Chapitre 058

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Je pris un large sac tissé à la main dans lequel je rangeai un juste-corps noir à l'intérieur. Peu importe à quel point je voulais tourner la page, porter un bikini aujourd'hui était impossible pour moi. Juste, hors de question. Et après tout, ne pouvait-on pas nager avec un juste-corps ?

Comme si je savais nager...

Des lunettes de soleil, un large chapeau de paille et mes paires de babouches, je suis plus que prête pour aller à cette plage de merde. Là où je devais me retrouver avec des centaines personnes, sachant très bien que je ne supporte pas m'entourer de monde.

Je descendis les marches et Armando m'attendait déjà en bas. Une chemise blanche, un short noir, des baskets aux pieds, des lunettes de soleil au nez et ses cheveux lui barrant la vue, il avait tout du parfait italien qui incarne à la perfection le charisme. Et rien qu'à le voir, je déglutis sur place.

Arrivée à sa hauteur, il me prit par la main et moi je me laissai faire. Il m'invita à prendre place dans sa voiture avec toit ouvert, puis s'installai au volant. Il mit les moteurs en marche et sortis de la propriété. Et la seule chose qui me vînt à l'esprit est le fait que je sache qu'on soit au USA, mais pas dans quel ville des USA.
















Armando

Sentir le vent dans mes cheveux me procurait une putain de sensation d'apaisement. Et bien heureux que j'ai pris une voiture avec toit ouvert, sinon je crois que j'aurais probablement étouffé avec cette chaleur matinale. La chaleur en plain 10h ou 11h et j'en passe.

Quelques temps, il m'arrivait de lancer de petits regards en direction de ma passagère. Et à chaque fois, j'avais cette impression qu'elle était ailleurs. Le vent lui balayait ses cheveux bouclés et son regard maron était lointain. Et à ce moment là, j'aurai aimé entrer dans sa tête. Oui, entrer dans son cerveau.

Je veux savoir à quoi elle pense. Je veux savoir où se trouvent ses pensées quand elle n'est pas avec moi. Je veux savoir son passé, son histoire, ce qui a fait d'elle ce qu'elle est devenue aujourd'hui. Je veux la voir sourire à chaque instant, et que ce sourire, ce soit moi qui le lui donne. Je veux qu'elle me dise quelque chose, qu'elle se confie à moi, qu'elle me raconte ces cauchemars qui l'empêche de fermer l'œil la nuit. Je veux savoir...Je veux savoir tant de chose...

Je ne sais pas quand est-ce que mon opinion pour elle est passée d'insolente capricieuse-bien qu'elle le soit toujours-à « je veux tout savoir d'elle ». Et je pense que ce déclic est arrivé ce soir là où j'avais suivis ses cris pour la première fois. Ce soir là chez ma sœur, quand je l'avais vu dans une position de lutte contre ses démons. Ce soir là où elle s'était jetée dans mes bras pour y trouver un certain reconfort.

Et ce soir là, mon opinion pour elle avait totalement changé.Je me trouvais juste avec un petit bout de femme qui ne cherchait qu'à lutter. Qui ne cherchait qu'à survivre et à vivre. Une femme dont l'âme avait été blessée en un tel point que chaque soir elle faisait un mauvais rêve. Une femme qui voulait se prouver à elle-même qu'elle était forte et qu'elle pouvait tout encaisser. Et pour se protéger, elle usait de l'insolence.

Pour se protéger, elle ne baissait jamais le regard en face d'une personne.

Pour se protéger, elle s'isolait dans son coin ou sur son ordinateur portable.

Et je voulais bien savoir ce qu'elle faisait coller à chaque moment sur son oridinateur.

Ma belle...qui est l'ordure qui t'a fait souffrir ?

Qu'est-ce qui t'as rendu ainsi ?

Qui a osé te transformer ainsi ?

Et ta famille...as-tu une famille ?

Dis-moi tout.

S'en même m'en apercevoir, après près de quatre mois ensemble, je me rendai compte qu'elle prenait petit à petit une place très importante pour moi. Dans ma vie. Dans mon cœur. Et cela m'effraye. Ça m'effraye parce que je ne veux pas ressentir une telle chose pour la deuxième fois, et par la suite être dessus.

Je me garai sur le parking et descendis du véhicule. La femme foncée à mes côtés suivit mon geste et vînt se placer devant moi. Et voir tout ce vent balayer ses cheveux sur son visage, me donna l'atroce envie de les retenir, de les tenir entre mes mains vibrantes. De les sentir...

- Et maintenant ? Demanda-t-elle en regardant autour d'elle.

- Toi tu vas te changer, tu profites de la plage et moi je vais bosser.

- Hein quoi ? Tu vas me laisser ici toute seule ?

- J'ai des choses à faire.

- Dans ce cas tu n'avais qu'à me laisser à la propriéte que de me trembaler avec toi... Rétorqua-t-elle lasse.

- Je ne voulais pas que tu te sentes seule !

- Tu crois peut-être que c'est nouveau pour moi ? Non mais je rêve !

Je fronçai les sourcils.

- Tu as l'habitude de te sentir seule ? Demandai-je sérieusement.

- Là n'est pas la question ! Moi qu'est-ce que je vais foutre ici seule, entourée de mannequin à la peau bronzée ?

- Je ne serais pas long.

- Je l'espère parce que moi je ne veux pas rester dans cet endroit une minute de plus. Est-ce que c'est clair ?

- C'est une menace ou un ordre ? Arquai-je un sourcil.

- Prend ce que tu veux, mais je veux me barrer d'ici au plus vite.

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