ÉPISODE 28 - (partie 5/5)
En une semaine, les espoirs de Timothy s'étaient envolés. Il tourna dans son lit, peu motivé à en sortir. Les cours commençaient dans une demi-heure. Mais à quoi bon y aller quand l'unique raison de sa présence dans cette fac était inaccessible ?
Rudy avait beau lui tenir compagnie, Rudy ne le regardait pas, ne l'écoutait pas, ne le voyait pas, ne l'entendait pas. Rudy décrochait avec fébrilité quand un appel coupait leur conversation. Rudy s'ennuyait en sa présence parce que « Rey n'a pas encore appelé ; il veut tout de même pas que ce soit moi qui le fasse ? ». Rudy discutait avec lui tout en envoyant des sextos à Rey. Rudy s'intéressait plus à sa montre qu'à lui, parce que « Rey devait m'appeler depuis cinq minutes ; il fait chier ! »
Rudy lui disait de but en blanc « Rey me manque ! » alors qu'ils ne s'étaient pas encore remis de leur hilarité. Rudy minaudait « je t'adore » à son téléphone, tandis qu'ils mangeaient ensemble. Rudy répondait « moi aussi » au « je t'aime » de Rey, parce que Rudy tenait ses conversations avec son petit-ami sur haut-parleur en sa présence.
Timothy maudit Rey. Pour la énième fois, il regretta d'être passé la veille avec des pizzas chez Rudy. Il se serait épargné ce coup de poignard au cœur. Il soupçonnait Rey d'agir de manière délibérée. Cette déclaration était une façon de marquer son territoire. Tout naïf qu'il était, Rudy n'avait rien vu.
Cependant, le jeune homme divorçait avec sa timidité. Plus affirmé dans ses sentiments, il semblait plus mature, et ce Rudy-là faisait chavirer Timothy. S'il s'écoutait, il aurait déjà cédé à la pulsion de lui voler un baiser sans s'embarrasser de son consentement. Plus le garçon lui plaisait, moins il avait envie de le voir pour se préserver. Mais son téléphone en décida autrement. Il décrocha, de mauvaise grâce.
— Salut.
— Salut..., t'as une drôle de voix. Tu vas bien ?
— Je crois que j'ai une migraine. Chuis pas en état d'aller en cours. Je ne pourrais pas venir te chercher, désolé.
Rudy revenu en train, il était de covoiturage cette semaine. Son excuse bidon passa comme une lettre à la poste.
— Oh... T'as appelé le médecin ?
— Je verrai. Si ça se trouve, ça va passer avec un ibuprofène.
— Repose-toi. Je passe te voir après les cours. Je t'apporte le repas. Figure-toi que j'ai un frigo rempli de barquettes de plusieurs plats que m'a concoctés Red.
— Tu as vu marqué crédule quelque part ? grogna Timothy.
— Je te jure que c'est vrai. J'ai de la « bouffe succulente » préparée par la main de Red Kellin en personne. Avec ça, tu seras requinqué en un rien de temps. Bon, je vais y aller. À ce soir.
Timothy dévisagea son téléphone qui se mettait en veille. C'était quoi ce délire ?! Il soupira. Il allait bien physiquement. Émotionnellement, il était au plus bas. Mais Rudy ne pourrait pas le comprendre. Agacé par son spleen, il s'enfouit sous sa couette. Depuis quand avait-il ce blondinet dans la peau ? Lui qui voulait l'éviter, c'était râpé.
Peut-être que s'il jouait le migraineux jusqu'au bout, il pourrait créer une situation ambigüe. Quitte à vraiment gaffer puis s'excuser. Genre embrasser Rudy par erreur et l'imputer à un délire causé par ses mots de tête. Son ami n'était pas rancunier. C'était décidé.
*
— Tu es de bonne humeur, remarqua Mir.
Rudy se réjouissait de voir la réaction de Timothy et Mir lorsqu'il les régalerait avec la cuisine de Red. Cet homme avait des doigts de fée. Il était convaincu que si Red n'évoluait pas dans la musique, il n'aurait eu aucun mal à s'orienter vers la restauration. Ses plats étaient simples, consistants et tellement délicieux qu'il devenait le digne fils de son morfal de père.
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HOT CHILI - saison 3
Romance. Il arrive que romance rime avec vengeance. C'est ce qu'apprend Red, lorsque son amour à sens unique pour Dean s'épanouit dans la vendetta. Résolu à ruiner la réputation de Sloan en s'aidant de coups de poing...