HOT CHILI - saison 3

S03 - EP 24 △ part V

ÉPISODE 84 - (partie 5/5)

Red et Dean se regardaient en chiens de faïence. Ils se jaugeaient tels deux cowboys en duel ou deux samouraïs se livrant une bataille de Ki. Yeux dans les yeux, avec dans le regard la fervente détermination d'amener l'adversaire à capituler, ils visualisaient déjà le moment où l'autre soupirerait de plaisir.

Les témoins retinrent leur souffle, portable en main – même Rudy, sans téléphone –, fascinés par la tension palpable qui liait les deux hommes. Ils n'arrivaient cependant pas à lui donner une nature. Combative ? Dominatrice ? Duelliste ? Sexuelle ? Difficile de statuer. C'était un combat d'égo quoi qu'il en soit.

Red avait son deuxième épisode de rêve bleu à sa portée ; la preuve ultime que Dean n'y avait pas définitivement mis fin avec ses baisers après le Bubble-G. Il tenait sa chance d'être habile de la langue, comme le lui avait préconisé Dilan. Il rendrait Dean accro, lui donnerait envie d'en redemander.

Dean avait sa revanche du « j'ai connu mieux » à sa portée ; Red ploierait, il lui apprendrait qui était le boss. Il dominerait la partie, maîtriserait la partition. Red vibrerait comme les cordes d'un piano sous son doigté. Il le ferait chanter comme une lyre, frémir telle une harpe...

Une simple inclinaison viendrait à bout de la distance qui séparait leur bouche. Mais elle leur sembla infinie, leurs lèvres éloignées d'une éternité. La course du temps s'était arrêtée ; la réalité autour, figée. Seul comptait la lumière dans le regard en face. Ambre chaude hypnotique, turquoise aqueuse envoûtante. Feu et Eau. Éléments de changement ; éléments de mort et de vie. Tout l'univers se résumait dans les prunelles de l'autre.

Ils étaient seuls, se suffisaient à eux-mêmes et leur respiration dépendait du souffle de l'autre. L'intimité de leur proximité décida Red. D'une langue tantôt mutine tantôt timide, il goûta la lippe inférieure qu'avait humidifiée Dean.

Ce n'était pas bon, Dean l'impressionnait trop ! Le réalisant, il s'arma de plus d'audace. Mais Dean ne lui laissa pas le temps de s'en servir. Il lui saisit la nuque, une poigne ferme, et pourtant l'attira à lui avec douceur. À leur rencontre, Red se sentit acculé, puis ferma les yeux et s'oublia.

La simple idée du baiser lui avait fait courir le rachis d'une électricité sensuelle. Le vivre l'électrifia tout entier. De la tête aux pieds. Du corps à l'esprit.

Dean inclina la tête et donna un nouvel angle à l'échange. Ses cheveux masquèrent légèrement la vue des autres, mais ils étaient trop captivés pour s'en agacer. Pendant ce temps deux langues s'amusaient, se cherchaient, s'échappaient, se trouvaient. Le baiser avait le goût sucré et un peu alcoolisé du cocktail au martini de Dean. Pour Red, c'était la saveur unique d'une première gorgée d'eau après une traversée du désert. Alors il étancha sa soif. Il emprisonna la nuque de Dean pour mieux se désaltérer à ses lèvres.

Le duel était rude. Le cœur de Dean n'y survivrait pas s'il ne changeait pas de stratégie. Il voulait entendre ce soupir. Il le désirait. S'en languissait presque. Il recula, utilisant le gradient de force pour relâcher la prise de Red, puis repartit à l'assaut. Le temps de penser qu'il y mettait un peu trop d'empressement, et il saisissait le bout de la langue de son partenaire pour la téter. Ce fut le coup de grâce.

Red soupira et se raccrocha à la chemise de Dean. Mais il chavirait, perdait pied. Son entrejambe lança un signal d'alerte. Quand une bouffée du parfum de Dean l'enivra, ce dernier mit fin au baiser.

Seuls les sifflets grivois de la bande de voyeurs, suite au soupir prononcé de sa proie, avaient empêché Dean de plaquer Red contre les coussins et de le chevaucher. Il s'était fait violence pour garder son autre main au sol afin de ne pas l'enfouir sous la chemise de satin de l'autre. L'expiration de Red, essoufflé, mourait contre sa bouche. Il se pencha, lui lécha les lèvres, puis sourit, narquois.