ÉPISODE 76 - (partie 4/4)
Irrité au possible, Allen se fit escorter jusque dans le Palazzio. La présence de l'agent de sûreté à sa table ne servait qu'à sauver les apparences. Un tête à tête trop intime aurait suscité un nouveau genre de polémique, et il en avait déjà soupé de l'actuelle.
Ce foutu rendez-vous devenait une nécessité pour éprouver les convictions de Dean Leblanc. Il devait savoir quel était le prix de cet homme ou sous quelles conditions il négocierait. Seraient-elles d'ordre financier, matériel, moral, nature ou symbolique ? Embrassait-il seulement une vengeance ou avait-il d'autres motivations ?
S'il n'obtenait aucun résultat exploitable, Allen prendrait le pari de porter plainte comme Dan l'incitait à le faire. L'occasion serait parfaite de profiter que Red soit occupé par ses travaux d'intérêt général, pour acculer Dean en justice. D'ici là, il se pouvait qu'ils atteignent l'échéance pour la prescription. Novembre n'était plus qu'à un trimestre. Bien géré, le temps passait vite.
Quant à Wassup'Mag®, les Leblanc s'en chargeraient. Probablement. Ça l'agaçait que ce tabloïd soit celui sur lequel ses sponsors n'avaient que peu d'emprise. En tant que MIP et première fortune nationale, Torcy ne tremblait pas devant l'Empire. Ceci dit, à supposer que ç'ait été le cas, le clan Leblanc ne disposait d'aucun moyen de pression sur lui, pour qu'il détourne ses médias de « l'affaire Sloan ».
Un homme vint à sa rencontre. Son garde du corps identifia son rendez-vous et lui lança un regard hésitant. L'agent Jones se souvenait encore de la manière dont cet individu avait envoyé au tapis l'un de ses subordonnés, tout en maitrisant une furie. Il savait à présent qu'il s'agissait du frère de celui à qui il rendait son rapport sur les déplacements de son client.
Jones sut que la fouille au corps était la dernière chose à faire, s'il tenait à son job. Il se mit en retrait et libéra le passage à Dean Leblanc. Ce dernier pénétra dans la semi-alcôve où se trouvait leur table. Il s'installa avec une élégance toute aristocrate et sourit à son vis-à-vis. Un sourire qu'on aurait juré chaleureux.
— Bonjour, Allen. Comment vas-tu ?
Encore cette familiarité arrogante...
— Bonjour, Dean. C'est curieux de voir votre visage affiché partout et de ne vous rencontrer que maintenant.
— Il n'y a rien de curieux. De nombreuses personnes côtoient des affiches d'égérie sans jamais rencontrer un seul mannequin de leur vie.
Allen s'adossa contre sa chaise. Ils allaient donc la jouer ainsi : ingénuité versus complaisance. Soit. Le but du jeu restait de ne pas se faire avoir par l'autre. Seulement, il savait son adversaire d'une autre trempe. Le genre à jouer avec la presse comme d'une carte bluff dans un jeu de poker. Dean avait les atouts pour, aussi bien physiques que relationnels.
Qui aurait cru que le visage d'une gamme shampooing et aftershave serait le cerveau derrière ce délire médiatique ? Contrairement aux autres Leblanc, très portés sur la discrétion et chatouilleux à l'idée d'être amalgamés aux peoples, celui-ci se servait de son image et côtoyait la Jet-set bling bling. Définitivement la brebis galeuse.
Sauf que l'on voyait cela comme un défaut, alors qu'il s'agissait d'une arme redoutable. Allen ne comprenait pas pourquoi, ni comment, personne au sein de cette famille ne réalisait le capital « danger » de cet individu. Peut-être parce qu'ils se sont pas ses ennemis.
Ce type était un stratège qui plaçait avec astuce ses pions. Ses schémas tactiques semblaient hétéroclites mais en réalité, ils tournaient autour d'un seul axe : les médias. Le point fort et le point faible d'un homme politique en pleine campagne. Il était temps que cesse cette coalition avec Red Kellin.
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HOT CHILI - saison 3
Romance. Il arrive que romance rime avec vengeance. C'est ce qu'apprend Red, lorsque son amour à sens unique pour Dean s'épanouit dans la vendetta. Résolu à ruiner la réputation de Sloan en s'aidant de coups de poing...