HOT CHILI - saison 3

S03 - EP 25 △ part III

ÉPISODE 85 - (partie 3/3)

Deux heures avant la sentence du juge Layton sur l'affaire Sloan, Rudy quittait son amphi avec soulagement. Les regards insistants, les gloussements et chuchotements auraient eu raison de lui si le discours du prof n'avait pas été intéressant. Il lui semblait que la matière n'était pas incluse dans sa filière, mais pour ce qu'il en savait... Une heureuse découverte, que ce cours d'éthique oscillant entre psychologie et philosophie.

Rudy avait hésité entre deux cursus : communication et sociologie. Pour le premier, il avait été partagé. D'un côté, suivre les pas de Sonia ne le séduisait pas ; de l'autre, « récupérer » la filière de Rey, désormais réorienté en management d'entreprise, le tentait bien. Il avait finalement opté pour le second cursus, intéressé par les sciences humaines. Mais il ignorait où cela le mènerait.

C'était une bonne chose que les cours lui plaisent. Il aurait encore plus apprécié si ses voisins n'avaient pas raconté leur vie de l'heure. Regan avait raison, Torcy Jr ne connaissait pas l'utilité d'un stylo. Rudy pariait qu'il avait son larbin attitré, qui lui refilerait les cours rédigés avec soin. Le danger était de se laisser entrainer par son discours. Et il fallait reconnaitre que ses anecdotes avaient de quoi intriguer sinon captiver. Faire le tri entre les paroles du prof et la voix de ses camarades devenait irritant au bout de quelques minutes. De quoi l'obliger à changer de place le lendemain.

Sorti une demi-heure avant Timothy, Rudy en profita pour remplir les formalités dont il se serait épargné si des abrutis à la scolarité s'étaient rendu compte plus tôt de leur erreur.

— Tu parles d'une fac d'élite quand l'administration emploie des quiches !

C'était une corvée que d'étudier son nouvel emploi du temps, chercher ses nouvelles salles de cours et vérifier s'il avait les bons manuscrits pour les enseignements dirigés. Il en était à ruminer quand quelqu'un le rattrapa dans le hall, quasiment au pas de course.

— Comme ça t'es un Leblanc ?

Rudy dévisagea Torcy Junior. Ce mec était né sangsue ! Un autre garçon l'accompagnait. Métis de type eurasien, ses traits asiatiques se limitaient à ses yeux un peu bridés, dissimulés derrière des lunettes à monture transparente, et sa chevelure de jais rassemblée en queue de cheval. Deux paquets de mèches encadraient son visage à la fois doux et... Rudy songea à « noble ». Il y avait quelque chose d'altier chez le jeune homme. Son maintien ou alors son port de tête. Ils avaient la même taille alors que Torcy Jr les dépassait d'une demi-tête.

— Comment ça se fait qu'on ne te connaisse pas ? insista ce dernier.

— Si tu es en mal d'amis, je veux bien devenir ton ami à condition que tu baisses le son en cours. Sinon, je ne vois pas ce que pourrait faire un singleton comme moi pour ton illustre personne.

— Celle-là, tu ne l'as pas volée, Junior, ricana le métis. Mir Wales, se présenta-t-il. Le lourdingue, c'est notre Torcy Junior Reich-Andriana international. Ne fais pas attention, il souffre du syndrome « je voudrais être khalife à la place du khalife ».

Torcy Jr claqua de la langue. Rudy se retint de pouffer.

— Mir ? demanda-t-il pour être certain d'avoir bien saisi.

— C'est Mira, précisa Torcy Jr, avant d'ajouter, mesquin : mais c'est trop féminin alors il ne l'assume pas.

— C'est un prénom composé, à la base, rectifia Mir. Mi-Ra. C'est du coréen ancien. Mais j'avoue être sceptique face aux explications de Mère. C'est elle la coréenne dans l'affaire. Je crois qu'elle voulait une fille quand je suis né. Elle collectionnait déjà deux garçons avant moi.