- Il est 7h30, il est l'heure de se réveiller ! annonça mon réveil en ouvrant les rideaux de ma chambre grâce à un mécanisme automatique.
J'avais grogné en rabattant les couvertures sur ma tête, agressée par l'entrée de lumière. L'excitation coulant dans mes veines m'avait empêchée de dormir une bonne partie de la nuit et je regrettais à présent mon marathon Netflix. Je m'étais extirpée des bras de Morphée avec difficulté et c'est à moitié endormie que je rejoignis la salle de bain.
J'en sortis plus réveillée, chantonnant à tue-tête le refrain d'une chanson populaire qui passait souvent à la radio. J'avais beau avoir préparé ma tenue la veille après des semaines de réflexion, maintenant que je la revoyais, elle était soudainement horrible. L'idée de fouiller mon dressing qui faisait une pièce entière ne m'attirait pas trop parce que cela voudrait dire que je devrais ranger après et flemme hein ! Je me rabattis sur un truc basique : un débardeur kaki, un jeans bleu clair déchiré à un genoux et des All-Star noires.
- 8h... Génial, il me reste encore 1h !
Je n'avais pas envie de lutter avec mes cheveux bouclés qui agissaient selon leur volonté, aujourd'hui je ne pouvais pas risquer de me pointer en ressemblant à rien. C'était mon premier jour à Juilliard quand même, l'une des plus prestigieuses école de danse au monde, si pas la plus prestigieuse ! J'appliquai mon gloss habituel, appliquai une couche de mascara et mis rapidement des créoles avant de vérifier le contenu de mon sac, fourrant rapidement mon lunch que j'avais préparé cette nuit entre deux épisodes de Peaky Blinders.
- Clé, sac, veste,... énumérai-je, prête à sortir. Il semblerait que j'ai tout, allons-y alors !
Environ quarante-cinq minutes après être sortie, j'arrivai enfin à destination. Je disais enfin parce que je m'étais perdue dans le métro et que se repérer à New-York était bien plus compliqué que d'où je venais et prendre un Uber était d'aucune utilité ici ! Cela avait beau ne pas être ma première fois dans cette ville pourtant je ne comprenais toujours pas le système, d'habitude, j'étais toujours avec un natif si je prenais le métro !
L'école de danse Juilliard était un immense bâtiment datant du XIXème récemment rénové afin de le rendre plus moderne : on y avait ajouté le chauffage, la climatisation et un réseau wifi !
Une fois à l'intérieur, je tombai sur une immense foule de gens: des danseurs, des musiciens et des comédiens sûrement. Certains seront dans les même cours que moi, d'autres seront mes ennemis, ...
J'avais tellement hâte de faire des rencontres !Je pianotai sur mon téléphone d'une main, un muffin acheté au Starbucks près de chez moi dans l'autre main. J'envoyais des SMS et consultais mes réseaux sociaux quand :
- Bethany ?
Je m'étais retournée d'un bon, découvrant une de mes meilleures amies, Élise un sourire éclatant illuminant son visage tandis que je lui sautais dessus :
- Ça fait tellement longtemps meuf, mate comment t'as changé... Tes cheveux sont toujours rouges ! s'étonna-t-elle en me contemplant après notre longue étreinte. Je suis si heureuse de te voir.
Je soufflai en tirant sur une mèche de mes boucles crépues. J'avais fait une coloration sur un coup de tête après m'être disputée avec ma mère parce que je n'acceptais pas le fait qu'elle choisisse ma coiffure à mon âge. Acte que je regrettais à présent étant donné que la couleur refusait de partir au point que même mes racines poussaient rouges comme si j'avais été la cible d'un mauvais sort !
- Laisse, j'ai tout essayé, rien à faire mais bon, je m'y suis habituée... cela doit faire plusieurs années que j'ai cette tête hein ! Sinon New-York, tu en penses quoi ? En tant qu'étrangère, tu auras sûrement le même avis que moi ! Sommes-nous d'accord pour dire que c'est une ville pleine de gens pressés et crasseux ?
La brune me regarda avec un regard entendu et passa sa main dans ses longs cheveux à la texture similaire aux miens en soupirant :
- Je ne comprends pas Tanisha, son bled est trop suspect ! J'ai beau venir chaque année ici, mon opinion ne changera pas : c'est dégueulasse ! Déjà l'alphabet est différent donc j'ai galéré pour trouver la station métro près de chez moi puis les gens, ils ne voulaient pas m'aider ! Seigneur, c'était un calvaire, j'te dis pas. Me raconta-t-elle. Maintenant, je comprends pourquoi elle ne nous avait jamais laissé seule dans ce zoo !
