chapitre 033

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Il roule vite, très vite même. À une vitesse presque suicidaire.

Mais que pense-t-il faire au juste ?

Est-ce donc ça sa petite balade ?

Nous tuer à deux ?

La circulation est libre, ce qui le fait accélérer de plus belle. Doublant les quelques rares véhicules qu'on croisait. Ne manquant pas de se faire insulter par les conducteurs bien-sûr. Le vent frappe mon visage. Cette sensation qui au départ me paraîssait mortelle et stupide, avait maintenant le don de m'apaiser.

Se sentir comme un oiseau qui vole au milieu d'un champ. Le vent qui me rassure, la nuit qui est éclairée par la lune et les champs des oiseaux nocturnes. Tout ceci me rend heureuse et libre.

La liberté.

Ce sentiment que j'aurais voulu connaître il y'a bien longtemps. Ce sentiment que j'aurai voulu experimenter pour moi aussi me sentir bien dans ma peau. Mais malheureusement, je ne l'ai jamais connu.

J'étais une prisonnière.

Et le suis toujours.

Prisonnière de mon idiot de mari, prisonnière des plans de mon père, prisonnière de mes cauchemars.

Mais à présent, je me sentais enfin libre grâce à ce monstre. Même si cela n'était que de courte durée, au moins j'en aurais profité.

Me sentant comme un vrai ange, je ne me rendis pas compte sur le coup que j'avais posé ma tête contre son dos. Un geste qui est étrange car me procure une certaine sécurité. Bien que ce soit avec la personne la plus méprisable du monde.

Je décolle ma joue de son dos pour y poser mon menton et observer le derrière de sa tête. Et là, quelque chose attire mon attention.

Il a un autre tatouage sur la nuque. On aurait dit des écritures en chinois qui longent horizontalement sa nuque. Mais je ne pouvais pas bien distinguer les caractères qui sont écrits car ses cheveux les cachent légèrement.

Donc, le monstre a un tatouage sur le torse et sur la nuque. Aurait-il des tatouages sur d'autres parties de son corps ? Et puis pourquoi je me pose ce genre de questions, cela ne me regarde en rien. Qu'il ait des tatouages sur le dos ou même sur ses fesses, je m'en tape.

Dîtes-moi que je n'ai pas parlé de ses fesses pitié.

Peu à peu, le monstre ralentit pour se garer à l'entrée de ce qui semblait être, un parc. Il m'invite à descendre et j'obeïs. Une fois à terre et lui planté à côté de moi, je scrute d'un oeil suspect les alentours.

Un parc ?

Avec ce décor flippant avec des arbres aux branches tordues un peu partout, des bruits des hiboux, le clair de lune et des sons bizarres qui s'entendent, on aurait dit un lieu pour tourner un film d'horreur. Ou pour un crime parfait et incognito.

Une peur soudaine alerte alors tous mes sens, et je reste là, à me demander où putain nous étions.

- Suis-moi.

Il ne me laisse même pas le temps de me calmer, qu'il s'engouffre déjà dans ce parc sans vie. Je le suis presqu'en courant, parce qu'il marche beaucoup trop vite. Et comme s'il avait lu dans mes pensées, je remarque qu'il commence à ralentir la cadence. Je le suis donc sans un mot, en regardant autour de moi.

Putain qu'est-ce que j'ai peur !

Mais où sommes-nous bordel !?

Et comme si cela ne suffisait pas, mes talons me font un mal de chien. Marcher avec des talons n'est guère facile et encore moins dans les bois. Et c'est le pourquoi je préfère de loin mes bonnes vieilles baskets.

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