DARK SIDE

Chapitre 065

Il m'entraîna au milieu de la foule. Nous esquivions des personnes qui marchaient de partout, mais en riant. Et plus nous marchions dans ce silence, plus la gêne ne faisait que monter d'un cran. Il ne disait rien, et moi non plus. Mais ce n'était évidemment pas à moi d'ouvrir ma bouche pour commencer la discussion alors que c'était son idée. Ça non.

Donc lorsqu'il remarqua que je ne comptais dire aucun mot, il se racla la gorge pour prendre d'un ton calme :

- Tu as déjà été dans un parc d'attraction ? Fin...je demande.

- Oui... Soufflai-je. Il y'a...très longtemps.

- Et la dernière fois que tu y es allée, tu...tu avais quel âge ?

- Je rêve ou tu essayes de faire la conversation là ? Riai-je.

- Peut-être.

Il me dirigea près d'un banc vide où nous prîmes place. Continuant de fuir désespérément son regard noir, il continua d'une voix détendue :

- Alors, tu avais quel âge ?

- Mhum...10 ans ? Je sais plus. Hasardai-je.

- Et tu y allais avec ton pè-

- Non, ma mère. Le coupai-je sèchement.

Oh mince, j'avais répondu si spontanément que j'en avais même oublié que nous sommes censés passer une bonne journée. Mais le simple fait d'évoquer mon père me rappelait trop de souvenirs. De mauvais souvenirs.

Donc pour me reprendre de ma bêtise, j'ajoutai d'une voix plus douce :

- Avec elle je ne manquais de rien.

- Parce qu'avec ton père, si ?

Je soufflai bruyamment d'exapération face à son attitude plus que curieuse et impatiente.

- Tu veux vraiment passer un bon moment ou bien...

- Non ça va, continue ma belle...Je...suis...euh...désolé.

Je pivotai ma tête vers lui en un geste complètement théâtral. Car si je ne me trompe pas, c'est bien la première fois qu'il me présente des excuses non ? Ou bien je rêve ?

Mais lui, il semblait subitement gêner, et cette facette de lui m'amusait bien. Car c'était bien la première fois que je le voyais ainsi.

- Désolé ? Mais de quoi ?

- De...d'insister.

- J'hallucine ou tu fuis mon regard ? Riai-je. Armando serait-il mal à l'aise en présence d'une femme ?

- Tais-toi ! Arrête de dire des futilités.

- Ok, ok...

Je lui souriai et je fus strès surprise en voyant qu'il me rendit mon sourire. Et je ne savais pas trop à quoi il jouait, s'il jouait ou pas.

Était-il vraiment gentil ou cherchait-il à paraître plus humain en ma présence ?

Depuis que je le connais, je ne l'ai jamais vu aussi détendue, à croire que nous nous connaissions depuis toujours et qu'il pouvait se lâcher avec moi. Nos premiers jours ensemble, il me paraissait si froid et distant que j'avais pensé qu'il n'avait ni cœur, ni âme. Non seulemenet il avait été audieux avec moi et très bizarre. Donc le voir me sourire aujourd'hui me faisait une petite sensation étrange dans ma poitrine.

Je voulais me dire qu'il est sincère et que ce ne sont aucun de ces sourires faux qu'il affiche quand il est sur le point de commettre une bêtise catastrophique.

Et après avoir appris son métier, j'avais pensé que j'allais avoir peur. Alors que non. Je ne savais pas quel était cette force invisible qui me poussait toujours vers lui. À le suivre malgré tous ses défauts et lacunes.