HOT CHILI - saison 3

S03 - EP 21 △ part III

ÉPISODE 21 - (partie 3/5)

— Tu aurais dû prendre plus consistant qu'une salade César, pour compenser.

Rudy se dit que rougir vendrait la mèche. Les parents de Rey n'étaient pas obligés de savoir qu'il devait compenser l'effort fourni dans le jacuzzi par un apport plus calorique. Son mec manquait vraiment de tact ! Il sortit la première pensée qui lui passa par la tête.

— Je n'aime pas manger lourd avant d'aller au lit.

— Je doute que tu ailles au lit de sitôt, le soleil est encore visible ! dit Uma. Vous avez du temps pour une balade. Ressers-toi, sinon tu auras une fringale nocturne.

Rudy lui sourit et s'exécuta. Il profita de se retrouver devant le buffet pour calmer son stress. Ça lui faisait bizarre de se dire qu'il partageait un repas avec sa belle-famille... Cette dernière avait essayé de ne pas le mettre mal à l'aise, mais cela rendait l'attention sur lui encore plus pesante. Uma et Marshall allaient vite se rendre compte de l'écart entre lui et leur fils si cultivé. Lorsqu'il revint, il amorça la conversation, histoire de ne pas laisser une mauvaise impression.

— Au fait, vous faites quoi comme métier, Uma ?

— Tu n'es pas au courant ?

Rudy fit non de la tête. Uma servit sa désapprobation à Rey.

— Tu penses bien que ton métier est loin d'être le sujet de nos « conversations », U'man.

Rudy lui fit payer l'emploi des guillemets d'un écrasement d'orteils. Rey parvint à changer sa grimace de douleur en sourire.

— Je suis organisatrice de mariage, dit Uma. Une marieuse professionnelle, si tu veux.

— Elle marie des bourgeois et des peoples, qui divorcent et refont appel à ses services pour leur prochaine union. Le business est florissant, fit Rey, ironique.

— Voyons, mon bébé, cesse de raconter des bêtises à Rudy, l'invectiva-t-elle.

— Il ne dit que la réalité, chérie, intervint Marshall. Tu te fais de l'argent sur le dos de divorcés qui enchainent des mariages comme des contrats free-lance.

Rey sourit à son père. Rudy comprit que si Uma lui donnait du « mon bébé », ce n'était pas pour autant qu'elle avait le soutien dudit bébé. Il semblait que le fils se range préférentiellement du côté de son « Dada ». Drôle de famille !

— Je trouve que c'est un beau métier de marier les gens, dit-il. On travaille pour des gens stressés, c'est sûr, mais qui sont heureux à la fin. Peu nombreux sont les gens déçus du jour de leur mariage, même s'ils se séparent plus tard. Et puis, ce serait triste d'arrêter d'en organiser parce qu'il y en a qui divorcent. Y'en a pour qui ça dure aussi. Ça fait plus de vingt ans que vous êtes mariés. Presque un quart de siècle. Quand Rey m'a parlé de vos vingt-trois ans de mariage, je me suis renseigné. J'ai appris que ce sont les noces de Béryl, et que béryl signifie « cristal de la couleur de l'eau de mer ». C'est beau.

Rey dévisagea Rudy. Essayait-il de se mettre sa belle-mère dans la poche ? Que ce soit calculé ou non, cela fonctionna. Uma apposa sa main contre son cœur, touchée.

— Oh merci. Tu es aussi charmant que ton père.

Marshall dissimula son rire dans une fausse toux. Dean était plus synonyme de rapace que de charme. La discussion bifurqua sur ce dernier et Rudy en fut fort aise. Habituellement, il était un peu complexé car son géniteur était si parfait comparé à lui. Mais tant que Dean accaparait la conversation, quitte à prendre cher pour son matricule, il aurait un sursis. Ce fut l'occasion de grappiller des anecdotes sur l'étudiant Dean. Après tout, il discutait avec son ancien professeur. Il découvrit qu'après quatre ans d'un cursus élitiste plutôt redoutable, son père avait obtenu son diplôme haut la main à vingt ans.