120

1K 93 41
                                    

Bien des mois plus tard

Assise sur un plateau avec mon groupe, j'écoutais les questions que la journaliste nous posais.

- Bethany, comment avez-vous fait pour vous remettre de votre viol en voyant votre violeur tous les jours ?

Je pris un moment pour réfléchir avant de répondre :

- Honnêtement, je ne sais pas ! Je ne dirais pas qu'on se remet d'un viol mais plutôt qu'on apprend à vivre avec. Pour la seconde partie de la question, j'ai simplement arrêté de le considérer.

- Et vous, les garçons étiez-vous au courant ?

- Non.
- Non.
- Partiellement.

Alexander et Keith s'étaient tournés vers Loris avec un regard surpris tandis qu'il avait passé une main derrière sa tête, gêné.

- Je lui ai dit pour mon viol mais je lui avais pas dit qui.

- Ça m'a rendu fou parce que même si je ne connaissais pas Bethany depuis longtemps, je m'étais quand même attaché à elle et ça m'a fait mal d'entendre ça. Je voulais faire payer la personne sauf que je n'aurais jamais cru que c'était quelqu'un de mon cercle proche. Edward était plus un ami qu'un professeur donc j'étais dévasté d'apprendre que c'était lui qui la rendait dans des états pas possible.

- États pas possible ?

- On pouvait marcher dans la rue tranquillement et il suffisait d'un détail pour qu'elle commence une crise de panique. Puis il y avait un moment d'environ dix jours où elle ne sortait pas parce qu'elle avait des flashs sans cesse. On ne se rend pas compte de l'impact que ce genre d'événement a dans la vie d'une personne.

Je frissonai à l'ébauche du souvenir particulièrement douloureux. Je sentis mon cœur se compresser tout comme ma cage thoracique et c'est douloureusement que je demandai.

- Pourrions-nous changer de sujet, cela me rend mal, s'il vous plaît !

- Bien sûr, désolée de vous avoir procurer ce sentiment ! Vos parcours à Juilliard et votre départ de l'école ? Cela n'incluera pas vos professeurs rassurez-vous !

Je hochai la tête avant de remercier un technicien qui m'avait tendu une bouteille d'eau avec un sourire bienveillant.

- Comment expliquez vous le fait que vous et vos amis étiez les seules personnes noires ou métisses dans cet établissement ?

- Le talent... supposa Keith, enfin je ne sais pas.

- En 3 ans, on est passé de trois à six donc je pense que c'est déjà une bonne chose. nota Élise, mais je ne pense pas que cela ait un rapport avec le talent.

- Cela a un rapport avec les clichés. répondit Alexander, les gens pensenr toujours que le ballet est une activité spécialement pour les personnes à la peau blanche. Alors que pas du tout.

- Était-ce que c'est dur quotidiennement ?

- Oui quand même mais lorsque je vois le fruit de nos efforts, je ne peux qu'être fière ! répondit Elise.

- Qu'est ce que Juilliard vous a apporté ?

- Tellement de chose, soufflai-je en passant une main dans mes cheveux bouclés, une famille principalement.

- Juilliard m'a donné un but dans la vie. dit mon mari avec un petit sourire

Keith avait répondu que cela lui avait appris à être fier de ses origines, son ami blond avait hésité un long moment pour au final ne pas choisir entre le respect et le courage. Tanisha avait passé son tour ne sachant quoi répondre tandis que mon amie russe avait répondu que sa réponse serait un mix de toutes les précédentes.

Black BallerinaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant