HOT CHILI - saison 3

S03 - EP 07 △ part I

ÉPISODE 67 - (partie 1/4)

Après sa première fois, Rudy eut sa première expérience « confidences sur l'oreiller ». Si elles avaient toutes cette portée musicale sombre, si elles étaient toutes de cette partition sinistre, alors il décrèterait qu'il n'y aurait pas de « confidences sous la couette » dans sa vie de couple.

Et dire qu'il s'était mis en colère contre Rey, s'était énervé face à son silence, alors que ce dernier portait un tel fardeau. Il n'avait rien trouvé de mieux à faire que de l'ennuyer avec son babillage d'ado, alors que le jeune homme luttait contre ses démons. Son air insouciant et ses futilités avaient dû peser sur le cœur de Rey, en plein ballotage dans une tempête sans merci. Il avait encore son père, et Rey perdrait le sien dans un futur proche.

Ses larmes exprimèrent sa frustration, son impuissance face à l'inéluctable. Il était en colère contre cette vie, si chienne parfois, et les embuches semées par le destin. Il pleura de douleur, pour la peine de Rey. De compassion, pour son air bravache alors qu'il lui relatait son calvaire de la semaine dernière.

Il n'y avait pas mauvaise nouvelle pire que celle-ci, pour Rudy. Perdre son père figurait au sommet de sa pyramide des malheurs. À l'idée de comment il se serait senti à la place de Rey, la situation s'aggrava. Il était malheureusement trop empathique avec les gens qu'il chérissait.

Rey fut complètement désemparé en le voyant pleurer à chaudes larmes. Il ne sut quelle attitude adopter. Toutes ses tentatives de consolation se révélèrent infructueuses. C'était les grandes eaux. Alors il comprit le désarroi de ses parents, lorsqu'il était rentré après sa nuit chez Rudy et avait filé dans leur chambre pour sangloter dans les bras de son père. Il avait fallu compter des heures avant qu'il ne se calme.

Saurait-il gérer, à son tour ? C'était un crève-cœur de voir le garçon pleurer autant. Il avait beau le serrer dans ses bras, lui chuchoter des « shh baby boy », rien n'y faisait. Il en vint à regretter de s'être confié. Après tout, il s'agissait d'un secret de la famille Lee-Cooper. Il n'aurait pas dû impliquer Rudy. Son Rudy...

— Pleure pas, bébé...

Lui aussi allait finir par chialer, sinon. Ce serait fin ! Rien ne l'avait préparé à cette effusion, surtout après la parenthèse sensuelle qu'ils avaient vécue. Une chose était sûre : Rudy s'en rappellerait, de sa première fois...

Son petit-ami quitta son étreinte et inversa leur position. Il serra ses bras si fort qu'on aurait dit qu'il voulait l'étouffer. C'était là la force de son réconfort. Au bord des larmes, Rey sourit.

— T'es mignon. C'est toi qui pleures et c'est toi qui me consoles.

— M-mais...

La réaction de Rudy eut un impact certain sur Rey. Il n'aimait pas le voir ainsi. Rudy en pleurs était un spectacle que son cœur refusait d'accepter. C'était une vision douloureuse ; un concept qu'il ne digérait pas. Encore moins en sachant qu'il en était la cause, en quelque sorte. Ce n'était pas la première qu'il avait conscience de chagriner ce garçon. Mais cette fois, c'était celle de trop. Sans doute dans un élan de fierté, il fixa ses résolutions.

Il serait fort. Il ne s'effondrerait plus, pour ne plus inquiéter Rudy. Il lui montrerait qu'il était un battant, il ne se laisserait plus abattre. Il lui prouverait qu'il saurait surmonter cette épreuve. Ce serait ardu, mais il le ferait. C'était l'unique façon de dire à son mec qu'il pouvait être une épaule solide sur laquelle se reposer. Qu'il avait à son tour les capacités de le soutenir, si jamais le malheur frappait à sa porte.

Il ne se laisserait plus aller. Son comportement était celui d'un homme qui portait le deuil de son géniteur alors que ce dernier vivait encore. Combien cette attitude avait dû blesser son père... Or c'était le moment de lui montrer qu'il pourrait partir en paix.