- Ah ouais, l'alphabet russe, t'es pas encore au point niveau anglais écrit ! compatis-je, un peu dans les nuages.
- C'est comme toi en russe, tu sais le parler mais écrire c'est une autre histoire. Aussi tu vois sur Skype, on mettait tout le temps la caméra donc je n'écrivais quasiment jamais....
Elle n'avait pas terminé sa phrase, interrompue par une fille qui nous colla une claque derrière la tête avant de nous prendre dans ses bras. Instantanément, j'avais lâché un petit "aïe" pendant que la nouvelle arrivante s'exclamait sur un ton qui trahissait toute la joie que contenait son corps athlétique :
- Les meufs, ça fait trop du bien de pouvoir vous serrer dans les bras et de me dire qu'au lieu de se voir 2-3 fois par an parce qu'on vit trop loin l'une de l'autre, on vit dans la même ville maintenant ! En plus de ça, notre rêve est devenu réalité, on est à Juilliard!
Elise, Tanisha et moi ne nous voyions que pendant nos divers camps ou visites, nous ne pouvions pas faire autrement, nous habitions littéralement à l'opposé les unes des autres. Elise vivait à Saint-Pétersbourg en Russie, Tanisha habitait ici, à New-York tandis que moi, Bethany Jenkins, j'étais une citoyenne de la capitale française.
On s'était rencontrées à l'âge de sept ans lors d'un stage à Paris et depuis on était inséparables.- Bonjour à toi aussi. On est aussi heureuses de te voir ! grommelai-je.
- Doucement. râla Elise en se massant le crâne avec délicatesse. Mon gel n'était pas encore sec !
En me détachant de mes amies, je remarquai que beaucoup de personnes nous regardaient. Je ne savais pas si c'était qu'une impression ou une réalité mais cela me mettait mal à l'aise et pas qu'un peu.
- Votre attention s'il vous plaît, que tous les premières années se regroupent ici !
Je m'avançai vers la dame qui venait de monter sur un banc afin crier cette annonce. Elle attendit qu'un troupeau ne se forme devant elle avant de continuer sur un ton plein d'énergie :
- Bien. Je suis votre sous-directrice et je vous souhaite la bienvenue dans notre magnifique école qu'est Juilliard. Avant le spectacle de bienvenue, je me chargerais de vous faire visiter comme ça les couloirs de cet établissement n'auront plus aucun secret pour vous... Suivez-moi !
Deux heures, deux putain d'heures durant lesquelles nous avions ouvert chaque porte du bâtiment : des toilettes aux studios en passant par les vestiaires. On avait absolument tout vu et on connaissait toutes les petites anecdotes plus inutiles les unes que les autres sur cette école ! J'avais tellement marché que mon téléphone m'avait envoyé une notification m'informant que j'avais atteint mon objectif pas du jour !
Après nous nous étions rendus dans l'auditoire où la directrice avait fait un extrêmement incroyablement vraiment très long discours... Trois heures douze sans aucune pause, pour être exacte ! Vers le milieu, Tanisha nous avait tapoté le bras pour chuchoter :
- Les filles, depuis qu'on est là, je fais qu'observeret je viens de remarquer un truc... sur la centaine d'élèves présents dans cette pièce, il n'y a que trois personnes noires de peau.
Je m'étais redressée dans mon siège afin de passer les autres en revue. Je ne vis personne d'autre de noire ou métisse en dehors de nous puis je compris ce qu'elle voulait dire.
- Il n'y a que nous ! me devança Élise d'une voix étranglée.
Fin du chapitre
C'est le tout premier chapitre de mon histoire !
N'hésitez pas à me donner votre avis ainsi qu'à voter.Vous remarquerez que j'ai écrit Juilliard avec un i parce que ce n'est pas l'école qui existe, elle est modifiée. L'endroit est le même mais j'ai modifié tout le reste.
À très vite pour la suite
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Black Ballerina
Spiritual- Comment expliquez vous le fait que vous et vos amis soyez les seules personnes noires ou métisses dans cet établissement ? - Le talent... - Est ce que c'est dur quotidiennement ? - Bien sûr mais lorsque je vois le fruit de nos efforts, je ne peu...