S03 - EP 05 △ part IV

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ÉPISODE 65 - (partie 4/4)

Rey gara sa Porsche dans un crissement de pneus. Il se jeta hors de la voiture sans prendre la peine de refermer la portière. Il était chez lui, mais la villa Lee-Cooper lui sembla soudain étrangère à travers sa vision brouillée de larmes. Rageusement, il épongea cette preuve de faiblesse avec son bracelet éponge. Il aurait donné n'importe quoi pour n'être qu'un simplet à l'heure actuelle. Parce qu'extrapoler tant de choses macabres à partir de ridicules indices était effrayant.

La porte d'entrée claqua. Uma sursauta. Elle compta dans sa tête en retenant sa respiration. Instinctivement, elle savait le nombre de pas qui la séparait de son fils. Nombre qui s'amenuisait inexorablement et beaucoup trop vite. Pourtant, elle n'en eut pas moins le sentiment que l'attente dura une éternité.

Elle se trouvait dans son petit salon, son boudoir. Un lieu de refuge sur le point d'être assailli par son fils, déterminé à la « soumettre à la question ». Rey déboula en tyran. Elle dut rassembler toute sa volonté pour soutenir son regard. Impérieux et accusateur. Il portait bien son prénom. Plus il grandissait, plus son garçon gagnait de cette prestance quasi régalienne. Malheureusement, l'accusation côtoyait tant de désespoir qu'elle sentit fondre le courage qu'elle avait rassemblé depuis le coup de fil fatidique de son époux.

Les yeux de son bébé sapaient sa résolution, mais elle ne devait pas céder. Pas maintenant. Pour une fois, elle serait une mère forte. Une mère soulèverait des rocs pour son rejeton. Une mère braverait tempêtes et marées pour la chair de sa chair. Une mère était capable du pire comme du meilleur pour le sang de son sang. Une mère oubliait les douleurs d'enfantement le jour même de la naissance de son petit, disait-on. Et elle n'irait pas contredire cette « vérité » auprès des profanes. Une mère avait en elle la capacité d'être solide, mais une mère ne supportait pas de voir la douleur de son fils. Une mère ne saurait lui dire qu'il n'aurait bientôt plus de père... Une mère pouvait-elle continuer à mentir à son bébé ?

— Tu savais ?

Uma opina du chef. Nier ne serait plus seulement un mensonge, ce serait cruel. De toute façon, elle l'entendait dans les larmes contenues dans sa voix : Rey ne lui posait pas une question. Il lui disait que dorénavant, il savait lui aussi.

— Tu vas me sortir que c'était pour me protéger, c'est ça ? renifla-t-il.

Uma l'invita avec douceur à s'assoir auprès d'elle.

— Viens là, mon bébé.

— Assez du bébé ! gueula-t-il. (Elle sursauta.) J'exige la vérité. Tout ce que tu sais. N'essaye même pas de me ménager. Je t'en veux déjà de ne m'avoir rien dit, alors n'aggrave pas ton cas !

La lèvre inférieure de sa mère trembla. Elle semblait non seulement désemparée, mais aussi terrifiée. Et à juste titre. Il explosa :

— Tu attendais quoi ? Qu'il crève pour me sortir « oups, j'ai dû omettre de mentionner qu'il était malade » ? (Il hurlait de plus en plus fort.) Quand allais-tu me dire qu'il est en train de crever ?!

— Rey... s'il te plaît...

Les larmes appelaient les larmes. Uma n'avait jamais voulu penser à cette discussion. Elle n'avait jamais tenté de la simuler, de l'imaginer, histoire de savoir quels mots adéquats utiliser. Quelles tournures de phrases feraient moins mal. Il n'y en avait tout simplement pas. Propos édulcorés ou doux, métaphores ou ellipses, n'embellissaient pas la mort. Elle déglutit et essaya de retrouver contenance pour que sa voix ne vacille pas. Ce fut peine perdue.

— Il ne voulait pas te le dire... et je n'arrivais pas à m'y résoudre non plus.

— Alors vous avez décidé de me... de me... de... Bordel !

HOT CHILI - saison 3Où les histoires vivent. Découvrez maintenant