ÉPISODE 67 - (partie 2/4)
Dean tâtonna à l'aveugle pour saisir le smartphone qui dérangeait son dialogue avec Morphée. Il décrocha sans chercher à identifier son correspondant. L'autre ne lui laissa pas le temps de dire « allô ».
— Dean ?
Cette voix... Le fait qu'elle sonne de bonne humeur lui arracha un grognement.
— Andy... Il est tôt... Comment vas-tu ? parvint-il à marmonner de sa bouche pâteuse.
— Je pète le feu !
Parle-moi d'un scoop, pensa Dean, fatigué.
— Le live d'hier agit comme un stimulant en ce moment, expliqua Red.
— OK...
Que pouvait-il dire d'autre ? Les débordements de Red ne présageaient jamais rien de bon.
— Je suis au Sin-Nest. Je t'attends au quatrième terminal.
Dean bondit presque.
— Quoi ?!
Qu'est-ce qu'il disait ! Jamais rien de bon ! Ç'eut le mérite de le rendre un peu plus alerte. Red se trouvait à Nior et l'attendait à l'aéroport. Génial !
— C'est-à-dire que j'ai pris l'avion très tôt ce matin, dit le chanteur d'une petite voix coupable.
— Mais... attends.
Dean s'assit dans son lit. Le réveil le nargua d'un 06 h 42. Il allait tuer cet homme ! Mais étrangement, il n'était pas énervé. Cela le prenait juste au dépourvu. Il le mit sur le compte du manque de sommeil. Le rythme de vie à Nior était différent de celui de Saunes. Quatre heures de route séparaient les deux mégapoles, mais on avait l'impression de se taper un décalage horaire de deux jours !
Dire qu'il avait eu l'intention de dormir encore trois heures de plus... Il réalisa enfin ce qui n'allait pas dans la requête de l'autre empêcheur de pioncer en paix.
— Suis-je obligé de jouer les taxis ? Je te donne l'adresse de l'hôtel.
— Même si je l'ai, je serai dans l'incapacité technique d'y arriver sain et sauf.
— Parle plus clairement ! grogna Dean.
Il avait du mal à connecter ses neurones. Ce n'était pas le moment de parler par ellipse.
— Mon arrivée à Nior circule sur ownet©. Du coup j'ai un comité d'accueil à faire trembler des pierres. Je me suis réfugié dans un café. Encore heureux que personne ne m'ait vu entrer... et que personne ne m'ait reconnu à l'intérieur. Même si je soupçonne la barmaid. Mais je pense qu'elle doit avoir l'habitude des clients célèbres...
— Soit, coupa Dean. Tu es bon pour patienter. (Il soupira.) Tu es pénible, Andy. De si bon matin ! Je ne t'attendais que pour demain, en plus.
— Désolé.
— Si ça roule bien, j'y serai dans trois quarts d'heure.
— Merci.
Dean grommela et toisa son téléphone. On avait des amis que pour son propre malheur ; cela n'avait jamais été aussi véridique. Sa douche fut expéditive, juste de quoi finir de le réveiller. Il embarqua une briquette de jus de fruits pour une dose de sucre et de vitamines. Il revint sur ses pas prendre ses clés de voiture – il ne manquerait plus qu'il se retrouve comme un con dans le parking souterrain à dévisager sa voiture –, et en profita pour prendre son écharpe de laine achetée le lendemain de son arrivée.
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HOT CHILI - saison 3
Romance. Il arrive que romance rime avec vengeance. C'est ce qu'apprend Red, lorsque son amour à sens unique pour Dean s'épanouit dans la vendetta. Résolu à ruiner la réputation de Sloan en s'aidant de coups de poing...