HOT CHILI - saison 3

S03 - EP 02 △ part III

▼!▼
À L'ATTENTION DE CEUX QUI ONT LU HOT CHILI SUR FICTIONPRESS
▼!▼
La première partie de cet épisode est INÉDITE !! Elle n'existe pas sur d'autres plateformes, car il s'agit d'une très récente mise à jour. Elle sert à éclaircir certains points de l'intrigue, mais surtout à donner plus de consistance au personnage de Dan que j'ai toujours trouvé sous-exploité.

ÉPISODE 62 - (partie 3/5)

Dan se détacha de l'écran de sa tablette lorsque la berline s'arrêta. Déjà arrivé... Le dallage blanc du grand porche nord, que rejoignaient deux rampes pour voitures en forme de Y, se révéla lorsque la portière s'ouvrit. Il sourit au majordome qui avait tenu à l'accueillir.

Humfrey aurait pu s'en décharger sur quelqu'un d'autre. Cela pouvait sembler sans importance, mais Dan l'avait toujours vu comme une marque d'affection. Il avait grandi sous le regard bienveillant de cet homme à qui la famille devait aujourd'hui trente années de bons et loyaux services. On pouvait dire qu'il faisait partie intégrante du manoir Leblanc.

— Bonsoir, Humfrey.

— Bonsoir, Monsieur. Votre vol s'est-il bien passé ?

— Impeccable. Où sont-ils ?

Il exempta l'homme de le débarrasser, il n'était pas chargé. Humfrey se pinça les lèvres, rictus qu'il avait appris à reconnaitre comme réprobateur.

— Avant tout, Madame votre mère a tenu à ce qu'on l'informe de votre arrivée.

Dan retint une grimace.

— Dites-lui que je me débarrasse d'abord des hommes afin de lui consacrer toute ma soirée.

Voilà qui était une sage décision, lut-il sur le visage pourtant stoïque du majordome.

— Vos père et oncle vous attendent dans le petit salon persan. Le dîner sera servi dans une heure, non pas dans la salle à manger mais dans la salle des porcelaines.

Ces précisions étaient nécessaires pour s'y retrouver, dans ce gigantesque manoir où se succédaient salons, loggias, galeries, patios, chambres et antichambres. Exceptés les appartements des uns et des autres, le reste des grandes pièces avait été thématisé en fonction du mobilier, de la tapisserie ou des œuvres d'art constituant la déco. Il en allait de même pour les parcs et jardins.

Avec un peu de chance, Ritchie n'était pas dans le petit salon persan, espéra Dan. Les remarques acerbes de ce vieux décati avaient le chic pour lui couper l'appétit. La perspective d'un dîner de famille ne le réjouissait pas en ce moment. S'il devait essuyer des reproches, il aimait mieux que ce soit au téléphone, plutôt qu'en présence de son oncle ou de son grand-père.

Pourvu que Père retrouve le tact qu'il a égaré dans une de ses nombreuses boites à chaussures. Je ne suis pas d'humeur conciliante, ce soir. Tandis qu'il accédait à la terrasse en rotonde, cerclée de huit colonnes de marbre blanc, la voiture lui sembla soudain un cuirassier protecteur comparé à l'opulence insolente du manoir.

De la terrasse, deux escaliers latéraux permettaient d'accéder au grand salon rococo qui avait vue sur le parc des essences exotiques. Il était certain d'y trouver sa mère, mais là n'était point sa destination. Son regard se perdit une minute dans la contemplation du plan de verdure qui prolongeait la bâtisse vers l'ouest. Il tenta de puiser de l'énergie dans l'inflorescence pourpre d'un taillis de fuchsias, dont les sépales brillaient à la lueur du couchant.

Son domicile familial était un palace. S'il y était le bienvenu, il ne s'y sentait plus trop chez lui depuis qu'il savait voler de ses propres ailes. Sans doute l'effet « Ritchie Leblanc ». Son grand-père savait mettre les gens mal à l'aise en se cachant derrière son âge avancé et son illustre statut de patriarche. C'est cela, Dan. Continue de te mentir à toi-même. Ritchie pouvait mimer la sénilité, mais il ne connaissait pas octogénaire plus alerte que ce vieil homme.