S03 - EP 14 △ part II

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ÉPISODE 74 - (partie 2/5)

— Dépêche, p'pa !

— Rudy, on est VIP. Pourquoi devrais-je me presser ? Le propre même du badge VIP est d'éviter que l'on stresse.

Ils n'avaient pas la même notion de VIP, se dit Rudy. Il peinait à refréner son excitation et son impatience quand son père était sous deux de tension. Et ça allait à un live de rock dans cet état d'esprit... Pathétique ! À croire que son père n'avait jamais été « jeune ».

Dean avait tergiversé pour assister au concert de clôture du Beat'ONE Theater. Il régnait un froid tibétain entre Red et lui, et son auriculaire strappé le lui rappelait avec une constance de métronome. Il avait cédé face à l'insistance de son fils, et parce que c'était puéril de snober tout le groupe alors qu'il ne nourrissait des griefs que contre le chanteur. Le souvenir de leur échauffourée lui arracha un grognement de mauvaise humeur. Rudy soupira.

— Les autres sont déjà arrivés. Si ça se trouve, Red est déjà sorti pour discuter avec le public, geignit-il.

— Arrête de te plaindre, tu le vois tout le temps, ton Red !

Rudy pesta davantage quand son père lui ravit les clés de voiture.

— Dans ton état, tu vas me faire des excès de vitesse.

— Vivement que j'aie ma propre bagnole !

Dean lui lança un regard consterné, comprenant qu'il bouderait tout le trajet. Et ça irait à la fac dans quelques mois... Pathétique !

Pour mettre un clap de fin au marathon de lives, les Beat'ONE promettaient de foutre le feu au Sev'n club. Il faisait particulièrement chaud, en ce début du mois de juillet. Les fans dans la fosse allaient perdre des litres d'eau. Mais avant cela, les longues files d'attente étaient au taquet. Les cadreurs de plusieurs chaines télés se faisaient plaisir avec un public très réceptif, qui scandait à tout bout de champ « les Beat'ONE, c'est les meilleurs ! ».

Rudy remarqua Marine à ses grands signes de mains. Il la rejoignit en trottant, faussant compagnie à son père qui le suivit sans se presser.

— C'est maintenant que t'arrives ? hurla-t-elle pour couvrir le bruit de la foule excitée.

— Mon père, grogna Rudy en levant les yeux au ciel.

Si c'était possible, il les aurait levés plus haut en notant l'attitude de Marine qui venait de reconnaitre Dean. Elle n'était pas la seule à béer d'admiration. Quelle idée aussi de venir avec son daron à un concert de rock !

— Où sont les autres ?

— Pipi, lâcha-t-elle, blasée d'être la seule fille. Je garde les places.

Enfin, elle n'était pas la seule fille, mais les autres étaient plus proches du caniche suivant son maître jusqu'aux toilettes que des membres de la gent féminine. L'équipe de basket s'était ramenée avec quelques nanas, majoritairement cheerleaders. Marine avait cessé d'espérer intégrer leur girlband depuis belle lurette.

Dean rejoignit Rudy. Les regards convergèrent dans leur direction.

— Vire de là, p'pa. Va rejoindre la file VIP. Je te retrouve là-bas.

Dean ne prit pas ombrage d'être ainsi congédié. Il avait fait de même avec Dan à l'époque où ils assistaient aux lives de Dius Core. Comparé à son attitude d'alors, Rudy était un parangon de courtoisie. Lui ne s'embarrassait d'aucune forme et crachait un « casse-toi ! » méprisant à son aîné. Ses sous-fifres se retenaient de pouffer. Il fallait être suicidaire pour se moquer d'un Leblanc.

HOT CHILI - saison 3Où les histoires vivent. Découvrez maintenant