HOT CHILI - saison 3

S03 - EP 22 △ part II

ÉPISODE 82 - (partie 2/5)

Le capital patience de Rudy était au plus bas. L'ayant compris, Rey évita de mettre de l'huile sur le feu durant le trajet jusqu'au point de rendez-vous. Chloé les accueillit sur le parking désert et faiblement éclairé d'une pharmacie, en compagnie d'amis de la même génération qu'elle. Quoique, l'un des deux hommes devait être plus proche de la trentaine. Ce fut l'autre qui siffla en voyant Rudy.

— À qui est cette poulette, Clo ?

— À mon poing dans ta gueule, lança Rudy.

Il était rarement agressif avec les étrangers, mais il n'allait pas épargner ce m'as-tu vu qui se croyait tout permis parce que la nature s'était montrée généreuse à son endroit. Le jeune homme avait de l'allure, dans ses souliers lustrés, son denim carbone et sa chemise blanche aux manches trois quarts et à patte de boutonnage noire. Il sourit, persuadé d'être irrésistible.

— Oh, c'est que ça mord presque.

Chloé le rabroua :

— Ta gueule, Ryan ! Commence pas.

Le dénommé Ryan balaya son commentaire en agitant son chapeau feutre, mais Rey tua sa surenchère en s'adressant à Chloé.

— Qu'il tienne sa langue. Ce ne sera pas avisé de me mettre de mauvaise humeur.

Chloé fut un peu déstabilisée par l'étrangeté de ses iris. Il posait rarement avec ses lentilles fauves. Ryan pouffa, nullement impressionné, et détailla Rudy sans gêne. Il n'était pas le seul. Cependant, l'autre homme avait la décence de départir sa curiosité de concupiscence.

Typé arabe, il avait le cheveu bouclé d'un noir de jais dont quelques mèches lui tombaient devant les yeux en une frange éparse. Ses sourcils drus et ses longs cils donnaient de la profondeur à son regard gris acier. Il semblait apprécier les vêtements près du corps, et les bretelles de son pantalon apportaient une touche dandy à son look.

Rudy remarqua une montre à gousset accrochée par une chainette à une anse de ceinture de son pantalon, lorsqu'il se présenta sous le prénom Samir. À ses côtés, sa copine, Sara, essayait de ne pas dévisager Rudy plus que ne le permettait la politesse. Elle était vêtue à l'identique de Chloé : sac minaudière en croco rouge bordeaux, escarpins velours pailletés open-toes, et petite robe grise en lurex à col Mao, au plus près des courbes.

Rudy jugea intriguant que deux filles arborent le même look et restent copines. Selon Nola, ce genre d'incident relevait de la catastrophe planétaire. Rey et lui n'eurent pas le loisir de se présenter, car Ryan étala à nouveau sa finesse d'esprit.

— Je parie que papa et maman ne sont pas au courant. T'attifer comme ça, c'est un coup à ce qu'ils tombent en syncope, poupée.

— Ryan, siffla Chloé, irritée. Je t'ai prévenu. (Elle le prit par le bras et l'éloigna de quelques pas.) Déconne pas, je suis censée travailler avec. Mon job peut être sur la sellette.

Ryan ne s'embarrassa pas de discrétion en répondant :

— Je préfère encore que tu perdes ton job, plutôt que t'ailles travailler chez ces snobs de Saunes.

— T'es nul, Ryan, lança Sara. Je comprends pas qu'elle reste en bons termes avec toi après les crasses que tu lui as faites. Clo, quand on quitte son mec, on le quitte définitivement. On ne redevient pas son amie au bout de deux semaines ! la sermona-t-elle.

— Je me coltine ce boulet depuis le primaire, j'y peux rien ! soupira Chloé, dépitée.

Si ce type était son ex, pas étonnant que leur relation l'ait lessivée, songèrent Rey et Rudy.