Chapitre 095

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- Je te mentirais si je te disais que tes paroles ne m'ont pas touché. Parce qu'elles ont bien fait plus que de me toucher, elles m'ont anéanti et m'ont condamné. Et oui, j'ai voulus te détester, du moins, j'ai essayé. Mais je n'ai simplement pas pû parce que même si la terre cesse de tourner, je sais que jamais je ne cesserais de t'aimer.

- Tu es trop...gentille.

- Gentille ? Riai-je. C'est juste que je n'ai pas le cœur à hair une personne. Oui, je déteste Alfred pour tout ce qu'il m'a fait mais avec toi c'est bien différent. Et je ne veux plus d'une vie comme celle que j'avais avant. Je veux me libérer, m'envoler de mes propres ailes. Je ne veux plus vivre dans le passé parce que la vie c'est devant et non derrière. Et j'accepte le fait que tu ne puisses pas m'aimer en retour, mais j'espère qu'un jour tu pourras...euh...essayer, merde.

- Essayer quoi ? Demanda-t-il en arquant un sourcil moqueur.

- De...euh...de m'aimer.

- Tu sais amore, je suis vraiment désolé de t'avoir fait du mal. Je ne le voulais pas mais c'était la seule façon que j'avais trouvé pour t'éloigner de moi. Pour que tu ne sombres pas dans mon monde obscure parce que toi, tu es trop pure pour ça.

- Et pourquoi tu voulais m'éloigner de toi ?

- Pour te protéger. Répondit-il d'une voix étranglée.

- Dis-moi la vérité.

- C'était parce que je ne voulais pas que Mariano te fasse du mal. Bien qu'il ait réussi.

- Armando je veux la vraie raison du pourquoi tu ne veux pas me laisser atteindre ton cœur.

- Je t'ai déjà dis que c'est pour te protéger.

Il détourna un instant les yeux vers le sol. Et cette attitude venant d'un homme me prouva à quel point il pouvait être un si mauvais menteur avec moi. Parce qu'il est hors de question que je crois à ces sottises de protection. Je suis assez grande pour pouvoir me protéger seule je pense. Donc, je posai mon index et mon pouce sur son menton pour qu'il me regarde.

- Regarde-moi Armando.

Ses yeux trouvèrent refuge dans les miens.

- Maintenant dis-moi la vraie raison.

- Tu vas me rendre fou.

- Dis-moi...

Il prononça quelques paroles en italien dont évidemment, je n'en connais aucun mot. Et c'est décidé, je vais me remettre au cours d'italien. Si au moins je ne peux pas être écrivain, il faut bien que je parle la langue locale du pays pour trouver un boulot. Je ne veux pas être une charge pour Gabi et encore moins pour sa famille.

- En fait c'est parce que je...je...j'ai...merde.

- Respire.

- La vérité c'est que j'ai peur.

- P-Peur ?

- Oui.

- Mais de quoi ? De...moi ?

- Voyons ne soit pas idiote. Ria-t-il. J'ai...peur parce que je ne sais plus comment aimer. J'ai tellement fait de mal dans ma vie que l'amour est toujours venu en dernière position. Et depuis que je t'ai rencontré...tout...tout va de travers. Je ne tue plus aussi régulièrement qu'avant, je ne dors plus la nuit et surtout je...je crois...mon cœur il...

- Il ?

- Il pompe vite, vite, vite dès...dès que tu es à...côté de moi.

- Et c'est pour cela que tu bégailles ? Me moquai-je.

- Arrête Elisabeth, j'essaie de me livrer là putain.

- Okay vas-y, continue.

- Et...et la dernière fois que mon cœur a pompé comme ça aussi vite, c'était pour...Olivia.

Ses paroles eurent l'effet d'une bombe sur moi que mon cœur commença à s'accéler dans ma poitrine. Peut-être que pour lui ça n'avait pas d'importance, mais pour moi, ses dires me rejouissaient. Oui ça me réjouissait car peut-être, j'aurais une...chance ?

- Et tu...tu es entrain de...de me dire que tu m'ai-

- Ce n'est pas sortit de ma bouche.

- Mais-

- Et demain on doit se rendre dans ton pays.

Comment il m'avait fait passer de la joie à l'anxiété en l'espace de quelques secondes. Moi qui ne voulait rien avoir avec mon pays, voilà qu'il m'annonçait qu'on allait aller là-bas demain. Et moi que suis-je censée faire ? Juste me taire et le suivre ? Certainement pas, parce que cette décision il l'avait pris sans moi. Sans mon consentement, et ça, je n'aimais pas. Vraiment, je n'aime pas qu'on décide à ma place. Mais ça, il vient de le faire.

Comment pouvait-il me demander de me rendre là-bas, sachant tout ce que j'avais vécu ? Oui, j'aime énormément mon pays et jamais je ne cesserais de l'aimer. C'est le pays qui m'a vu grandir, qui m'a élévé et qui m'a acceuilli. C'est la terre de mes ancêtres et c'est là-bas que toutes mes origines proviennent. Cest dans ce pays que ma mère m'a aimé, m'a éduqué et m'a inculqué toutes ces valeurs. C'est dans ce pays que je me suis senti heureuse en compagnie de la femme qui m'a donné la vie.

Mais c'est aussi dans ce pays que mon père m'a détesté la première fois. C'est dans ce pays qu'on m'a vendu à un incapable et tout ça pour de l'argent. C'est dans ce pays que je n'ai jamais pû me faire d'amis parce que j'étais toujours seule. C'est dans ce pays que j'ai épousé un ogre. C'est dans ce pays que j'ai trouvé mes bleus sur mon corps. J'ai dans ce pays que j'ai servi de tam-tam pendant deux mois. Et c'est surtout dans ce pays que j'ai pleuré toutes les larmes de mon corps.

Et c'est d'ailleurs pour cela que je l'ai quitté.

Parce que là-bas je n'ai plus personne qui m'aime.

Mon père ne veut pas de moi.

La famille de mon père ne veut pas aussi de moi.

Supposons un instant que j'avais pû m'enfuir de ce fou d'Alfred, où est-ce que je serais allée ? Si c'était chez mon père, il m'aurait directement renvoyé chez mon supposé époux. Et j'aurais continué cette même vie de jouet pour l'éternité. Alors, chez qui est-ce que j'allais partir ? Chez personne. Pourquoi ? Parce que toute ma vie, j'ai toujours été seule.

- C-Comment tu peux me dire...une telle chose ?

Je me dégageai de lui et me reculai aussi loin que possible de lui. Il se leva à son tour en se plaçant devant moi, le regard adouci et les mains dans la poche. Mais moi je ne voulais pas de ce regard-là avec moi. Pas après ce qu'il venait de me lancer comme connerie. Je lui fis donc comprendre à travers mes yeux que je suis tout sauf d'accord avec ce qu'il venait de me dire-là.

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