ÉPISODE 85 - (partie 2/3)
Loin des considérations de son fils, la journée de Dean était marquée du sceau du stress, de la tension et de l'irritabilité. Les Parques lui en voulaient, pour avoir fait concorder la rentrée de son fils avec la sentence du juge Layton dans l'affaire Sloan.
Habituellement, il prenait un jour de congé qu'il consacrait à Rudy. Il s'assurait de l'humeur de son fils sur le départ puis vérifiait son état au retour. D'aucuns diraient qu'il couvait son garçon, mais son ange revenait de loin. Cette année, ce privilège lui était refusé de façon ironique. Maintenant qu'il était son propre patron et disposait de son temps à sa guise, le dénouement d'un procès lui retirait toute liberté.
Le jury venait d'entrer dans la salle d'audience. Le juge n'allait plus tarder. À sa gauche, les membres des Beat'ONE se tendirent. Rebecca était absente, Jay avait insisté. Elle avait fait du forcing mais les attendait dans la limousine, garée sur le parking extérieur du palais de justice. Si tout se passait bien, ce serait l'affaire d'une heure voire moins.
Les agents de sécurité étaient statiques, l'œil vigilent. La nonchalance de l'inspecteur Kruger, adossé contre la porte du fond, était trompeuse. L'agent Paloma Neris était assise à la dernière rangée, près de son patron, et se croisait les doigts de stress.
Dans l'aile gauche de la grande salle d'audience, Red, placé entre ses deux avocats, apparaissait plus blasé que le mot. On aurait dit qu'il se faisait chier sévère. Les regards n'éveillaient chez lui aucune réaction. Il observait autour de lui d'un œil éteint. Ses cernes avaient de quoi inquiéter. Il y a deux jours encore il semblait tenir la forme. En quarante-huit heures, sa mine mettait à l'amende une dépression atmosphérique.
Dean paria qu'il n'avait pas du tout dormi. Red devait traverser cette phase d'insomnie où il attendait que son corps cède de fatigue et sombre enfin dans un sommeil réparateur. De temps en temps, il échangeait deux mots avec Graham.
Dilan martyrisait le dossier du siège devant lui. David, qui aurait dû faire acte de présence, avait eu un empêchement de dernière minute. Red avait refusé que ses grands-parents assistent à l'audience malgré leur demande. Il ne voulait rattacher aucun souvenir de Sloan à sa famille. Son frère avait fait fi de ses protestations en voyant directement avec ses avocats.
Excepté le Canal 3, les journalistes s'étaient vu refuser un droit d'accès à la salle. Ils attendaient, massés dans le hall et sur le parvis. Enfin, Sloan, ou Allen Van Der Litz, ou peu importe, occupait l'autre aile. Au début du procès, il avait eu un comité de soutien. Ses pairs, des amis proches, des membres de son équipe électorale. La foule s'était aérée durant la dernière semaine. Aujourd'hui, le peu de monde présent n'était là que par curiosité.
Allen, la tête haute, ne semblait pas contrit ni repentant. Il arborait l'indignité d'une victime d'injustice. Il donnait l'impression d'attendre sa sentence avec stoïcisme, l'air de dire qu'elle ne l'atteindrait pas car il se savait droit en son for intérieur. Il jugeait le déballage médiatique et l'acharnement judiciaire disproportionnés. Ses avocats soutenaient qu'il y avait eu, qu'il y avait, et qu'il y aurait pire que lui.
Le juge entra.
*
La salle d'audience ouvrit ses portes et libéra ses occupants, pris d'assaut par les journalistes. Était bien chanceux qui obtiendrait la première déclaration à chaud de l'un des partis. Les agents de sécurité firent tant bien que mal leur office. Certains journalistes se tournèrent vers l'inspecteur de police et d'autres bombardèrent les Beat'ONE de questions. « Quelle a été la décision du juge ? » restait la plus fréquente.
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HOT CHILI - saison 3
Romance. Il arrive que romance rime avec vengeance. C'est ce qu'apprend Red, lorsque son amour à sens unique pour Dean s'épanouit dans la vendetta. Résolu à ruiner la réputation de Sloan en s'aidant de coups de poing...